Sous la jupe des shorts de course

Publié le 06 décembre 2009 par Nicolas Esse @nicolasesse

La course de l’Escalade se déroule à Genève.
Au début décembre de chaque année. Il y a des enfants, des adultes parfois déguisés en fromages, des marcheurs, des joggeurs, des coureurs et à la fin on casse une marmite en chocolat en souvenir des marmites de soupe aux légumes lancés sur les crânes nus des Savoyards venus escalader les remparts de la ville, il y a quelques siècles.
Devant la piétaille, se trouve un petit peloton de coureurs d’élite venus là pour des histoires de records, de podiums, et aussi de primes parce que l’argent nourrit le coureur étique. Souvent bronzé, le coureur ailé est parfois carrément noir. Et c’est justement là qu’il y a comme une couille. Les organisateurs genevois sont aussi des statisticiens. Plongés dans le palmarès des années précédentes, ils voient bien cette déferlante de coureurs de couleur qui raflent tout le pognon des premières places. Le coureur noir va trop vite. Il vient manger le pain blanc réservé aux blancs. Il faut faire quelque chose. Les organisateurs d’une course voisine leur soufflent la solution. Il suffit de rétribuer maigrement les trois premiers arrivés, toutes provenances confondues. Ensuite d’établir un classement séparé, éthniquement pur et spécifiquement réservé aux Suisses. Et d’arroser généreusement les athlètes AOC qui courent moins vite que leurs homologues exotiques et dopés à la négritude.
A la radio, le type qui expliquait a dit que le plus simple, c’était de contingenter les Noirs. Que dans les jeux olympiques d’hiver, on faisait tout pareil. On contingentait les Blancs. Pas plus de 4 ou 5 (?) skieurs suisses pour la descente. Sinon, c’est l’invasion, des Suisses partout, le premier Autrichien au-delà de la dixième place et aucune chance pour un descendeur kényan de figurer parmi les 20 premiers.
Heureusement qu’il y a le sport et la religion. Sinon les hommes auraient peut-être oublié d’être cons.