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L’environnement et les changements climatiques : quelles perspectives pour les années à venir?
Publié le 30 décembre 2009 par Alternativechannel
Par Alexa Tymocko
Après le sommet de Copenhague, les contestations fusent de toutes parts. Les pays en voie de développement dénoncent qu’aucun accord clair n’a été établi pour répondre aux défis des changements climatiques. Quelles seront les conséquences de ces changements sur les populations et l’environnement dans les années à venir? Comment envisager ces conséquences et encore mieux, comment les prévenir?
Les résultats de Copenhague sont décevants. Les pays en voie de développement souhaitaient arriver à un accord avec des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Plusieurs pays d’Amérique Latine et des États insulaires ont refusé de signer le document, issu de discussions menées par 26 pays industrialisés et émergents - principalement par les États-Unis, l’Inde, la Chine, le Brésil et l’Afrique du Sud - à la suite d’une discussion qui s’est tenue entre le président Obama et le premier ministre chinois, Wen Jiabao.
Le texte, qualifié d’ « insuffisant » par Barack Obama et d’« imparfait » par Nicolas Sarkozy, ne prévoit pas la création d’une instance internationale ayant pour rôle de vérifier les engagements de chaque pays. Il n’y a pas plus d’objectifs clairs quant à la réduction des émissions de CO2.
L’échec de l’ « accord » du 18 décembre est le résultat des négociations entre les États-Unis et la Chine lors du Forum de coopération Asie-Pacifique en novembre dernier. Mais le duo avait, à ce moment là, déjà manifesté la position respective de chacun, bloquant du même coup, toute nouvelle négociation.
Sachant que les États-Unis sont les pires pollueurs au monde, les attentes envers Obama étaient assez élevées. En moyenne, un Nord-Américain pollue deux fois plus qu'un Européen, cinq fois plus qu'un Chinois et 15 fois plus qu'un Indien (Source : ledevoir.com). Les États-Unis sont responsables de 20% des émissions mondiales, ne s’engageant qu’à les réduire de 3 à 4 % d’ici 2020. Alors COP15 aura servit à quoi? Si ce n’était que pour excuser Kyoto, le nouveau sommet sur les changements climatiques n’a pas encore fait son chemin. Et le pire reste à venir.
Crise climatique
Les prochaines années détermineront le cours de l’Histoire et le niveau de santé de notre planète. Selon un calcul réalisé par les Nations Unies, l’addition des nombreuses promesses émises publiquement par différents pays entraînerait une hausse de 3% de la température moyenne de la planète d’ici 2050, c’est-à-dire 1% de plus que l’objectif souhaité.
Malheureusement, l’Europe n’est pas protégée de tout cela, même si ce n’est pas elle qui pollue le plus. En fait, l’Europe se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale. Une hausse notable marquera en avant première le sud de l’Europe, la Finlande et le centre du continent.
Selon Jacqueline McGlade, directrice de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), "pour un réchauffement mondial de 0,8°C en un siècle, l'Europe a gagné 1,1°C avec des différences régionales jusqu'à +6°C en Arctique". La planète se réchauffe rapidement et nous n’avons toujours pas le contrôle, ni les moyens pour prévenir les futurs désastres naturels.
Augmentation des sécheresses et des inondations
©Remy Saglier
Un rapport publié par l’AEE pronostique deux scénarios différents pour l’avenir de l’Europe d’ici 2050. Partagé entre le nord, où ils prévoient des précipitations accrues en hiver et des inondations fréquente, et le sud-méditerranéen, où sécheresses et désertifications anormales sont attendues. En 2008, l’Espagne a connu une sécheresse prolongée alors que des régions de la Grande-Bretagne étaient affectées par des inondations et des rafales de 100km/h.
La canicule de l’été 2003 (70 000 morts) pourrait n’avoir été qu’un bref aperçu des été à venir. Ce même scénario pourrait se répéter à tous les deux ans d’ici la fin du siècle.
Dans cette crise du dlimat, l’eau demeure une grande inquiétude. Neuf pays ont été reconnus comme victimes de stress hydrique dont le Chypre, l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la Bulgarie et le Royaume-Uni. André Jol, auteur du rapport de l’AEE explique que « le changement climatique va exacerber la pression sur les régions déjà en difficulté ». Le continent devra réduire sa consommation d’eau « non seulement pour l’agriculture mais aussi à la maison » prévient-il.
Il faudra s’attendre à des baisses de rendement dans les années à venir, alors que l’usage agricole représente 60% de l’eau utilisée en Europe du Sud, allant même parfois jusqu’à 80%. Stéphane Hallegatte, chercheur à Météo-France et à l’Ipemed (Institut de prospective du monde méditerranéen) avance qu’il faudra sans doute « renoncer à cultiver du blé autour de la Méditerranée ».
Des risques élevés d’inondations en Allemagne et aux Pays-Bas durant le printemps sont prévus. Selon M. Jol, de graves pénuries d’eau sont à considérer près de la capitale Autrichienne pendant l’été.
Réduction de la glace et des neiges
Présentement, les glaciers de la planète entière fondent à une vitesse inquiétante. La disparition des glaces est plus rapide que celle estimée par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Selon le plus récent rapport du GIEC, ce phénomène provoquera éventuellement des sécheresses et privera des régions d’eau potable dans les endroits alimentés par de l’eau de fonte en provenance de massifs montagneux.
La région des Alpes est connue pour ses ressources en eau douce (40% au total), mais plus pour longtemps. Ce château d’eau de l’Europe se réchauffe presque deux fois plus vite que la moyenne mondiale (+1, 48°C en un siècle). En atteignant 2° de plus, le tiers des stations de ski n’auront d’autres choix que de fermer leurs portes.
La montée du niveau des océans pourrait atteindre entre 0,70 à 1 mètre. Cela aurait pour effets d’inonder les régions sur le pourtour méditerranéen, dont la moitié de la population vit sur les côtes de ce territoire.
Trois régions sont à risques selon Mme. McGlade, les Pays-Bas et le rivage de la Mer du Nord, Londres et l’arc allant de Barcelone à Marseille, où l’érosion affaiblit significativement le littoral. Les plages du Languedoc-Roussillon en France pourraient carrément disparaître.
"Il subsiste une grande inconnue sur l'élévation de la Méditerranée, connectée à l'océan par le seul détroit de Gibraltar et soumise à une intense évaporation avec l'augmentation de la chaleur", précise M. Hallegatte. Des populations entières devront être déplacées.
Avec tous les constats alarmants évoqués dans les médias et les nombreux rapports publiés par les experts, la liste des conséquences des changements climatiques ne cesse de s’allonger. Attendons-nous le pire avant de prendre en mains l’environnement planétaire?