Au cours de la première partie du film, le spectateur devient tout naturellement l’un des « sauvages » de ce « triste tropique » dont on sent tout de suite qu’il est livré à la convoitise des envahisseurs venus de la Terre. Les « Na’vis » vivent en harmonie avec Pandora. Ils sont un peu comme les « bons sauvages » de Rousseau ou de Diderot, ils sont aussi ces Indiens d’Amérique qui, à la veille du grand massacre, entretenaient avec leurs terres, leurs arbres, leurs rivières, une relation charnelle et mystique.
L’imagination de James Cameron pousse plus loin cette nostalgie de l’harmonie entre l’homme et la nature (qui a si bien fait rêver les penseurs du XVIII° et les poètes comme Baudelaire : « des hommes
dont le corps est vigoureux et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne… »). Les Indiens de Pandora, superbement félins, n’ont rien de la lourdeur ou de la maladresse des corps
civilisés et leur esprit est pur. Pour monter à cheval, ou chevaucher un ptéranodon, le spectateur leur envie leur « tresse » dont l’extrémité permet d’entrer aussitôt en communion avec leur monture ou toute autre créature de la mère Nature (arbre, terre, végétal…).