Annoncé par le maxi Sing Sang Sung, nous renvoyant vers les cieux bénis de Moon Safari il y a déjà plus de dix ans, Love 2 laboure peu ou proue le même sillon que ses prédécesseurs. A savoir une électro chic aux forts accents pop et à la douceur légendaire. Plus qu'un aggloméré de qualificatifs une sorte de brillant concept musical, poussant malheureusement parfois à l'ennui à force de lustre et de précision. Pocket Symphony fût, sous certains aspects, l'incarnation de cette lassitude. Si les territoires du duo demeurent globalement les mêmes, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin se sont cependant atteler à les agrémenter de poussées hormonales beaucoup plus frivoles qu'à l'accoutumée, prenant des atours de rock psyché, de space funk ou bien encore de groove funky séminal. En somme, de quoi mettre un peu de piquant à une musique - vous l'aurez compris - jugée trop souvent gentillette et fleur bleue.
De bout en bout raffiné et jubilatoire, Love 2 se partage entre des titres de factures plus classiques - sans pour autant en être moins convaincants - comme "Heaven's light" ou "You can tell it to everybody", dans la lignée directe de Talkie Walkie, et des plages ménageant une place marquée à des influences plus rares chez Air. Le rock "Eat my beat" étale ses guitares éjaculatoires et cabotines tandis que "Missing the light of the day" déroule ses rivières de synthétiseurs 90's et ses voix féminines éthérées. Les arrangements et la production laissent totalement coi et face à tant d'éclat difficile est de se laisser aller à la critique. Les très bons morceaux sont nombreux mais sans hésitation le climax est atteint avec "Tropical disease". Altier avec ses arpèges de piano classique, ses montées cuivrées ronflantes et ses délicates touches de flûtes, le titre s'avère plus que jamais un bijou de composition. Sept minutes de romance à la fois mélancolique et héroïque conclues par un solo de guitare déchirant, et une façon nette de mettre un terme à toute discussion concernant ce nouvel opus. Bluffé, il ne reste plus qu'à courber l'échine devant l'incroyable maîtrise des deux Versaillais. Qui oserait ne pas aimer cette musique ?
En bref : Brillant, sexuel et raffiné, Love 2 vous fera oublier les quelques déceptions ressenties à l'écoute du précédent album de Air. Sans fausse note, un modèle de classe électronique à la française.
A lire aussi : Air - Pocket Symphony (2007) et Air - Live aux Docks des Suds (2007)
"Tropical disease" :
"Sing sang sung" :