Je viens d’écrire tout le mal de ce que je pensais de la politique – surtout sociale - de Nicolas Sarkozy qui n’a même pas honte d’oser parler de fraternité. Que le diable le patafiole ! Il ne mérite que mon plus parfait mépris dont je refuse d’être avare nonobstant Chateaubriand qui recommandait de l’être avare tant il y avait de nécessiteux… C’est précisément parce que l’insane politique économique et sociale de Nicolas Sarkozy fabrique des «nécessiteux» à la pelle que je m’y refuse.
Malgré ses cocoricos déplacés – la France s’en tirerait mieux que les autres pays, dixit Sarko qui ment comme il respire – la reprise n’est sûrement pas «au bout du tunnel»… J’ai si souventes fois entendu cette belle connerie répétée ad nauseam pendant la crise de 1975 à 1985 que cela me fait autant d’effet que la pluie sur les plumes d’un canard.
Je crois bien plutôt les prévisions alarmistes des économistes Jean-Paul Fitoussi et Paul Jorion - qui avait prévu l’éclatement des bulles spéculatives et le krach financier bien avant qu’il ne se produisît ce qui au demeurant était éminemment prévisible pour peu que l’on s’intéressât suffisamment à l’économie… seule la date et l’intensité du phénomène restant des inconnues – qui, de même manière que Daniel Cohen, mettent en garde contre «le grand retour de la bulle spéculative».
Cela n’est nullement fait pour m’étonner, les banques et autres financiers n’ayant aucunement changé de pratiques. Je subodorai bien dès le krach boursier du 11 septembre 2007 qu’elles retomberaient le plus vite possible dans tous les travers qui avaient conduit l’économie réelle à la catastrophe – et sans doute en pire ! - si jamais elles avaient cessé de spéculer… Divers articles me persuadant au fil des mois qu’elles continuaient de la même façon. L’incurie du G20, incapable d’imposer la moindre régulation de manière contraignante étant la cerise sur le gâteau empoisonné.
Empoisonné est le terme qui convient car ce sont précisément les actifs “toxiques” dont 50 % seraient encore cachés dans le bilan des banques qui devraient entraîner – à la mi-2010 – un nouvel éclatement des bulles spéculatives. Et principalement à cause d’un mécanisme semblable aux “morgate subprimes” dont la déconfiture en septembre 2007 est à l’origine de la triple crise financière, économique et sociale qui a ravagé la planète. Paul Jorion en décrit les mécanismes Marianne2 Subprime : la deuxième vague arrive.
Les banques américaines vont retomber dans le “rouge”, vraisemblablement au mitan de l’année 2010. Ce que confirme d’ailleurs un article du Monde datant du 31 décembre 2009 Et si les Américains cessaient de payer leurs crédits immobiliers ?. La raison en est ultra simple. Cette fois, il ne s’agit pas de crédits immobiliers accordés inconsidérément à des emprunteurs qui n’en avaient pas les moyens mais de crédits hypothécaires dits «Pay Option ARM».
Or, ces contrats ont été conclus alors que les prix de l’immobilier étaient au plus haut et la valeur des biens a considérablement décru : «environ un quart des prêts immobiliers américains porte sur des logements dont la valeur est inférieure aux traites restant à rembourser. Pour la moitié de ce quart, soit 5,3 millions de débiteurs, la valeur du bien est, au plus, égale à 80 % de la dette résiduelle. Pour 2,2 millions d’entre eux, elle est inférieure à 50 % du montant restant dû. Le titre de “propriétaire immobilier” convient bien peu à ces emprunteurs-là. Il serait plus juste de les appeler “propriétaires de dettes”…
Or le mécanisme des «Pay Option ARM» tel que le décrit Paul Jorion est particulièrement pervers : «Ces prêts doivent leur nature explosive au fait que les mensualités ne couvrent dans environ 80 % des cas qu’une somme inférieure aux intérêts dus, et que la différence entre ce qui est dû et ce qui est effectivement versé par l’emprunteur est alors ajoutée au montant restant à rembourser, faisant croître celui-ci inexorablement. Quand la somme due atteint 115 % du prêt initialement contracté, l’emprunteur est immolé : son crédit est instantanément converti en un prêt avec amortissement mensuel, ce qui représente de son point de vue un doublement, voire un triplement, de ses mensualités».
