Perturbations des écosystèmes et du climat sur notre planète

Publié le 30 décembre 2009 par Pyxmalion @pyxmalion

Présence de dioxyde de carbone dans la troposphère moyenne en juillet 2009 (cliquez pour agrandir)

Evocation sommaire de quelques points chauds de la planète affectés par le changement climatique en cours. Quand le sommet de Copenhague accouche d’une souris pour la plus grande satisfaction des négateurs, cyniques et autres climato-sceptiques ! Faut-il craindre un abandon des décisions de réduction d’émissions de gaz à effets de serre par les leaders politiques ? Le « court-termisme » l’emportera t’il sur les mesures à prendre pour éviter un réchauffement supérieur à 2° qui serait catastrophique pour la biodiversité ? Où nous conduit la surexploitation des ressources de notre planète ?

L’Amazonie est une immense forêt primaire vieille de plusieurs millions d’années. Surnommée « le poumon de la Terre », elle renferme une impressionnante biodiversité (à ce sujet, après 2009 Année Mondiale de l’Astronomie, 2010 sera l’Année Mondiale de la Biodiversité !) que l’Homme n’a toujours pas fini d’explorer ! Chaque jour, chaque heure la forêt mythique diminue. Des tribus se voient chasser de leur territoire, contraint à vivre dans un monde qu’ils ne connaissent pas du tout. Des milliers d’espèces végétales ou animales sont anéanties au passage des buldozers … A la place, des prairies s’étalent et des champs de monocultures (l’exact contraire de la biodiversité) de céréales. Celles-ci nourriront les animaux des élevages industriels de l’Europe ou des Etats-Unis ou encore seront converties en agro-carburants, une invention absurde au bilan environnemental affreux ! Les arbres qui, autrefois absorbaient une partie du dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère, rejetaient de l’oxygène et transpiraient de l’eau sont anéantis ou, plutôt, bruler … Rejetant ainsi le gaz carbonique qu’ils avaient emmagasiner ! Outre cet ajout de gaz à effet de serre, la disparition progressive de la forêt amazonienne entraine une baisse des pluies lesquelles, bien sûr, réduisent le débit du géant Amazone. La culture massive des céréales nécessite un apport régulier d’eau douce. Les cultivateurs auront, pour cela, besoin de pomper dans les nappes phréatiques. Mais que feront-ils quand ces réserves souterraines seront épuisées par manque de pluie ? L’Amazonie est vouée à s’assécher, souffrant d’un important ensoleillement et d’une raréfaction des pluies. L’agriculture intensive épuisera les sols en dépit des tonnes d’engrais chimiques déversées. Leurs traces se retrouvent déjà dans les nappes phréatiques …

A l’ouest de l’ancien « océan vert », se dresse la colossale cordillère des Andes. Victime déjà d’un climat sec, ses montagnes de légende voient s’évanouir leurs derniers glaciers à une vitesse étourdissante. C’est dans cette région, plus précisément au sud du Pérou, qu’a vécue la civilisation Nazca. Nous la connaissons tous pour ses impressionnants témoignages laissés sur le sol aride et rocailleux : des géoglyphes ou dessins gigantesques représentant différentes figures mythologiques que l’on ne peut voir que depuis le ciel. De récentes études archéologiques nous apprennent que c’est à une importante déforestation que l’on doit, en majeur partie, la ruine de ce peuple … Là où des milliers d’arbustes poussaient dans une terre assoiffée, il ne reste plus aujourd’hui que quelques souches carbonisées … L’arbre, pourvoyeur d’eau et d’humidité est éffacé, emportant avec lui tout espoir de culture (en écho, on peut lire ou relire « L’Homme qui plantait des arbres » de Jean Giono et aussi écouter l’émission « CO2, mon Amour » du 19 décembre 2009 avec Phillipe Torreton). L’histoire des Nazca nous renvoient à celle des Mayas ou des habitants de l’Île de Paques. Deux autres peuples connus pour avoir détériorer leur milieu, surexploiter leurs ressources, succomber à leur soif insatiable de richesses.

De l’autre côté du globe, autre grande chaîne de montagnes, l’Himalaya. On l’appelle aussi « le château d’eau d’Asie » ou le « troisième pôle ». Cette région porte bien son nom. Elle alimente en eau tous les grands fleuves de Chine et du sous-continent indien. Des centaines de millions d’hommes et de femmes en dépendent. Seulement, avec la hausse des températures moyennes, les glaciers reculent. La fonte rapide de ces importants volumes de glace aura pour conséquence, d’abord, de gonfler les fleuves. Des inondations sont donc à craindre. Puis quand toute la glace aura disparue, les fleuves légendaires que sont le Gange ou le Mékong s’assécheront, plongeant les populations locales dans des famines épouvantables. Il ne leur restera que l’exil pour espérer survivre. Tout cela pourrait se produire avant 2050 !

La disparition des glaces d’été en Arctique pourraient avoir lieu avant 2030. Si le « réchauffement climatique » se poursuit, le Groenland perdrait définitivement son manteau de glace au cours du prochain siècle ! Et non, ce n’est pas ce qui est arrivé au Moyen-Age comme le prétendent d’habiles détracteurs-négateurs du changement climatique ! De mémoire d’hominidés, cela ne s’est jamais vu !

