Jacques Hubert-Rodier dans un excellent article publié dans Les Échos, livre une analyse très juste de la situation. L’éditorialiste relève que “le fol espoir a laissé place à une certaine déception“, pour mieux rappeler que la politique n’est pas la Star académie et qu’un paquebot de la taille des USA ne change pas de cap aussi vite qu’une goélette.
La déception que l’on fait peser sur Obama vient en partie du fait que celui-ci renvoie à son pays, tel un miroir, sa vraie image. Une réalité qui diffère du mythe de superpuissance invincible habilement endossé par son prédécesseur. Comme l’écrit Jacques Hubert-Rodier , “l‘Amérique n’est plus l’hyperpuissance de l’après-guerre froide, mais seulement la plus forte puissance dans un monde multipolaire partagé avec d’autres puissances.“
Autre facteur également souligné, le fait que, contrairement aux fantasmes et à la France, le système politique américain est marqué par un réel équilibre des pouvoirs qui implique une négociation avec le Congrès, même lorsque le président est majoritaire dans les deux Chambres.
Derrière l’écume des vagues, de nombreux observateurs, à l’image de Jacques Hubert-Rodier, relèvent que, “en dépit de l’impression de doute, peu de présidents américains peuvent se prévaloir d’avoir autant changé la donne dans un laps de temps aussi court. Le changement de cap est d’autant plus remarquable qu’il intervient au milieu d’une récession économique sans précédent depuis la Grande Dépression des années 1930.”
Et de souligner que, sur la base du compromis, Barack Obama termine l’année avec un succès qui ne doit pas être minoré. Celui d’avoir réussi à imposer sa réforme de l’assurance-maladie là où Bill Clinton avait échoué 20 ans plus tôt.
Sur la scène extérieure, Barack Obama a totalement rompu avec la doctrine Bush pour engager son pays dans une politique d’ouverture et de dialogue notamment avec le monde arabo-musulman même s’il traîne encore le boulet des conflits Irakiens et Afhgans. On peut mettre également à son crédit les frémissements qui agitent la société Iranienne et qui ont été rendus possible par sa politique de la main tendue qui a partiellement dédiabolisé le grand Satan et privé le régime de l’alibi de la menace étrangére.
“Nous ne pouvons revenir en arrière, l’Amérique ne peut marcher seule” avait martelé Brack Obama pendant sa campagne. C’est sans doute cela la marque de fabrique du président américain, vouloir jouer collectif à l’intérieur, comme à l’extérieur.
Ce style d’une Amérique décontractée, qui s’assume avec sa diversité, qui prend compte de l’évolution du monde et de son propre poids dans celui-ci sans pour autant regarder l’avenir avec crainte et le passé avec nostalgie, devrait constituer un chemin à suivre pour le vieux continent européen.
Le choix pourtant du terne Herman Van Rompuy comme président permanent du Conseil européen témoigne du fossé grandissant entre les deux rives de l’Atlantique. Entre un ensemble à la fois tourné vers le vieux monde et disposant d’une fenêtre sur le pacifique, nouveau centre de gravité du monde, et de l’autre, un bloc européen résigné et frileux, désespérément accroché aux baskets d’une Amérique qui ne cesse de la fasciner.
Source : http://www.lesechos.fr/info/france/020289816519.htm