En salles : Allez, à mon tour ! Les bilans, c’est comme la bûche : plus on découpe de tranches, moins il y a de réclamations autour de la table. On se limitera donc à une bûche ciné 2009 en 10 parts. Bon app’ !
L’entame – le meilleur :
Vincere : quoi, toujours pas vu ? 170 000 entrées au compteur, c’est trop peu, pour ce chef-d’œuvre. Monumental. Impressionnant. KO. Vincere, c’est LE film de l’année, point barre. Ce biopic de la maîtresse cachée de Mussolini, Ida Dalser, est l’œuvre de Marco Bellocchio, cinéaste septuagénaire dans la pleine force de ses moyens. Interprétation grandiose, audace d’une réalisation qui ose tout (surimpressions, images d’époque, extraits du Kid de Chaplin), BO qui sample opéras classiques et morceaux originaux, scénario de haute volée politique et dramatique, pour un mélodrame qui magnifie la volonté de résister dans toutes les situations. Rentré bredouille de Cannes – non capisco, Isabelle !
1ère part, celle avec le Père Noël :
Le Ruban blanc : le film de la consécration. Palme d’Or à Cannes, incontestable. Un film-somme qui constitue la matrice de toute l’œuvre d’Haneke. Tournée en 35 mm, transféré en numérique, le film bénéficie d’un superbe grain de noir et blanc. Flash back sur une année dans la vie d’un village, à la veille de 1ère Guerre mondiale. S’y déroulent de mystérieux événements, narrés en voix off. Tous les thèmes de Haneke s’y trouvent magnifiés, dans une oeuvre qui se situe – pour faire court - au confluent de Losey et Bergman. Palme d’Or amplement méritée.
Un peu de crème de marrons ?
Inglourious Basterds (découvrez notre dossier : trailer, photos, buzz...) : difficile de ne pas admirer l’ultime puzzle cinématographique de ce sale gosse ultra-doué, qui provoque aussi bien l’agacement que le respect, parfois l’ennui mais le plus souvent une intense jouissance cinématographique rarement égalée cette année. Et qui interroge notre rapport à l’histoire et au cinéma. Chapeau, Quentin !
La part avec la scie :
Un prophète : comment passer à côté ? Les Inrocks et Les Cahiers l’ont fait ! Même si je préfère De battre…., impossible de ne pas saluer la maîtrise de la réalisation d’Audiard, la force de l’interprétation - surtout, la naissance d’un acteur, Tarik Rahim – la vigueur d’un scénario sans gras qui le rapproche de Bresson, pas moins. Un film fait honneur au cinéma, tout court.
La part avec les champignons :
Les Noces rebelles : Mad Men + Desperate Housewife revu par Bergman made in US. Le film à voir absolument en couple. Idée de casting la plus fulgurante de l’année : reformer le duo de Titanic, toujours vivace dans l’inconscient des spectateurs. Et puis, Michael Shannon… !
Hmmm, encore de la crème au beurre !
Whatever works : Woody’s back in America ! Dialogues étincelants, inventivité de la mise en scène, comédiens qui se régalent – perso, ai un gros faible pour Patricia Clarkson…- qui dit légèrement des choses graves …Bref, Woody à son meilleur.
La part avec le chariot du père Noël :
Public Enemies : chaque année, c’est la même chose, tout le monde s’extasie sur le nouveau film de Michael Mann, et au final, rien ! Absent des tops critiques, absent des tops spectateurs, absent des récompenses. Sûrement le plus stylé et le plus racé des réalisateurs en activité, qui n’a pas son pareil pour forger à la force de la caméra le destin d’un homme bigger than life.
La part du bonhomme de neige :
Les Etreintes brisées : on sent la critique commencer à se détourner d’Almodovar…Pourtant, c’est son film le plus flamboyant depuis Talons Aiguilles : maîtrise d’une narration tout en circonvolutions temporelles, déclaration d’amour au cinéma, résonances d’Antonioni et de Rossellini. Et puis Penelope, pénéloppissime !!
L’avant-dernière part, avec encore une scie ?
The Wrestler: Double come back inespéré. D’abord, celui de Mickey Rourke en catcheur sur le retour. Derrière la force documentaire du milieu du catch, le portrait d’un acteur en survie, en renaissance. Totalement inattendu de la part de Darren Aronofsky, en plein come back après la saumâtre Fountain. Un film qui fleure bon les 70’s et qui donne envie d’aimer le cinéma !
La dernière entame, c’est pour qui ?
Les Regrets : pour les pleurs d’Yvan Attal, et l’implacable mise en scène de la folie amoureuse au masculin. L’échec public le plus injuste de l’année de l’année.
Ah, il en reste un petit bout ?!
Un complémentaire : Ricky ! Ozon ose tout, mélanger Bunuel et Pialat. Trop fort…
Et les restes de mousseline et de crème ?
Et j’aurais pu également citer Les Herbes folles, A l’origine, Tetro, Max et les Maximonstres, et pour faire plaisir à Marcel Martial, Very Bad Trip, of course.
Travis Bickle