Et voilà, une année de plus. Et une série de rétrospectives de plus. Les meilleures moments de l'année, les sportifs de l'année, les gamelles de l'année, les femmes de l'année, la plus grosse poilade de l'année, le bêtisier de l'année, les comiques de l'année (TV Câble Sat), sans oublier les 20 ans du zapping, la chanson de l'année (TF1), les 100 plus grands (re-TF1), l'émission de Ruquier sur France 2, "2009, on a tout revisité", les 100 stars les plus sexys de 2009 (Jimmy), l'année de France info, j'en passe et des meilleurs.
Ce qui me frappe, c'est cette volonté de vouloir absolument écrire sa propre histoire, en présentant aux masses bêlantes ce qui doit sans faute être retenu des 365 jours écoulés. Au cas où on n'aurait pas remarqué. Ils finissent l'année en nous prenant une dernière fois pour des cons. La rétrospective, c'est la cerise sur le gâteau des informations diffusées sans réflexion. Je ne dis pas qu'une rétrospective en soi n'est pas regardable : je dis que leur multiplication révèle le vide de la pensée des princes qui nous inondent numériquement ou télévisuellement.
Tous les jours, il se passe des tas de choses dont les médias, réseaux sociaux et individus connectés s'emparent (je ne parle même pas de ceux qui essaient de créer l'événement à partir de rien). Mais au final, tout le monde se retrouve avec un monceau de faits et d'informations dont on ne sait que faire. Alors on classe, on trie, on évalue, on groupe, on rassemble, comme si l'accumulation et le classement pouvaient donner seuls un sens à tout ça. Et comme la plupart des événements relatés ne volent pas très hauts, les rétrospectives enchaînent les platitudes comme on enfile les perles, avec quelques morceaux de bravoure vus, revus et répercutés à longueur d'antenne et de réseau.
Nous vivons sous la dictature de l'instant. Sachons nous organiser pour résister, comme une armée des ondes qui triomphera un jour de l'occupation de la scène par les fumistes et cuistres de tout poil. Plus que l'événement qui survient, regardons le phénomène médiatique créé et essayons d'en comprendre les tenants et aboutissants. Le hasard a rarement cours et un simple regard décalé permet souvent de comprendre qui a intérêt à quoi dans l'histoire. Car les médias, qui ricanent des errements observés sur internet, sont les premiers à nous aiguiller sur des fausses pistes.
Regardez l'affaire Johnny : tout le monde s'est jeté sur le docteur Delajoux (il y avait de bonnes raisons pour ça), mais c'était oublier un peu vite les responsabilités de la vedette (qui voulait absolument retourner à Los Angeles pour voir sa famille, mais aussi tourner un nième clip pour Optic 2000) et du producteur, qui avait monté une tournée de la star, initiative imprudente, compte tenu des ennuis de santé de la star, et qui voudra se faire rembourser son annulation, sous réserve de trouver un coupable à déchiqueter. J'ai déjà raconté tout ça ici.
Etant un des premiers à proposer des informations au fil de l'eau, j''ai déjà exprimé sur ce blog mon aversion pour la création artificielle d'information sensationnelle. J'essaie de rappeler régulièrement que telle ou telle info est en réalité une pure invention, un hoax, comme on dit. Je note aussi avec plaisir l'initiative de l'Express qui a décidé la liste des articles dont cet hebdomadaire aurait pu se passer. Plutôt que de donner à tout prix des infos pas très fiables, j'aimerais qu'on puisse prendre l'habitude (moi le premier) de démonter les informations présentées comme telles et qui ne le sont pas le moins du monde. Je serais infiniment reconnaissant à ceux qui éclairent l'actualité, notamment les blogueurs, plutôt qu'à ceux qui l'embrouillent en se précipitant sur la première nouveauté qui passe, sans réfléchir. Et qui nous proposent ensuite le 31 décembre des classements en version bêta.