Ayant eu la chance de faire une partie de mes études à Rome, je m’intéresse de près à l’histoire italienne et à sa politique actuelle. Malheureusement, ce pays n’ayant apparemment pas les faveurs de l’Education nationale, mes connaissances étaient assez limitées.
Je me rappelle de discussions animées autour de Mussolini avec mes colocataires, précurseur d’une « nouvelle Italie » pour eux (il était profondément anti-clérical), dictateur pour moi. Toutes proportions gardées, je pense que nous aurions le même genre de débats aujourd’hui autour de Berlusconi.
Je continue à considérer ce personnage comme un être abject, sans aucune once d’humanité et ce film ne me fait pas mentir.
Entre images d’archives et reconstitution, on est très vite pris par le pouvoir de ce film. Y apparaît un Mussolini le visage déformé par la haine, grotesque, quasi clownesque si la situation n’était pas si grave. Malgré cela, une femme va l’aimer. Et c’est principalement son histoire qui nous est ici racontée. Plus qu’une saga historique, c’est le parcours universel d’une femme amoureuse que nous suivons.
Ce film est un choc. Et même s’il est un peu difficile d’entrer dedans -les dialogues étant au départ peu nombreux, nous laissant dans une sorte d’hébétude- il ne faut pas le rater. Et si possible, allez le voir en version originale afin que film ne perde pas de sa puissance.
On n’en sort pas indemne.
Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l’histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino – conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien l’Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l’aider à financer le Popolo d’Italia, point de départ du futur parti fasciste,elle vend tous ses biens… Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s’engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu’il est déjà marié avec une autre femme. Ida n’aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d’épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.