Or, nous dit-il «Avec la poursuite de la chute de l’immobilier, le seuil fatidique des 115 % sera franchi en 2008 ou en 2009 » (…) Le résultat ? 27,9 % des prêts «Pay Option ARM» sont désormais «en difficulté», soit que les mensualités n’ont pas été réglées depuis plus de trois mois, soit que le processus de saisie a déjà été engagé. 27,9 % c’est énorme : entre un quart et un tiers des emprunteurs».
Si la situation est bien évidemment catastrophique pour les emprunteurs aux abois, la crise sociale et l’explosion du nombre de chômeurs ou la diminution du niveau des rémunérations n’arrangeant rien, on peut subodorer que celle des banques américaines n’est pas meilleure. Un grand nombre devraient faire faillite en 2010 selon certains observateurs.
Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, et les banques américaines – déjà confrontées à la défection d’une grande partie des emprunteurs - ayant sans nul doute possible “titrisé” les prêts «Pay Option ARM» - comme naguère les subprimes - dans des produits financiers à risque largement distribués dans les établissements financiers du monde entier, l’hypothèse d’un nouveau tsunami ravageant la Planète finance et partant, l’économie réelle, n’est nullement une vue de l’esprit. C’est même le scénario le plus probable.
Le pire est donc devant nous. Depuis le krach du 19 octobre 1987, chaque crise financière – celles-ci étant de plus en plus rapprochées - n’a fait que gagner en intensité. La prochaine explosion des bulles spéculatives et financières, de même qu’un nouvel effondrement du marché immobilier aux Etats-Unis n’y devraient pas déroger : aux abris !
Je ne saurais augurer des conséquences sur le plan économique international non plus que celles que nous connaîtrons en France. Mais il me semble que la situation déjà difficile que nous connaissons ne pourra pas s’améliorer. On se demande bien comment se serait possible, surtout avec la mondialisation des échanges et de la finance. Et l’action de Nicolas Sarkozy n’éloigne que davantage une telle perspective. Ce sera encore une fois au détriment de l’économie réelle et de la population, de la France qui souffre déjà bien trop tout particuliè-rement.
Mon cœur se serre bien évidemment à cette redoutable perspective mais quand bien même allumerais-je force cierges à la Collégiale de Montmorency, je ne pense pas que cela suffirait à conjurer la catastrophe… «Aide-toi et le Ciel t’aidera» dit la sagesse populaire. La solution la plus évidente étant d’être solidaires les uns des autres.
Fraternels et solidaires avec ceux qui nous entourent – famille, ami(e)s, voisin(e)s, collègues, etc - pour partager des moments conviviaux et tout ce qui peut l’être pour moins subir les effets de la crise.
Au-delà de notre petit cercle, se sentir solidaires de tous ceux qui souffrent et luttent pour améliorer leurs conditions d’existence. Ne jamais penser : «cela ne me concerne pas». Ou pire, rendre responsables de nos problèmes ceux qui sont un peu plus chanceux ou d’autres que l’on accusera d’être des assistés. Comment, de surcroît, savoir ce que l’avenir nous réserve ? Nul ne saurait être définitivement à l’abri des accidents de la vie, quels qu’ils fussent. La solidarité nationale est encore le meilleur moyen d’en atténuer les conséquences.
Besoin de solidarité, de partage et d’échange aussi au niveau local. Les réseaux tels les SEL et autres lieux de mise en commun sont d’une nécessité toujours plus grande. L’occasion pour moi de signaler que Désirs d’avenir vient de porter sur les fonts baptismaux une «Plate-forme d’échanges solidaires» qui répondra à une telle ambition. Il faut accorder les discours et les actes : la fraternité en action que vous pourrez lire sur le blog Désir d’avenir du Val d’Oise nous y invite.
Bonne année 2010… Aidons-nous les uns les autres.