Une vérité crie

Publié le 29 décembre 2009 par Mister Gdec

Il y a certaines vérités criantes qui gagnent à être écrites pour que d’autres s’y reconnaissent et se sentent, enfin, un peu moins seuls… Et pour mettre le nez des autres dans leur propre caca.

Les lignes qui suivent – d’une brûlante intensité et qui résument si bien ce que nous sommes nombreux à ressentir, ce massacre à la tronçonneuse de nos valeurs républicaines – sont de Serge Portelli, vice-président du Tribunal de Paris. Vous pourrez si vous le souhaiter consulter son pédigrée ici, bien que l’on puisse considérer que ce ne soit pas là l’essentiel, qu’il n’y en ait guère besoin quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce que l’on entend, surtout en ce moment dans certaines salles de sous-préfectures provinciales… et dans la bouche de certains élus autrefois républicains qui se lâchent un peu trop, au plus grand mépris des lois.Ils ignorent probablement qu’un acte de « discrimination commise par un représentant de l’autorité publique » est une circonstance aggravante. Et nous ne parlons là pas seulement de ce maire d’un village de 40 habitants de la « France profonde »… Car, encore plus grave, le racisme et la xénophobie, pour ne prendre qu’eux comme sales exemples, sont de plus en plus ouvertement exprimés au plus haut sommet de l’État. Et cela est inadmissible, injustifiable, et condamnable. Que la justice fasse son travail, y compris envers les puissants de ce monde. N’en déplaise à Monsieur Sarkozy qui voudrait bien supprimer les juges d’instruction pour agir plus à son aise sur les terrains putrides sur lesquels il s’avance de plus en plus hardiment.

Dire de ceux et celles qui expriment leurs inquiétudes fondées sur le sujet en faisant un certain parallèle avec les mœurs vichyssoises qu’ils exagèrent, qu’il y a outrance, c’est s’exonérer à bon compte de toute conscience historique, politique, et morale.

Aussi, un grand Merci à toi, Serge, pour ces paroles de résistance véritable. Car nous pressentons confusément les dangers qui te guettent… je suppose toutefois (à juste titre ? A toi de me le dire…) que si tu sembles outrepasser le devoir de réserve propre à ta fonction, c’est que peut-être tu as toi aussi conscience, tout comme moi, de vivre une époque peu reluisante, dans laquelle il est devenu urgent de… désobéir. Je te laisse donc tes mots pour nous le faire savoir :

Extraits de « L’extrême-droite comme si vous étiez », de Serge Portelli, ici.

Le sarkozysme n’est pas la droite classique. L’idéologie qui l’anime n’est pas celle que nous connaissions. Le discours qu’il développe n’est en rien celui que nous entendions, avec tant de variantes pourtant, de De Gaulle à Chirac, en passant par Pompidou ou Giscard d’Estaing. Le vocabulaire qu’il utilise – avec soin – n’est pas celui de la droite républicaine. Son dictionnaire ordinaire emprunte de plus en plus au langage de l’extrême droite et ce langage – qui s’impose insidieusement grâce à l’empire et l’emprise médiatique du système – nous habitue progressivement au pire.

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Enfermer des enfants dans des centres de rétention, expulser des jeunes scolarisés, détruire des familles, faire vivre dans l’angoisse des dizaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants, simplement “coupables” de n’avoir pas de papiers, mobiliser en permanence et pervertir l’appareil d’Etat dans des tâches purement électoralistes, renvoyer des étrangers par charters dans des pays en guerre…. voici la réalité de cette politique nauséabonde. Utiliser la souffrance d’êtres humains pour asseoir son pouvoir aujourd’hui et le conserver demain. Dévoyer les valeurs de la République pour fortifier un clan. Mais il faut, là encore, tordre le cou aux mots pour légitimer ce combat déloyal. L’appellation de ce ministère d’ identité nationale est une honte permanente, une opération de grossière propagande qu’il nous faut dénoncer chaque jour. Sans que jamais ne s’installe le renoncement. La dernière trouvaille est d’engager un vaste débat sur ce qu’est l’identité nationale. Les préfets, qui ont pourtant d’autres chats à fouetter, vont être requis pour cette opération de campagne électorale. Il n’est d’autre réponse que de refuser catégoriquement cette dérisoire opération de marketing politique, refuser le piège de ces mots détournés.

Post-scriptum : N’hésitez surtout pas à diffuser, copier, coller, pirater, courrieller, twitter, facebooker, et tout ce que vous voulez pour participer à votre humble niveau à la diffusion de ce texte qui selon moi contribue à notre nécessaire et vital élan collectif de préservation de nos libertés fondamentales.

El pueblo unido jamás será vencido !

Sur le sujet, voir aussi : Plume de presse