Les Chats Persans, un film de Bahman Ghobadi, prix spécial du jury “Un certain regard” à Cannes 2009.
Censuré dans son pays où son dernier film “Half moon” n’a été distribué qu’en DVD au marché noir, Ghobadi a écrit “Les chats persans” avec sa compagne, la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, détenue pendant 100 jours en Iran. Tous les acteurs jouent leur propre rôle dans ce film ou Ghobadi lève le voile sur l’extraordinaire bouillonnement culturel, clandestin car vigoureusement réprimé, de la jeunesse iranienne.
Synopsis : à leur sortie de prison, Negar et Ashkan, deux jeunes musiciens iraniens, décident de monter un groupe underground. Lassés de ne pas pouvoir s’exprimer librement dans leur pays, ils tentent par ailleurs de se procurer clandestinement des papiers pour rejoindre Londres. Ils font la rencontre de Hamed, qui les accompagne dans leurs démarches, et parcourent avec lui Téhéran à la rencontre d’autres musiciens, essayant de les convaincre de quitter le pays avec eux et de monter un grand concert clandestin pour financer leur fuite.
Tourné clandestinement à Téhéran, en 17 jours, ce film résonne comme un écho au cris de la jeunesse iranienne (75% de la population a mois de 25 ans), qui manifeste, crève et crie tous les jours dans les rues de la capitale, et de beaucoup d’autres villes. Qui crève de vivre dans cette République Islamique condamnée à disparaître, qui crève sous ses balles, mais qui crie avec un courage extraordinaire son besoin de liberté.
A la fois manifeste, pamphlet révolutionnaire, documentaire-fiction, ce film, tourné d’après le réalisateur avant le début des manifestations, crie et chante aux sons des guitares pop, rock, et du rap, ce besoin de liberté. Une bande son, une rage qui va vous emporter, comme les jeunes finiront par l’emporter sur ce régime ignoble et assasin.
“J’étais en train de crever, explique Bahman Ghobadi. Je passais mon temps à demander des autorisations que l’on me refusait. Le ministère de la Culture est désormais le fief des militaires. Ils te méprisent, t’insultent, comme un simple soldat. Il faut accepter ces humiliations pour, peut-être, décrocher le droit de réaliser un film qui sera contrôlé et ressemblera à toutes les autres oeuvres que tu as déjà tournées. Leur ambition est de faire de nous des techniciens au service de films de propagande nullissimes”.
Le cinéaste kurde Bahman Ghobadi dresse le portrait poignant de cette jeunesse iranienne en quête de liberté, et montre la répression dont sont victimes les jeunes musiciens de la scène underground téhéranaise.
Certains jeunes, comme les musiciens dans le film, veulent sortir d’Iran, mais temporairement, affirme le réalisateur, pour pratiquer leur art. Pour ne pas laisser leur talent mourir et avec l’espoir qu’à l’étranger ils pourront peser sur le changement. Mais notre souhait est de rentrer en Iran, nous déprimons en exil. L’Iran est ma patrie.
Depuis le tournage du film, ce film est dépassé par les évènements, mais il donne un éclairage sur cette jeunesse éprise de liberté. Aujourd’hui, ce ne sont pas des sanctions qui feront tomber ce régime, ni les déclarations d’Obama et de Sarkozy, de l’Occident, qui comprend toujours avec retard, ou pas du tout, ce qui se passe dans ces pays, c’est la rue, les jeunes iraniens. Alors, soutenons les, médiatisons leur révolte, aidons à dénoncer ce qui se passe en Iran. 2010 sera l’année de la révolution verte, couleur qu’ils portent et brandissent fièrement.
Et allez voir ce film qui ferait disjoncter un mollah. Ca me fait pense à ce que disait, taquin, ironique, le Commandant Massoud alors qu’il lisait un poème “eh toi, le mollah, tu ne comprends rien?!”
Allez voir ce film, drôle, cinglant, triste, rageur, comme la jeunesse iranienne.Deux avis radicalement opposés, le premier un papier de Libé, représentatif de la critique qui a salué ce film, le 2ème un site de résistance, qui met en doute pas mal de choses…