Gardien : Le miroir magique (Oliveira)Souveraineté, expérience et limpidité des dégagements (fictionnels).
Libero : Tetro (Coppola)Assurance dans les petits espaces, petite tendance à tricoter dans le lyrisme mais rattrapée par son autorité naturelle qui réoriente le jeu vers une inspiration retrouvée.
Défense centrale : Vincere (Bellochio)Hargne contre l’adversité, grande lecture tactique du jeu de l’adversaire.
Couloir gauche : Inland (Tariq Teguia)Couloir droit : Le chant des oiseaux (Albert Serra)Deux explorateurs de territoires plastiques qui savent déjouer le surplace et conjurer avec détermination la menace de l’étroitesse de leurs périmètres pour ouvrir de nouvelles perspectives vers l'avant.
Milieux récupérateurs : Tokyo Sonata (Kurosawa) et Le temps qu’il reste (Suleiman)Temporisation, endurance, sérénité, qualités de base pour une réinvention narrative. Deux films qui croisent le zeitgeist sans avoir besoin de le mimer sociologiquement. C’est qu’il ne sert à rien de lui courir après, il faut le faire venir dans les rets de son propre regard, de sa propre vision du jeu pour mieux le dribbler.
Milieu créateurs : Ce cher mois d’août (Gomes) et Les herbes folles (Resnais)Prises d’élans sans filet, hybridations, improvisations, déconstructions, reconstructions. Une générosité des combinaisons et une vivacité des regards qui aèrent considérablement le jeu.
Attaque : Démineurs (Bigelow) et Inglourious basterds (Tarantino)Nervosité, agressivité, témérité face au danger, mais surtout musicalité du rythme et un sens de la promptitude qui visent au plus net (nonobstant, comme chez tous les attaquants, un soupçon de roublardise et d'opportunisme mais whatever works, les gars) .
Douzième homme (impact player) : The wrestler (Aronofsky)Agressivité, respect des consignes (ou plutôt de son programme de réalisation), donne tout d'emblée dans ses meilleurs quarts d'heure, avec la contrepartie d’avoir un peu de mal à tenir la distance.
Pour mettre de l'ambiance sur le banc (mais rentreront-ils dans le match?) : La bonne compagnie de Wendy et Lucy (Kelly Reichardt) et les Funny people (Judd Apatow), histoire d'entendre fuser des bonnes vannes contre l'ennui.
Hommage à Raymond Domenech avec le reste du banc en bleu pour arriver à une liste des 23 : Irène (Cavalier), Le roi de l’évasion (Guiraudie), Fais-moi plaisir (Moullet), Les beaux gosses (Sattouf), OSS 117 Rio ne répond plus (Hazanavicius).
Pas retenu sur la feuille de match malgré l’indécente pression des supporters : Gran Torino (Eastwood)
Et pour en finir avec les croisement foot et cinéma, la trop fausse bonne idée de l’année : Looking for Eric (Ken Loach)
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Equipe fantôme des films pas vus (ce qui relativise d’emblée ce petit jeu) : Toujours pas vus Ponyo sur la falaise (Miyazaki), Up (Pixar), Panique au village (Patar et Aubier), United red army (Wakamatsu), L'armée du crime (Guédiguian), La danse (Wiseman), Bellamy (Chabrol), Une religieuse portugaise (Green), qui tous ont eu droit à leurs petites citations dans un top ou un autre.
Ces précisions étant faites, continuons à distribuer les accessits :
Meilleur film qu’on s’est abstenu de voir par peur de faire descendre son réalisateur de son piédestal : Harvey Milk (Gus van Sant)
Meilleur cinéaste pour lequel on n’arrive plus à se motiver : Non, mon fils, tu n’iras pas voir le dernier Christophe Honoré.
Meilleur cinéaste qu’on n’arrive plus à suivre : The Soderbergh experience, quatre longs-métrages cette année et pas un seul que j’ai envie de voir.
Film le plus inégal, mais qui promet de nouvelles directions chez un cinéaste qui devenait prévisible : La fille du RER (André Téchiné)
Film le plus insituable (Fiction ? Documentaire ? Tourné quand ?) : Violent days (Lucile Chaufour)
Film le plus sans surprise : Limits of control (Jim Jarmusch)
Film le plus sous-estimé : La ville fantôme (David Koepp), charmante résurrection de la comédie surnaturelle.
