C'est l'époque qui veut ça... On vous souhaite donc une bonne année 2010. Et tout le bonheur du monde. Il faut y croire, pour souhaiter ce genre de chose, alors que le chômage explose, et que nos marmailles embouteillent la fac avec comme seul objectif de devenir prof (bon, fonctionnaire en général), parce que c'est le seul horizon d'une île éclipsée par Maurice, et protégée des cyclones par la grande île criblée de misère, Madagascar...
Tandis que des nantis se lamentent sur le fait qu'il n'y ait plus de casseurs de letchis, ni de coupeurs de cannes, qui extrapolent sur la consommation des RMIstes dans les grandes surfaces, tandis que d'autres nantis se partagent les fruits, bien réels, ceux-là, d'une croissance artificielle basée sur le crédit à tout prix, la Réunion crève de son mal-vivre. Illettrisme, sous-développement économique, perfusion sociale... Rien de nouveau en 2010. Et quand bien même on enverrait tous les RMIstes couper les cannes ou casser les letchis (ceux qui en parlent, en général, ont dans toute leur vie fait un seul effort physique : changer la chaise de leur bureau de place), on serait quand même dans la merde.
Que ceux qui disent que les Réunionnais vivent dans le luxe visitent certains quartiers de la Bretagne, des Avirons, ou de Terre-Sainte... Qu'ils voient l'extraordinaire sens de débrouillardise de types qui arrivent à vivre avec rien. Rien, oui. On devrait tenter l'expérience : donner aux donneurs de leçons 450 euros, et les allocs pour les enfants. Bizarre, ça ne fait rêver personne. Tout le monde préfère 3000 euros mensuels et la sécurité de l'emploi.
A tous ceux qui ne cassent pas de letchis, à tous ceux qui ne coupent pas de cannes, à tous ceux qui aiment vivre, rêver, aimer, regarder la mer, écouter le vent, Le Pirate souhaite une bonne année 2010. Et puis tiens, aux autres aussi.
François GILLET