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La petite madeleine de Proust, premier Tag de l'année,

Par Mango
La petite madeleine de Proust, premier Tag de l'année,
Avec ce premier TAG de l’année 2010,  gentiment  transmis par soukee ,  je me simplifie la vie car il me permet de ne pas terminer ma lecture actuelle dans la précipitation.  De plus il me semble  du genre facile et nostalgique, tout en restant littéraire!  Juste ce qu’il me faut pour commencer l’année en douceur !
Et pour le plaisir,  place au maître d’abord !
La petite madeleine de Proust, premier Tag de l'année,
 Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ?  Pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.
 Proust - Du côté de chez Swann - A la recherche du temps perdu
1.Quelle odeur, quel parfum, quel fumet déclenche un de vos souvenirs ?
Sans hésiter, le parfum Miss Dior ! Une seconde et ma grande amie adorée de fac qui s’en mettait toujours un soupçon derrière l’oreille me semble présente  là, ici, derrière, devant,  à gauche, à droite,  tout à mes côtés !  J’entends son rire ! Elle  est là,  toujours partante, toujours  vaillante,  si vivante,  si drôle, si jeune, si belle ! Je souris,  j’éprouve la « puissante joie » dont parle Proust mais mon cœur se serre presque aussitôt : c’est loin maintenant tout ça ! Retour au présent !
2. Quel son, quelle mélodie, quel bruit déclenche un de vos souvenirs ?
La sonnerie des cloches d’une église ancienne (parce que j’en connais une des plus  modernes qui me fait grincer les dents), le glas, l’angélus, la grand messe, j’aimais entendre ces appels autrefois. Je ne les entends presque plus jamais et pourtant je suis tout près d’une église encore très fréquentée  !
Le carillon d’un mariage me fait toujours penser au mien, à l’allégresse  ressentie  ce jour-là!  Rien que pour l’entendre à nouveau,  je me remarierai bien tous les jours !
3. Quelle saveur, quel goût déclenche un de vos souvenirs ?
Le fricot, le frichti, le petit rôti de mes grand-mères bretonnes et plus tard lo spezzatino de ma belle-mère italienne. Curieusement, maintenant qu’elles ne sont plus là, je m’escrime en vain à retrouver ce goût qui tient plus à une façon de faire d’ailleurs qu’aux ingrédients eux-mêmes. C’était le plat ordinaire de presque tous les jours, un mélange de morceaux de veau et de légumes  variés, savamment dosés, tournés,  arrosés, surveillés  qui cuisaient toute la matinée au coin du feu, ou sur  feu doux. Un plat mitonné  d’un goût exquis !  Chacune avait sa méthode qu’elle prétendait toujours la meilleure, bien sûr !
4. Quelle matière, quelle surface déclenche un de vos souvenirs ?
Le velours et je ne sais pas pourquoi le caresser me plaît autant !  Pourtant ni rideaux ni fauteuils de velours ne me  reviennent en mémoire,  à moins qu’il ne  s’agisse du très lourd rideau  rouge du  théâtre  de pension où l’on jouait chaque  année  des pièces classiques devant les parents !
5. Quelle image, quelle forme, quel objet déclenche l'un de vos souvenirs ?
Un appareil photo Kodack à ouverture en accordéon, souvenir de mes grands-parents qui en étaient si fiers et qui a disparu de chez moi, un beau jour, je me demande encore comment ! Pincement au cœur assuré si j’en revois un dans un album ou une exposition !
Si  Laurence, Moka, Maribel, BrizeGéraldine,  veulent bien reprendre ce Tag,  je suis sûre  qu’elles auront plein de beaux souvenirs à évoquer !
Merci à Tinusia pour la photo.

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