« Pets & Friends » : ne vous fiez pas aux apparences

Par Actualitté
« Car c'est double plaisir de tromper le trompeur » avait conclu Jean de La Fontaine dans Le Coq et le Renard. Nina Kinert, la jeune suédoise a dû s’inspirer de cette morale pour son troisième album Pets & Friends (Animaux domestiques et Amis) dans les bacs depuis le 5 octobre.
Sous des airs de jeune fille toute sage, elle soutiendrait presque sur ses épaules le combat de la défense des animaux, le poing levé, la guitare sèche en bandoulière, elle se battrait contre les tests pour les produits cosmétiques, végétarienne et ne porterait pas de fourrure et bien détrompez-vous… Pets & Friends n’est pas une révolte, mais juste un pamphlet sur un homme (l’animal) qui joue avec les sentiments de la pauvre jeune fille.

De la folk aux textes brûlants

Quoi de mieux qu'une mise en scène pour décrire une jeune femme qui craque pour un homme qui ne la regarde pas ? Une histoire qu’elle a puisée dans son cœur et dans son corps pour écrire et composer des mélodies aux refrains entraînants et aux fantasmes luxurieux. Elle propose un enchaînement de petites histoires à la voix sensuelle et obscure (« Combat Lover » et « Beast ») où l’homme serait la « bête ». Ce genre d’homme, au regard lascif qui envoûte ses proies au point que la victime serait prête à se donner là, tout de suite, maintenant. La musique folk caresse chaque mot et donne une force particulière à l’album. Enivrée de plaisir, la cible voudrait, et elle l’est sur quelques morceaux décrivant un jeu avec ce « lui » aux sons des tam-tams (« Son gri-gri me suit. Parfum de magie sur ma peau blanche de femme » oui, merci Rose Laurens, on vous rappellera).

Avec pudeur et en douceur, elle succombe à son charme et l’album commence ainsi. Nina décrira plus loin toute la mélancolie des doutes qui rongent une jeune femme qui livre bataille entre son cœur et la raison. Une bataille perdue d’avance.

Univers classique subtil et élémentaire

Nina Kinert s’est fait connaître avec « Through Your Eyes » pour une publicité pour une voiture. Des accents Björkiens elle passe à un genre moins conceptuel. Aux influences d’un Bob Dylan et Johnny Cash, elle est une poétesse à laquelle toutes les jeunes filles peuvent s’identifier ou les femmes qui, coup du sort cruel, auraient été séduites pour un homme engagé. Et c’est en sens que l’album semble plus ou moins fade ou trop guimauve. Les histoires d’un cœur qu’elle a déposé devant la porte de son bien-aimé, qu’il aurait piétiné et bla-bla-bla… une douzaine de titres pour dire toujours la même chose ça fait un peu beaucoup. Fort heureusement, un piano et une guitare sèche, intermittents de ce spectacle quelque peu cotonneux mettent en musique les fantasmes féminins les plus satinés et les plus sensuels.

Ange ou démon, personne ne le sait…

Album tout en douceur, mélodieux et poétique. Le piano et le violon sont des instruments omniprésents comme sur « Beast » ou encore « Golden Rings ». Les airs sont parfois déjà connus ou prévisibles à notre oreille comme sur les titres « Pets & Friends » ou sur « Me Love U Long Time ». Excepté trois pistes qui méritent un intérêt particulier « Combat Lover » qui renvoie à une image sexuellement tribale, « I Shot My Man » qui renvoie à une dignité de la femme et « Beast » pour le paradoxe de l’histoire noire et la délicatesse des notes blanches, l’album est foncièrement redondant.
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