Il est vrai que les conséquences du réchauffement climatique ne sont pas directement perceptibles dans notre vie de tous les jours. Beaucoup pensent que quelques degrés de plus ne peuvent qu’agrémenter notre quotidien … Mais ce sont de grossières erreurs. Il faut bien rappeler que le terme réchauffement désigne avant tout une hausse moyenne de la température du globe (en anglais, on dit global warming). Ce phénomène inédit dans l’Histoire humaine entraine des changements dans les climats de la planète, des perturbations qui, à longs termes peuvent être catastrophiques pour les êtres vivants. Certains, comme l’astrophysicien Hubert Reeves n’hésitent pas à parler d’une sixième extinction de masse … C’est le risque majeur si la température du globe continue d’augmenter.

Avec 2° de plus, le climat risque ensuite de s’emballer. La Terre avec 6° de plus perdrait l’ensemble de ses éco-systèmes actuels, la vie serait durablement menacée. Et tout cela, après de longues souffrances à l’horizon de seulement un siècle ou deux. A titre de comparaison, avec 6° de moins qu’aujourd’hui, la Terre était entrée dans une longue ère glaciaire (des glaciers recouvraient un grande partie des continents). Des changements climatiques qui ont bouleversé tous les éco-systèmes, il y en a déjà eu beaucoup sur notre planète. Des causes naturelles comme l’inclinaison de la Terre ou de longs épisodes volcaniques (carbonifère) ont modifié et même redistribuer les espèces vivantes. Celles-ci pouvaient s’adapter, les changements s’opérant progressivement en plusieurs centaines de milliers d’années. La différence avec la perturbation actuelle est que cela évolue très vite ! En l’espace de 150 ans, nous avons libéré d’énormes quantités de gaz carbonique (CO2) qui dormaient depuis des millions d’années sous d’épaisses couches géologiques, dans l’atmosphère. Nous sommes aujourd’hui à 386 particules par million (ppm) de CO2 (c’est plus qu’il y a au moins 650 000 ans !). Il y a encore 150 ans, nous étions à 270 ppm ! N’oublions pas que c’est un gaz à effet de serre (GES) au même titre que la vapeur d’eau ou le redoutable méthane (23 fois les capacité du CO2 !).

On parle beaucoup de l’effet de serre mais beaucoup ignorent que sans ce phénomène, il ne pourrait pas y avoir de vie sur Terre, il ferait trop froid ! Il suffit de regarder Mars, l’absence d’atmosphère et d’effet de serre l’a rendue froide, glaciale et stérile en surface (rayons UV qui atteignent le sol). Mais, a contrario, l’excès d’effet de serre entraine des températures très élevées à l’instar de notre jumelle Vénus où la température est de 480° à sa surface. La Terre bénéficie d’un certain équilibre qu’il ne vaudrait mieux pas ignorer. Nous pillons, exploitons, surchauffons notre planète (la seule que nous ayons) pour quelques satisfactions éphémères et superficielles. Ce n’est pas du catastrophisme que de prévenir des dangers que l’on risque si nous ne faisons rien et attendons que cela passe. C’est exactement cela « le syndrome du Titanic », attendre, ne rien faire, ricaner, agir à court-terme et seulement à court-terme. J’en entends moquer l’écologie en prétextant que c’est une nouvelle mode sur laquelle se greffe des acteurs du capitalisme peu scrupuleux (il y en a qui en profitent, c’est vrai). D’autres prennent une attitude cynique et se fichent éperdument de ce qui peut arriver, du moment que leur capital est à l’abri. Puis il y a ceux qui nient tout en bloc, refusent de s’ouvrir à la science et d’ignorer les rapports du GIEC qui pointent, après de nombreux débats internes, la responsabilité humaine dans l’augmentation des émissions de gaz à effets de serre. Ils répètent les arguments tronqués ou falsifiés des principaux détracteurs (en France, on a Claude Allègre et Vincent Courtillot. A propos, lire « la muse des climato-sceptiques, un scientifique au service des industries polluantes » dans Marianne). Après tout, il y en a encore qui pensent que fumer est bon pour la santé … !

L’Homme est face à trois problèmes de nature écologique importants : la bio-diversité menacée, les changements climatiques et l’épuisement des ressources naturelles. Si on continue de raisonner à court-terme, nous allons vraiment droit dans le mur ! Nous avons besoin de la grande diversité des êtres vivants. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où la météo se déchaine, essaimant famines, faillites, misère, maladies, réfugiés, etc. sur son passage. De même qu’un monde épuisé, vidé, assoiffé serait invivable. Il y a bien une urgence climatique que beaucoup de pays riches (et/ou en voie de développement) ont lamentablement ignoré au cours du récent sommet de Copenhague (lire « le bilan décevant du sommet de Copenhague » paru dans Le Monde). Sommes-nous stupide ? (voir « The age of Stupid »). Nous avons jusqu’à 2015 nous disent les experts pour réduire significativement nos émissions de gaz à effets de serre et enrayer l’emballement d’un changement climatique avant qu’il ne soit devenu irréversible.

Quelques sites internet :

Crédit photo : JPL/NASA.