Cela peut paraître amusant si ce n’était grave. Les évasions se sont multipliées cette année et c’est la plupart du temps en creusant un trou dans des murs de carton, pourris par les années, que plusieurs individus se font la belle.
Pourtant, il est à regretter que les années précédentes n’aient pas servi de leçon. Ce n’est pas la première fois que des détenus s’évadent en cette période de fête. Visiblement aucune leçon n’a été tirée du passé. Il n’est plus question désormais de se contenter des atermoiements des responsables -à tout niveau- qui une fois encore vont nous servir la vétusté de cette prison qui date, est-il besoin de le rappeler, de l’époque du bagne.
La Nouvelle-Calédonie est riche nous dit-on. Un médipôle est en projet qui va coûter des milliards. La France continue à oeuvrer grassement dans de nombreux futurs projets de construction ici. Et l’on attend encore que quelques millions soient investis dans la sécurité de l’unique prison calédonienne.
Un rapport -pas le premier- a dénoncé la vétusté de nombreuses maisons d’arrêt en Métropole et dans les DOM-TOM. Qu’en est-il du Camp-Est qui, sauf erreur, a également été visité? Va-t-on nous rétorquer que nous sommes un POM et qu’à ce titre, il n’est pas possible de s’intéresser de la même manière aux problèmes d’incarcération du Territoire? Nos élus vont-ils nous expliquer que c’est à la France d’intervenir en ce cas parce que la compétence régalienne concernée – La Justice- n’est pas de notre ressort?
Devra-t-on attendre que des actes meurtriers soient commis par l’un ou l’autre des évadés pour comprendre la situation? Faudra-t-il qu’une victime porte plainte contre l’Etat pour faire bouger les choses?
On peut comprendre lorsque l’on sait les conditions de vie des détenus qu’ils veuillent s’échapper! On peut admettre qu’en cette période de fêtes ils aient envie de retrouver les leurs! Ce que l’on ne peut comprendre c’est le laxisme des autorités devant une situation qui devient ridicule de mois en mois, d’année en année.
Il ne fait aucun doute que d’autres évasions auront lieu. Un jour prochain, il faudra bien que les responsabilités soient prises et assumées par ceux-là même qui prétendent nous faire la leçon sur la façon dont doit être géré le Pays. Il en va de la sécurité du citoyen et, au-delà de cette sécurité, de celle des détenus quand on connaît leurs difficultés à vivre en milieu fermé au Camp Est.
N’attendons pas qu’il soit trop tard. La délinquance a profondément changé ces dix dernières années et les détenus d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier. Que les penseurs réflechissent et prennent en considération que la Nouvelle-Calédonie n’est plus la petite île ignorante de ce qui se pratique ailleurs.