Je ne voulais pas commencer cette nouvelle année sans revenir sur l'excellent rapport sur l'économie du livre et son avenir confié à Hervé Gaymard, publié à l'automne dernier aux Editions Gallimard/ La Documentation Française, que je viens de finir. Une excellente synthèse que tout les gens qui travaillent dans les
métiers du livre (mais pas seulement) devraient se procurer. Face aux
enjeux du numérique et de la vente sur internet, c'est bien le moment
de faire le point. J'avais été séduit par la présentation qu'avait faite Hervé Gaymard de son rapport lors du dernier Salon du Livre. La lecture
de son livre au titre heureux "Pour le livre" est passionnante de bout
en bout. Notamment le rappel historique et le vaste comparatif du prix
unique pays par pays. Une vraie loi de développement durable. Un petit
livre face aux différents lobbying qui s'exercent à Bruxelles. Comprendre que si le livre est partout, dans sa diversité et son accès, autour de nous en France, nous le devons à l'égalité de tous les acteurs avec son prix unique. Un large chapitre en fin de volume est consacré au livre numérique avec cette évidence: "Le prix de vente devrait en touté état de cause être unique pour un même titre, si l'on souhaite éviter de retrouver sur internet ce que la loi de 1981 a permis d'éviter pour le livre papier, à savoir une guerre des prix entraînant une forte concentration de la diffusion et, à terme, un appauvrissement de l'offre. Les prix auront en revanche tout intérêt à être différents selon les titres (contrairement aux offres musicales aujourd'hui), en proposant le cas échéant des prix inférieurs pour les titres les plus anciens. Il est même envisageable d'imaginer des offres permettant l'acquisition de tout ou partie d'un livre, voire des possibilités d'abonnement. L'essentiel pour les acteurs de l'édition est, comme l'a rappelé Bruno Patino dans son rapport, de garder la maîtrise de la fixation du prix de vente et d'éviter qu'il soit fixé par les diffuseurs ou, plus probablement, par un opérateur dominant dont on peut présumer qu'il serait extérieur au secteur. On peut dès lors évoquer deux pistes principales: faire entrer le livre numérique dans le champs de l'application de la loi de 1981 ou développer la pratique du mandat, telle qu'elle existe, par exemple, pour la presse. Si cette dernière solution, qui repose sur le mode du contrat, est plus fragile que la voie législative, la première option pose quant à elle la question difficile de la définition du livre numérique. Le mandat pourrait également apporter de meilleures garanties en ce qui concerne le téléchargement de titres opéré sur des sites implantés dans des pays sans prix fixe." Les deux, loi pour un prix du livre "numérisé" strictement identique à la version papier, mandat pour des livres aux possibilités étendues? En tout cas, loi ou mandat, l'essentiel est bien de conserver, pour le livre dans sa version numérique, la même diversité dans l'accès au livre que nous avons aujourd'hui et que nous envient de nombreux pays à travers le monde.