l'Amour, oui, il faut, si l'on est malin, si l'on a du pif, faire gaffe à soi... L'amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser, un sacré piaf l'amour, ouais, un sacré piaf, et c'est bien en vain qu'on l'appelle s'il lui convient de refuser. Rien n'y fait, prière & supplication, menace, carotte ou bâton : makach bono, pas la peine de s'exiter, à quoi ça sert, à rien, à rien bonhomme, l'un parle bien, l'autre se tait, et c'est l'autre que je préfère, c'est vrai, c'est dans le silence extrême qu'il est là, qu'il se planque, le silence de tous les silences ?
L'Amour, je le vois comme je te vois ma Carmen chérie, il est labyrinthe, il est Minotaure, ses cornes sont de cristal sanglant, il danse sur un lit de rasoirs, il aime dans un drap noir. Il est Minotaure, il est en moi. Il danse sur le grand drap noir. Celui que j'appelle "grand suaire." Un grand et vaste suaire océanique, éverestique...Il n'a rien dit, il n'a rien dit mais il me plaît. L'amour, l'amour, l'amour, l'amour...
L'amour est enfant de Bohème, des Minguettes, du Blanc-Mesnil, de la Benauge, du Mirail, de l'Ousdeb, il traîne ses guêtres dans les bas-fonds les plus profonds, les plus incertains, la loi : connaît pas ! Les potes, la rue, le respect à la mère, c'est tout. C'est beaucoup... il n'a jamais jamais connu de loi, si tu ne m'aimes pas je t'aime, si je t'aime prends garde à toi. Si tu ne m'aimes, si tu ne m'aimes pas je t'aime, mais si je t'aime prends garde à toi. L'amour, l'amour, pourquoi me délectais-je, m'ennivrais-je tant à prononcer ton nom amour amour amour amour, l'amour, l'amour, l'amour que tu croyais surprendre battit de l'aile et s'envola, l'amour est loin, tu peux l'attendre, tu ne l'attends plus, il est là.
Tout autour de toi, vite, vite, il vole vers les plus hautes cimes, il est éblouissant dans ces cieux porteurs de parfaite connaissance, il vient, s'en va, puis il revient, tu crois le tenir, il t'évite, tu crois l'éviter, il te tient. Filet à papillons, filet d'acier pour les grands fauves, filet, filet ; dans l'amour tout est filet et défilé... étroit, perfide. L'amour, l'amour,L'amour, l'amour, l'amour est enfant de Bohème, et d'ailleurs, on l'a déjà dit, pas de frontière, pas de limite, pas de limite à la soif, à la faim qui te tenaille, te plante ses crocs dans le coeur, dans le ciboulot ; il n'a jamais jamais connu de loi, si tu ne m'aimes pas je t'aime, si je t'aime prends garde à toi.
Si tu ne m'aimes, si tu ne m'aimes pas je t'aime, mais si je t'aime prends garde à toi. De toute manière, t'es foutu, c'est trop tard. Il t'a chopé. Faut fuir, putain faut fuir, loin, loin. Loin, putain...Tu ne peux pas, je sais, tu ne peux pas. Tu ne peux pas ?
Alors : meurs !