C’est peut-être son architecture sortie tout droit du bloc de l’Est et l’anarchie
Déjà 8h45, sa troisième Stella était finie, nous l’ayant confié à maintes reprises pour trouver un coin où fumer. Ceci l’aidait parait-il à contrôler sa peur de l‘avion, alors que moi il m’aurait fallu quelque chose pour contrôler mon rire lorsque le pilote déclencha le petit Jingle “Tadaaaa” à notre atterrissage à Dublin International Airport. Longue vie à Ryan Air! La folie irlandaise commençait de bons pieds.
-An Lar – centre-ville, oula Ben, je commence à avoir peur, j’espère qu’ils parlent pas tous Gaélique
Tous les panneaux étaient bien entendu traduits aussi en Anglais, mais je m’attendais réellement à ce que les gens parlent en gaélique entre eux.
Une fois arrivés en ville, Wes nous fit visiter de façon assez débonnaire et décousue quelques endroits du centre, croyant bien la connaitre, il était en fait autant perdu que nous qui le suivions. Arpentant les rues, il nous emmena
Dublin, Baile Atha Cliath de son nom gaélique, est la capitale de la république d’Irlande depuis 1922. La ville est construite autour de la Liffey, le fleuve qui
Les rues étaient pleines de touristes. Des teneurs de pancartes luttaient contre le sommeil et l’ennui, au milieu des zones piétonnes, faisant la publicité des restaurants et pubs.
Désespérés à l’idée de trouver un véritable Irish Breakfast à un prix correct, nous nous sommes résignés au fast food du coin: et pour menu du jour de la bonne friture bien grasse. Le ciel s’était rapidement dégagé dans l’après-midi, les Irlandais reconnaissables à leurs blancheurs écarlates jouaient les écrevisses dans les parcs, tandis qu’avec Ben, on nous prenait plus facilement pour des Italiens au vu de notre teint de peau. Cette première journée passa très vite, Wes nous parla de ses petits boulots, artiste, vendeur, barman, revendeur “d’agriculture d’intérieur”, et pourquoi pas gigolo à ses heures en compagnie d’une charmante déesse; il était l’homme de la situation. Mais ceux que j’aimais par dessous tout, c’était la brosse qu’il sortait pour se nettoyer la barbe, un vrai professionnel.
Après avoir trouvé l’auberge de jeunesse ‘”Isaac Deli”, la moins chère de la ville, 12,50€ /p.p. mais avec petit déjeuner offert, nous avons pu partir à la recherche d’un travail sans être chargé de nos sacs. Motivés à l’idée de pouvoir payer nos vacances en partie comme ceci, à vivre de pintes, de filles et de hamburgers, nos auras étaient si puissantes que tout un chacun se retournait et nous idolâtrait comme des demi-dieux.
Mais c’est très rapidement que nous sommes redescendus sur Terre.
Version 1
-Bonjour, nous sommes deux français (sexe appeal et puis tout), on cherche du travail
-désolé c’est la crise, il n’y a pas assez de tourisme par rapport aux autres années
-Même pour la plonge ?
-non désoléVersion 2
-Bonjour, nous sommes deux français (le French Kiss c’est nous!), on cherche du travail
-vous avez un CV?
-(tu veux pas mon diplôme d’océanographe aussi pour travailler dans ta superette de ***de ?
Version 3
-Bon Ben, on va se la boire cette bière?
-Me tente pas!
Je connaissais l’image traditionnelle de l’Irlandais au pub, mais pas celle d’être éjecté complètement ivre à 18h dans la rue par le barman, ni celle des femmes qui sortent toutes entre copines. D’ailleurs si on met bout à bout chaque jupe de chacune des membres d’un groupe, on arriverait peut-être à la taille d’une robe. Ceci-dit, elles font de gros efforts vestimentaires.
Pour notre première soirée, fatigués de la vieille, nous restâmes tranquillement à l’auberge. Deux Australiennes, complètement ivres, sont rentrées au milieu de la nuit dans le dortoir. Sur un fond sonore de ronflements, elles avaient décidé de nous parler de leur voyage, et nous proposaient déjà de nous embarquer pour Belfast dès le lendemain. C’est finalement à ce moment que nous avons réellement décidé de l’itinéraire à prendre; à savoir partir pour le nord ou le sud. Leur proposition avait 24 h d’avance, et de Belfast, nous n’avions rien vu, il était trop tôt.
