Etre plus solidaire
Alors là, fastoche. A part donner 2 euros au clodo qui roupille devant l'entrée de mon 250 m2 avenue de Breteuil, pour qu'il pousse gentiment son lard afin que je rentre chez moi après avoir garé mon Hummer sur le trottoir, mes initiatives solidaires sont des plus réduites. Je suis un tel concentré d'égoïsme qu'on parle de me nommer au comité de surveillance des rémunérations de BNP Paribas. Je change de rue quand je vois les gens d'Amnesty faire de la retape auprès des passants. Et si l'un d'eux arrive quand même à m'agrafer, je lui réponds au choix que j'ai oublié mon portefeuille chez moi, que je suis chômeur en fin de droits ou que je suis pressé car je dois retourner dans ma tente à Sangatte, où j'habite avec tous mes compatriotes sans-papier afghans.
En 2010, c'est promis, je ne ferai que des gestes solidaires. Je donnerai la soupe aux nécessiteux devant l'église Saint-Eustache. Je ferai la maraude avec la Croix-Rouge pour dénicher les SDF et les convaincre de se mettre au chaud dans des centres d'accueil. Je donnerai de mon temps à SOS femmes battues. Je réserverai une partie de mon caddie Monoprix pour Action contre la faim. Aaaaah, ça fait du bien ! Rien que de promettre toutes ces magnifiques actions désintéressées, je me sens déjà mieux, plus en accord avec mes vraies valeurs profondes. C'est peut-être inutile d'aller plus loin, au fond. Je risque de me décevoir, et ça serait pire que tout.