Meilleur film que j’étais parti pour adorer et qui m’a trop déçu à l’arrivée : L’étrange histoire de Benjamin Button (David Fincher)
Meilleur film qui m'intriguait beaucoup au départ et dont il ne me reste pas grand-chose à l'arrivée : Les derniers jours du monde (Frères Larrieu)
Meilleur film qui avait tout pour m’excéder a priori et qui m’a bien ému à l’arrivée : Le père de mes enfants (Mia Hansen-Love)
Meilleur film que j'aurais aimé aimer : Bancs publics (Bruno Podalydès)
Meilleurs ( ?) films en petite forme de cinéastes qu’on a tant aimé : Etreintes brisées (Almodovar), Still walking (Kore-Eda), 24 City (Jia Zhang-Ke), Vengeance (Johnnie To).
Plus grand moment de solitude de l’année : Moi seul ronchonnant au milieu d’une salle en pleurs à la fin de Gran Torino.
Meilleure confirmation que j’ai peut-être un cœur de pierre : Oui, bon, Adventureland (Greg Mottola), c’est charmant (littéralement aim-able mais pas ador-able), mais de là à hurler au chef d’œuvre… (la dernière demi-heure est tout de même tout ce qu’il y a de prévisible, non ?)
Meilleur film que toute la critique aime sauf moi : 35 rhums (Claire Denis)
Meilleur film que tout le monde aime mais moi, mouaif : District 9 (Neil Blomkamp)
Meilleurs films que tout le monde aime et moi, ça m’embête pas de trouver ça pas mal même si c’est sûr, ça ne va pas très loin : Very bad trip (Todd Philipps) et In the loop (Armando Iannuci)
Meilleur film que personne (ou presque) n’aime sauf moi : Kinatay (Brillante Mendoza) et à un degré bien moindre Import/Export (Ulrich Seidl)
Meilleur film pour s’engueuler : Hadewijch (Bruno Dumont)
Meilleur film pour douter : A l'aventure de Jean-Claude Brisseau (s'agit-il d'un précis de sagesse érotomane ou de la meilleure résurrection du téléfilm coquin de M6, avec des coupures philo à la place des coupures pub ?)
Meilleur film pour se réconcilier : Irène (Alain Cavalier)
Meilleure résurrection de la série B (réinvestir un décor, durée ramassée, sens de l’ellipse qui n’exclut pas le plaisir de la digression) dans le film social français : Adieu Gary (Nassim Amaouche)
Meilleure caricature sympathique des années 60 : Good morning england (Richard Curtis)
Plus pénible caricature de la pseudo avant-garde des années 70 : Canine (Yorgos Lanthimos)
Meilleurs hommages aux années 80 : The wrestler (Mickey Rourke, jeux vidéos Atari et le catch, c’est un peu autre chose que Jackass sur MTV les petits gars !) ex-æquo avecThe pleasure of being robbed des frères Safdie (ou le plaisir de se retrouver en 1984, l’époque où le cinéma indépendant américain paraissait un continent si innocent).
Meilleur hommage aux années 90 : Les beaux gosses (jeux de rôles et Crados)
Meilleur hommage aux années 00 : Démineurs (ambiguïtés images réelles et virtuelles ; chaînon manquant entre série B et série télé ; adaptation de jeu vidéo qui n’existe pas encore).
Meilleur film dont on rigolera dans les années 10 : Considérant qu’il sera plus prudent d’attendre les années 20 pour se gausser sans risque d’Avatar, considérant par ailleurs qu’Antichrist est hors concours, remercions, histoire de nous faire encore quelques amis, Richard Kelly pour son indigeste Box.
Meilleur film que je rêvais de voir depuis des années et enfin, c’est fait : Médée (Lars von Trier 1982)
Plus belles pépites inconnues, (presque) invisibles découvertes cette année et dont il faudra que je parle un jour : Deux filles au tapis (Robert Aldrich 1981) et Dazed and Confused (Richard Linklater 1993).
Film le plus tranchant à l’image mais au propos assez attendu au fond : Public Enemies (Michael Mann)
Film le plus flou à l’image (à moins que ce ne soit la projection), au propos net mais aussi assez attendu : Les chats persans (Bahman Ghobadi)
Film le plus éteint à l’image comme au propos (nonobstant le très beau dernier plan) : 36 vues du Pic Saint-Loup (Jacques Rivette)
Ex-idoles de l’année : S’ennuie-t-on tellement à New York ? N’est-on jamais fatigué des « bons Américains » vieux-continentophiles ? Mon premier est un ancien combattant du punk qui a trop bon goût, filme ses vacances culturelles en Espagne avec ses amis cool. Mon second est tellement idolâtré chez nous qu’il en bâcle son retour à Manhattan, trop pressé de venir déjeuner à l’Elysée et de recruter la première dame pour son casting (certes, nous n'avons jamais vu de mauvais acteur chez lui mais ce geste sous-warholien est-il vraiment indispensable ?). Jim J. et Woody A., un peu de décence s’il vous plaît, reprenez-vous et débranchez vos pilotes automatiques, please.
