Yasmina Khadra est un de ces nombreux auteurs dont j'entends parler depuis un moment sans avoir jamais pris le temps de le lire. Heureusement le défi littérature policière sur les 5 continents est passé par là. Car – encore une fois ?! – j'ai été plus qu'agréablement surpris. D'ailleurs c'est mon autre coup de cœur de cette fin d'année !
Car tout est réuni pour me plaire. L'histoire tout d'abord. Simple. Le commissaire Llob est appelé – réquisitionné – pour enquêter sur la disparition de la fille d'un riche industriel. Mais qui donne un polar aux relents historiques. Car, nous voilà plongés dans l'Alger des années 90, en pleine guerre civile. Là tout n'était que désordre et horreur. Je me souviens de ces images atroces d'attentats qui ouvraient régulièrement les jités. Ce qui n'était qu'un souvenir confus d'enfant devient ici presque palpable...
Le personnage principal ensuite : le commissaire Llob, brave père de famille, auteur de polar aussi à ses heures perdues, qui s'obstine à demeurer intègre dans un monde pourri, gangréné par la luxure et la corruption. Le côté face qu'on ne pouvait deviner aux infos. Et qui rend encore plus tragique les évènements. D'un côté on nous abreuve d'images d'illuminés qui font tout sauter pour donner l'exemple et/ou faire peur. De l'autre les plus riches qui se cachent dans des oasis de sécurité, égoïstes qui profitent, se complaisent dans le stupre alors que nombre de leurs concitoyens, à quelques kilomètres, vivent dans la misère – ou presque (à l'instar des subordonnées du commissaire)...
Enfin, - surtout ? - l'écriture qui nous prend aux tripes comme du CELINE, mais qui nous accorde aussi quelques moments de poésie :
Le soleil commence sa descente aux enfers. Il plonge dans la mer, tente de rejoindre le rivage en s'agrippant aux vagues, mais le courant du large l'entraîne sans coup férir et il sombre dans une giclée de rage et de sang.
Des étoiles mouchettent le toit du monde. La nuit est déjà sur la ville, la lune tel un œil crevé au milieu du front. Au loin, les voitures hasardent leurs phares sur les routes traîtesses. Les sirènes s'affolent derrire les immeubles. En un tournemain, les rue sont dévitalisées. Seuls les lampadaires assistent les trottoirs dans leur consternante pauvreté.
A lire d'urgence !!!