Tendances à 18 h, apanage du vote utile ?

‘est la polémique du moment dans la sphère médiatique et de coutume, elle concerne l’élection présidentielle. Cette fois-ci, le débat se positionne sur la publication des premières tendances de vote à partir de 18 heures sur Internet.

Mise en avant par Jean Marc Morandini, cette nouvelle polémique vise à ne pas priver l’internaute français des premières estimations de résultats qui circulent dans les rédactions à partir de 18h-18h30. Sous couvert du “droit à l’information”, un certains nombre de blogs vont ainsi pour le premier tour publier les estimations “fiables” (notez la forte contradiction entre ces deux mots qui symbolise à elle seule la situation) avant l’horaire officiel de 20 heures pour les autres médias. D’après la loi française, la publication de ces résultats est sanctionnée d’une amende de 75 000 euros.

Cela étant, pour reprendre un peu les argumentaires pour cette initiative, elles reposent sur une mise à disposition des estimations sur les sites étrangers (notamment belges, allemands ou espagnols) qui peuvent être consultés de manière très facile par tous électeurs français préalablement à leurs votes (ce qui concerne uniquement les grandes agglomérations car leurs bureaux de vote ferment à 20 heures). Alors la question est pourquoi eux et pas nous ? A cela une première réponse, c’est la loi ! Basique comme raisonnement cela étant, de manière légale c’est bien la seule réponse que l’on apporter à cette question.

Ensuite, on peut également s’interroger sur le rôle réel que peuvent avoir ses publications sur les votes. Deux possibilités s’affrontent alors. Est ce que les gens sont si indécis que cela et ces estimations vont constituer pour les électeurs citadins un moyen de détermination supplémentaire ou alors, les électeurs sont conscients, et ils ne vont pas remettre en cause leurs convictions au profit d’un second tour plus convenable. Là est toute la question. Dans le cas d’une (mauvaise) surprise annoncée en avance, de nombreux électeurs citadins pourraient alors changer d’avis dans l’optique d’éviter une catastrophe électorale. Cela étant, dans une vision globale (et qui ne met aucunement en cause des idéologies politiques) et démocratique, si cela était le cas, le vote de conviction n’existerait plus au profit d’un vote utile. Et voilà en quoi je trouve que cette proposition est grave car dans des circonstances particulières, elle pourrait entrainer pour une partie des électeurs un renoncement idéologique au profit d’une logique d’anti 2002.

Je suis donc profondément contre ces publications (même si je suis favorable à une nouvelle règlementation dans ce domaine) qui de manière peut évidente à déterminer dans le résultats final va nécessairement influencer quelques personnes. Et puis malgré que des sites étrangers proposent des estimations en avance, cette pratique remet quand même en cause de manière profonde le principe de vote et toute l’équité et la liberté de choix de chacun à ce moment là.

Il est à noter également que les estimations fournies à l’étranger proviennent tout de même des instituts d’opinions françaises…