Concept critique de l’année : "La clitorisation de Madame Bovary dans l’œuvre de Ben Stiller", concept élaboré en commun et trop long à expliquer (mais cet article lève un peu le mystère).
Critique de l’année : celle-là qu'on croirait écrite par Charles Bovary, soit l'exact opposé de la fraîcheur du concept précédent.
Meilleur documentaire sur des acteurs : Funny people (Judd Apatow)
Meilleur documentaire sur une actrice et des non-acteurs : L’idiot (Pierre Léon)
Meilleur documentaire sur une chanteuse et des musiciens : Ne change rien (Pedro Costa) - sortie le 27 janvier 2010
Meilleur film qui sera sans doute meilleur en petits morceaux sur Youtube que d’une traite en salle : l'indigeste et démembré Thirst (Park Chan Wook)
Meilleur supplément DVD vu ailleurs que sur un DVD : Ce clip des Fiery Furnaces sur la genèse d’Easy Rider.
Meilleur bande-annonce involontaire : celle-là (trouvée sur le facebook de Riad Sattouf) pour La Famille Wolberg (Axelle Ropert)
Meilleur pilote de série vu au cinéma : Un prophète (Jacques Audiard)
Meilleur skyblog porté au cinéma : J’ai tué ma mère (Xavier Dolan)
Plus beau début : La partie domestique de Max et les maximonstres (Spike Jonze), alors que la suite, la partie véritablement fantastique verse davantage dans l'illustration psychanalytique de cette introduction inventive et enlevée.
Plus belle fin : Pour rester dans les monstres, la cruauté plastique des derniers plans de Barbe bleue (Catherine Breillat), ce qui me rend encore plus amer d'avoir loupé le début.
Meilleur film français tellement du milieu qu’à le considérer, c’est perpétuellement le verre à moitié plein ou à moitié vide : A l’origine (Xavier Gianolli)
Pires films français « de société » dont la vision d’un simple quart d’heure à la télé décourage déjà : Home (YAB) et La journée de la jupe (Jean-Paul Lilienfeld).
Meilleur film vu aux deux-tiers en 2009 et dont je me réserve le troisième tiers avec délice pour 2010 : Les 6 heures de Dieu seul me voit (version interminable) (Bruno Podalydès 1996).
Meilleur film aux deux tiers réussis, au troisième tiers fumeux et au quatrième tiers soporifique : Un Lac (Philippe Grandrieux)
Meilleur film réussi à 5% : Sur les 96 plans-séquences de Visage (Tsaï Ming Liang), c’est bien le diable s’il n’y en a pas trois ou quatre qu’on garde au chaud.
Meilleurs courts-métrages bien plus puissants que quantité de longs : Phantoms of Nabua (Apichatpong Weerasethakul) & Logorama (H5)
Meilleur sujet de court-métrage avec lequel on arrive quand même à faire un long : La fille la plus heureuse du monde (Radu Jude)
Meilleur film auquel on rajouterait, comme chaque année, une bobine : Singularités d’une jeune fille blonde (Oliveira).
Meilleur film qui pourrait durer une heure de moins ou cinq de plus, ce serait la même tambouille : Enter the void (Gaspar Noé)
Meilleure interruption intempestive qu’on aurait aimé voir quelques mois plus tôt :
Eh oui, Kanye, c’était à Cannes, et pas aux MTV awards, qu’il fallait monter sur scène !
Meilleure façon de se dire adieu et d'en conclure avec cet épuisement de (presque) tous les titres vus en salle cette année : En dansant les yeux dans les yeux comme la mère et la fille à la fin deFish Tank (Andrea Arnold).
Meilleure façon de ne pas se dire adieu : Penser aux réjouissances à venir en 2010 avec notamment la sortie (en-fin !) de La vie au ranch (Sophie Letourneur), comme celle du prochain Hong Sang-Soo (Like you know it all)...
... soit autant d'évènements qui auront du mal à nous faire sortir de notre bulle cinéphile, mais qui nous permettront, on l'espère, de nous retrouver, les amis.