Le député socialiste Urvoas a passé son année 2009 à interroger le ministre de l'Intérieur sur un sujet précis. Combien de voitures ont été brûlées dans la nuit du 31 décembre 2008 au 1er janvier 2009 et lors de la fête nationale du 14 juillet ? Pour des raisons qu'on devine, le ministre Hortefeux a donné ordre à ses services de ne pas communiquer à la presse les statistiques répondant aux questions écrites ou orales du député socialiste. Il se trouve que M. Urvoas n'est pas journaliste, il est membre de l'Assemblée nationale et il incarne une partie de la nation. Il est absolument inadmissible que M. Hortefeux ne lui communique pas les chiffres détenus par son ministère.
Que craint-il ? En vérité c'est la seule question qui vaille. Après avoir vanté son action contre la délinquance, sermonné les policiers, promu la vidéosurveillance à tout bout de champ, il semble bien que le nombre de voitures brûlées ait sensiblement augmenté au cours de ces journées symboliques. Autrement dit, les coups de menton de M. Hortefeux et son discours sur la sécurité nationale ne pèsent pas lourd face aux réalités sociales et à l'absence de politique suivie dans les quartiers et les villes en difficulté. M. Hortefeux ne veut pas reconnaître publiquement l'échec de sa politique.
Pourquoi brûle-t-on les voitures ? Pour provoquer l'autorité et adresser un pied de nez à l'infortune. Je reconnais que ce n'est pas bien. Mais tant que la Droite considérera nombre de nos concitoyens uniquement comme des assistés ou des délinquants génétiques (comme dirait M. Sarkozy), tant qu'elle ne privilégiera que les mesures de répression (n'est-ce pas Mme Amara, bien seule dans son ministère au point qu'elle a pensé à démissionner) les voitures continueront de brûler même si cette réponse est affligeante et triste.