Tel est le titre d'un documentaire que je viens de visionner. Grâce à Twitter, en fait.
Au fil de mes pérégrinations et recherches numériques, j'ai pu visionner une bande annonce de ce film et, le trouvant prometteur, je me suis abandonnée au compte Twitter du producteur: Transcendent Films (indépendant - États-Unis).
Quelque temps plus tard, j'ai été contacté par la personne en charge de la communication du film - qui avait lu le tweet (message sur Twitter) que j'ai publié à ce sujet -, nous avons échangé, et elle m'a proposé de visionner.
Aujourd'hui - et depuis un moment déjà, évidemment - plus besoin d'envoyer des copies des films pour les visionner, je me suis donc plongée dans les 70' ce matin depuis chez moi.
Aujourd'hui, également - et pour moi c'est étrange, puisqu'il s'agit de mon métier - au lieu de garder pour soi des impressions de visionnage, on peut les partager ainsi (ceci étant dit, je n'écrirai pas ci-dessous un billet professionnel - dans lequel je pourrai souligner un certain nombre de points sur le film, sa durée, etc), non, juste, une découverte et un coup de cœur.
De quoi s'agit-il?
Si je reprends - en substance - ce qui est écrit dans les présentations, le réalisateur s'intéresse à un certain nombre de personnes, gardiens (custodians) dans quelques unes des plus prestigieuses universités américaines, dans l'idée (sic), "Qu'une seule conversation avec un homme sage est plus profitable que dix années d'études" - ("A single conversation with a wise man is better than ten years of study." ~ Chinese Proverb).
Pour moi, à ce stade, cela commençait plutôt mal et, si je n'avais pas vu la bande annonce, je me serai arrêtée. Parce que, cette idée de "la sagesse est au fond du puits" (autre proverbe chinois), et d'une philosophie populaire considérée comme "meilleure" et universelle, certes... cela tend aussi la perche à toutes les dérives et les facilités.
Mais, c'était sans compter avec le talent de ce réalisateur et la personnalité des personnages du film.
Le réalisateur manie l'image (et le montage) brillamment, et ceci, pose d'emblée le regard sur chaque personne.
Dans une étrange alchimie qui frôle l'esthétisme, mais évite le trop plein, bascule dans l'émotion, mais la place au juste endroit, le réalisateur entre dans la vie de ces personnes, invisibles aux yeux des autres: celle qui pousse le chariot du ménage au fond du couloir, celle qui vide les poubelles - en un plan, on voit l'un des personnages devenu familier faire le ménage dans un bureau devant laquelle une personne est assise qui ne bronche pas une demie seconde, ne lève pas la tête, pendant toute la scène.
Le film déroule des vies ordinaires, rythmées par le ménage, le mouvement des balais, les couloirs déserts, des heures de travail invisible.
Et puis. Ou l'on découvre que chacun des personnages a derrière lui un certain nombre de cassures, accidents ou déchirements, de ceux qui font basculer des vies. Irrémédiablement. Et le regard, change.
Le film devient une chronique de la survie, puis de la vie.
On y trouve par exemple le personnage de cet Haïtien qui vit aux États-Unis et travaille nuits et jours, entre ménage et taxi, dormant 2 heures par nuit. Tout l'argent gagné est envoyé à ses enfants, restés en Haïti. Petit à petit, le film dévoile la détermination de cet homme, et ce qui l'a forgée. Et ses projets aussi. Il a dédié sa vie entière à une seule idée.
En fait, plutôt qu'un proverbe, je choisirai pour qualifier le film, la phrase de Camus dans Le Mythe de Sishyphe: "Il faut imaginer Sisyphe heureux".
Ci-dessous, l'une des bandes annonces (pas celle que j'aurai choisi, mais celle qui est donnée pour diffusion). Film à voir donc quand vous le croiserez!
Site du film The Philosopher Kings. Photos, extrait: copyright (et contacts) Transcendental Media.
Le film est sorti en DVD aux États-Unis. Il devrait y être diffusé en 2010. Quant à la France... à suivre.