Quand je me suis embarqué dans le défi littérature policière sur les 5 continents, celui qui m'a finalement posé le moins de problème était l'Océanie. Car je n'y connaissais rien, et le choix fut donc vite fait. On cherche une liste d'écrivains de polar australien sur wikipedia. J'aurai pu choisir Shane MALONEY, mais c'est la bio d'Arthur UPFIELD qui a retenu mon attention, ou plutôt « l'incipit » :
«Célèbre pour ses romans policiers qui mettent en scène un détective de mère aborigène et de père européen, l'inspecteur Napoléon Bonaparte, et qui explorent les paysages sauvages de l'intérieur australien, il est considéré comme le pionnier du polar ethnologique[1].»
Avec ça, j'étais sûr d'être dépaysé !
Il ne restait plus qu'à me décider quant au titre... Et là, c'est Amazon qui m'a aidé : il fallait bien que je sélectionne un livre que je pouvais me procurer. Voilà comment j'ai été amené à lire L'Empreinte du diable (faut reconnaître aussi que le titre n'est pas totalement étranger au choix).
Mais assez papoter, rentrons dans le vif du sujet.
Notes
[1] ce qui n'a pas manqué d'attirer mon attention car je ne voyais absolument pas de quoi il s'agissait, n'en ayant encore jamais lu
Une fois n'est pas coutume, je vais me contenter de la quatrième de couverture pour résumer l'intrigue :
Au Chalet du Panorama, petite pension isolée de l'Etat de Victoria en Australie, les clients apprécient par-dessus tout le calme qui les entoure. Mais cette quiétude va être troublée par la découverte du corps d'un des clients, un certain Grumman. L'affaire se corse d'autant plus que les bagages de la victime disparaissent mystérieusement et que le premier inspecteur dépêché sur les lieux est assassiné par un gangster bien connu des services de police. Chargé par l'armée d'enquêter sur les agissements de Grumman, soupçonné d'être un espion allemand, l'inspecteur Napoléon Bonaparte prend aussitôt la situation en main... Entre des employés plus ou moins modèles, des pensionnaires aux inavouables secrets et une hôtesse au charme troublant, le flegme légendaire de Bony est mis à mal à plusieurs reprises. Heureusement, sa logique imparable et son sens de la déduction ne lui feront pas défaut durant cette mission à haut risque.
Sans être pour autant d'une simplicité effarante, l'intrigue ne multiplie pas les rebondissements et les personnages sortis de nulle part au point de risquer de s'y perdre[1]. D'ailleurs, on ne peut s'y perdre car l'auteur rappelle souvent les faits et ses développements. On suit donc véritablement l'enquête avec l'inspecteur Napoléon BONAPARTE – ou Bony pour les intimes. Personnage auquel je me suis vite attaché. A cause de son flegme bien entendu:
Soutenant le regard sinistre de Bolt sans ciller, Bony articula lentement : Je serai très surpris d'être liquidé, ça ne m'est encore jamais arrivé. Allez, bonne nuit. Et surveillez bien votre tension.
Mais aussi pour son histoire : métis dans une Australie qui n'avait alors pas encore réglé ses comptes avec ses démons racistes, on sent bien que si lui n'est que toléré
L'inspecteur Snook fixa le dos de Bony d'un air furieux. Son intuition ! Mais après tout, que pouvait on attendre d'un sang-mêlé promu au rang d'inspecteur de police?
les aborigènes pouvaient encore moins bénéficier d'un quelconque traitement de faveur... D'ailleurs son ascendance aborigène lui sera bien utile, pour voir ce que l'homme blanc ne peut pas voir, tout autant que son implacable logique cartésienne occidentale...
Voilà donc un roman que je recommande fortement à toute personne quelque peu réfractaire au polar. Les inconditionnels du genre ne seront pas déçus non plus. D'ailleurs, moi je vais essayer d'en trouver rapidement un autre pour m'y plonger, car en plus ça se lit assez rapidement !
Notes
[1] cf Le Grand Sommeil de CHANDLER