L’auberge était pleine de Français, tous plus bruyants les uns que les autres, s’essayant à un anglais souvent minable, parfois risible. Ils n’hésitaient pas à cacher les tranches de pain de mie du petit déjeuner dans leurs poches, pour leur sandwich du midi. Mais là-dessus, ils n’étaient pas les seuls.
C’est avec ces mêmes Français, que nous sommes sortis le soir boire une bière dans un pub assez éloigné, pas un des ces bars à touristes du Temple Bar (ah ce syndrome du touriste qui veut éviter tout ce que l’on crée pour lui), non un vrai, avec de la bonne pression, un groupe de rock qui cartonne et qui fait se battre les volets des étages du dessus : bref, quelque chose qui envoi du louuurd! Rocky, Rockette, Rocker, il avait plus de surnoms qu’il n’y avait de personnes qui le connaissaient, en tout cas il était sûr d’une choses, les oreilles poilues de ce petit bonhomme de 50ans étaient assez aiguisées pour nous trouver des bons coins où sortir. Rockette, un des piliers de l’auberge et ingénieur en informatique de prime, était amené à se déplacer sur tout le globe, et plutôt que de s’embêter seul dans une chambre d’hôtel, il préférait être entouré de jeunes. Si nos entreprises pouvaient-elles aussi s’entourer de jeunes. Bref grâce à lui, nous réussîmes à rentrer dans une soirée privée CouchSurfing sans trop savoir comment. CouchSurfing, c’est le concept internet voyager/héberger: tu voyages, je t’héberge. Soirée qui se termina bien pour Ben, en train de séduire une très jolie Italienne, ambassadrice de Facebook. Explosé de rire qu’il était lorsqu’il me parla de sa conquête: elle était lesbienne! La prochaine sera la bonne.
Dimanche, déjà notre troisième jour. Le mauvais temps s’installe surement sur toute l’Irlande. Mais ce n’était le temps qui allait gâcher mon moral puisque j’avais enfin une réponse pour un Job en Tasmanie. J’ai été obligé de passer une bonne partie de la journée à leur envoyer par mail des informations complémentaires. Ben pendant ce temps là avait de quoi s’occuper.
-tu peux faire à manger ? Elle est où la sauce tomate ? elles sont dégueulasses tes pâtes ! tu m’excuses, mais j’ai vraiment pas le choix, si je dégotte ce job c’est absolument génial, et puis j’ai bientôt fini
- …
-bon je me dépêche
Nous n’avions qu’un bref aperçu de la ville, ne mesurant pas la réelle ampleur de sa taille, mais à 17h nous étions pourtant bien décidés de commencer à faire du stop. Notre spot semblait parfait, bien que doté d’une place pour se garer et situé après les panneaux de direction, il était en fait très mauvais : un peu comme si l’on voulait sortir de Paris en faisant du stop à République. Mais à peine 30 minutes plus tard, un jeune couple eu pitié de nous et trouva une place en contrebas pour se garer.
La machine était en fin lancée. Ce n’est qu’une fois dans leur voiture que l’on mesura l’énorme chance que l’on eut. Nous étions réellement très loin de l’axe principal, absolument là où il ne fallait pas être, et pourtant tout marcha si facilement. Comme quoi il n’y a pas de règle quand il s’agit d’aléatoire. Ils téléphonèrent même à leurs amis afin de connaitre la meilleure route à prendre pour nous déposer où nous voulions. C’en était trop beau.
Ils nous aidèrent à sortir nos sacs, je fis une photo souvenir de nos bienfaiteurs et nous nous échangèrent quelques derniers sourires. 30 secondes plus tard, Papy s’arrêta avec sa berline.
-Vous allez où?
-Bonjour, on va à Valleymount
-c’est sur ma route, montez
Comté de Wicklow, nous voilà. Le rêve était clairement réalisable
PS: une petite précision pour la suite, je dirai Papy et Mamy pour nos mécènes les plus âgés, je trouve ce terme plus affectueux que de dire une vieille personne.