Comme quoi, c'est pas tous les jours facile la vie de contrôleur...
Il est assez courant que je prenne mon clavier pour me plaindre de la SNCF, de ses trains, de ses retards et de ses agents. Et pourtant, il faut bien avouer qu'il n'est pas toujours très simple d'assurer l'organisation des transport dans une telle entreprise sans que le moindre grain de sable ne vienne perturber la mécanique quotidienne des allées et venues des trains. Pas toujours très drôle pour les agents d'assurer leur rôle en toute sérénité.
Il y a quelques jours, j'ai assisté à une scène assez hallucinante dans un train Corail. Quand il y a des contrôles dans les trains, c'est assez courant que les contrôleurs tombent sur des fraudeurs, souvent d'assez mauvaise foi. Classiquement, les voyageurs sans billets, ou voyageant avec des billets non compostés, ou bien encore avec des réductions auxquels ils n'ont pas droit.
J'étais donc confortablement assis dans le train, à un emplacement à quatre. Face à moi, un couple d'inconnus, qui semblait assez complice. De l'autre côté de l'allée centrale, un jeune, un peu artiste, qui faisait face à deux jeunes filles. Le contrôleur passe, demande mon billet et celui du couple qui me faisait face. No problème, tout est en règle... Il passe ensuite aux deux jeunes filles, sans problème également, puis viens le tour du jeune homme au look artistique. A la réaction du contrôleur, on comprend très vite que le jeune homme n'est pas en règle, et qu'il doit donc acheter un nouveau billet. Le jeune homme demande pourquoi. Il a bien un billet, mais celui ci est un billet "prems", acheté moins cher sur Internet, pour le même train, mais à un autre horaire. Les billets "prems" étant "ni échangeables, ni remboursables", et valables exclusivement pour les trains pour lesquels ils ont été achetés, le voyageur doit acheter un nouveau billet plein tarif.
Le jeune homme reste calme, et tente simplement de se justifier en disant qu'il a un rendez-vous sur Paris et qu'il avait peur d'être en retard compte tenu que les trains à la SNCF, c'est bien connu, n'arrivent jamais à l'heure. Précisons, que, fait exceptionnel ou non, le train n'avait ce jour là aucun retard, et n'avait d'ailleurs aucune raison particulière d'être en retard. Le contrôleur rétorque donc à notre voyageur que, dans ce cas, il aurait pu acheter un billet prems pour le train précédent, ou acheter un nouveau billet en gare. Tout va bien, le voyageur a compris et se résout à acheter un nouveau billet... jusqu'à ce que les demoiselles s'en mêlent.
Les demoiselles ont commencé à défendre le bel Apolon, arguant qu'il n'avait pas à payer un billet plein puisqu'il avait déjà acheté un billet, qu'il était de bonne fois, que les trains étaient toujours en retard et que, cerise sur le gâteau, le contrôleur n'était qu'un fonctionnaire zélé qui ne pouvait rien comprendre et qui s'en prenait toujours à la veuve et l'orphelin. Sentant la tension monter, la police ferroviaire qui n'était pas loin arriva. Le contrôleur, voulant mettre fin à cette manifestation de la vox populi dit au jeune homme qu'il avait deux choix : soit payer de suite, soit donner sa carte d'identité. Le jeune artiste, dans un éclair de réflexion qui lui a sans doute grillé un ou deux neurones, dit "Ah, parce que je peux ne pas payer ?". Ce à quoi la police ferroviaire fit remarquer que cela risquait de lui couter plus cher. Ragaillardit par ses groupies, le jeune homme dit que de toute façon, il était dans son droit, qu'il ferait réclamation et qu'il connaissait du monde. Je regardait le couple en face de moi, qui chuchotait, arborant sans doute le même sourire que moi.
Tandis que le contrôleur était en train d'établir son PV, vin alors une petite vieille - genre 60/70 ans - qui traversa la moitié du train pour interpeler l'agent de la police ferroviaire. Dites moi, monsieur, que fait la police dans les trains... Vous êtes là pour protéger le contrôleur ? Depuis quand il y a la police dans les trains ?... Réaction anti-police qui m'énerve au plus haut point. Le jour où la vieille se fera agresser - sans qu'aucun voyageur ne réagisse - elle sera bien contente que la police ait été présente. Le policier a simplement - et calmement - expliqué à la dame que la police ferroviaire a toujours existé, notamment au niveau des frontières, des gares, et pour assurer la sécurité des voyageurs.
Heureusement, le terminus est arrivé... Ce qui mit fin à cet évènement et au calvaire du contrôleur. Ces derniers n'ont vraiment pas un métier facile.