Un des plus grands succès du studio Cathay-Keris, Hang Jebat (1961) est une production en N&B, première réalisation de Hussain Haniff, qui met en scène des personnages légendaires du folklore local.
Au XVème siècle, le sultan de Malacca sur de mauvaises informations condamne à mort et fait exécuté Hang Tuah, son amiral. L’ami et frère d’arme de ce dernier, Hang Jebat est bien décidé à le venger…
Hang Jebat pourrait être l’un des films de Hussain Haniff qui sort du lot. Je parle ici du point de vue de la mise en scène qui offre par moment des choses intéressantes. Certains plans et mouvements de caméra qui sont bien pensés et qui du coup interpellent. Après ? Il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Il y a bien quelques scènes amusantes mais qui n’étaient pas censées l’être et puis finalement l’ennui a tendance à monopoliser l’attention. Un regard de spectateur qui n’en revient pas de la bêtise de certaines scènes ou bien encore du pitoyable jeu d’acteur à vous faire pleurer Molière et consort. Si certains s’en sortent plus ou moins bien, d’autres plombent l’ensemble par leur mauvais jeu.
Hang Jebat souffre de nombreux maux, ceux cités ci-dessus mais on pourrait parler d’un scénario peu imaginatif alors que nous sommes dans un comte légendaire. Une tragédie qui appartient à la culture malaise et indonésienne qui a du potentiel. Le résultat est malheureusement plat et sans saveur. Les personnages y sont stéréotypés au possible, c’est lourd, très lourd. On pourrait parler des messages que tente de nous faire passer le film qui sont des plus tendancieux qui soient. Si j’ai tendance à voir le mal partout, pour le coup, j’ai bien peur d’y voir trop clair. On retiendra notamment que se faire justice soit même c’est mal même lorsqu’on a raison parce qu’il ne faut pas toucher à l’ordre établi…
Ce dernier film de Hussain Haniff que nous présente le Cycle Singapour, Malaisie : Le Cinéma ! jouit parfois d’une clairvoyance dans la réalisation mais celle-ci ne parviendra pas à rattraper les longueurs parsemées dans le film, ni améliorer une fin épouvantable des plus désolante qui soit. On notera juste le personnage de Hang Jebat qui se transforme par moment en un véritable révolutionnaire psychotique qu’un Chang Cheh aurait affectionné et largement plébiscité, malheureusement (une fois de plus) le jeu catastrophique de l’acteur ne rendra pas ce personnage marquant alors que cela aurait pu être tout autre. Pas grand-chose à sauver de ce Hang Jebat donc…
I.D.