J’ai grandi en vouant un culte au Parrain, en reprenant en chœur le refrain de Peggy Sue s’est mariée, et en frissonnant devant Dracula. Avant de m’intéresser véritablement au cinéma, Coppola faisait déjà partie de mon quotidien (combien de fois ai-je regardé Peggy Sue en VHS alors que j’étais à peine ado ?).
Le jour où il fut annoncé que Coppola retournait derrière la caméra pour tourner L’homme sans âge arriva pourtant sans crier gare. Au passage, le grand nom d’Hollywood tournait le dos aux studios et se posait en indépendant en Europe de l’Est pour confectionner son film retour, un petit bijou de cinéma fantastique ancré dans l’histoire, jouant avec le continuum spatio-temporel avec la passion d’un jeune homme.
Le voir revenir si vite pour un second film dans cette nouvelle carrière qui est la sienne ne pouvait que susciter l’attente, surtout après la réussite artistique de L’homme sans âge. L’attente a été comblée par Tetro. L’attente a été comblée par un film qui confirme que Coppola s’est détaché de toute sécurité, s’est éloigné de tout filet de sécurité pour désormais faire son cinéma.
Son film est un éclair, l’histoire d’un jeune homme débarquant à Buenos Aires pour retrouver ce frère aîné qui a lâché la famille des années plus tôt, fuyant l’ombre paternelle imposante pour se renouveler là où personne ne le connaissait. A partir de cette chronique familiale, de ces retrouvailles joyeuses et douloureuses à la fois, Coppola laisse sa fascination pour la lumière prendre le pas sur tout le reste. C’est la lumière qui est le cœur de Tetro. Visuellement tout d’abord, par ce sublime noir et blanc ponctué de flashbacks colorés, un noir et blanc cherchant toujours à mettre les jeux de lumières en valeur. Les reflets se laissent apercevoir, les ombres s’étalent et prennent vie, les éclairs de lumières sont exploités dès que l’occasion se présente.
Mais la lumière c’est aussi le thème central du film. La lumière imposée
Francis Ford Coppola a 70 ans, et tout ce que je souhaite, c’est qu’il continue à retrouver une jeunesse cinématographique de film en film, tel l’homme sans âge qu’il semble lui-même devenu.