Photographie 1 : Détail d'une estampe intitulée « L'instruction » [texte en allemand et en français] d'un almanach allemand de
l'année 1779. Photographie 3 : feuille complète. Photographie 2 : Gravure intitulée 'La révérence' du même almanach présentant un homme dans une posture ressemblant tout à fait
à la figure du Petit-maître en Chenille décrite dans l'article du 16 mars 2009. Il est donc fort probable que
cette attitude découle de la révérence.
Comme je l'ai dit dans un précédent article, Charles Duclos (1704-1772) écrit que
le français est le plus sociable des hommes. De là vient son goût pour la mode, le bon ton, la politesse, l’éducation, le savoir-vivre … Antoine de Courtin (1622-1685) publie en 1671 un
Nouveau traité de la civilité qui se pratique en France parmi les honnêtes gens. Il écrit que la civilité « n’est que la modestie et l’honnêteté que chacun doit garder dans ses paroles & ses actions. »
Il commence par expliquer qu’elle doit venir de l’intérieur, puis formule différentes règles de langage, de maintien, de propreté,
de politesse, d’usages (à table, au bal …), d’hospitalité, d’écriture, de bienséance … Le but est de ne pas déplaire et de plaire non seulement aux yeux du corps mais aussi à ceux de l’âme ;
d’être naturel, modeste, faire des présents, avoir de l’hospitalité, de la contenance, de l’humilité et de la bienséance, d’être propre et à la mode, d’estimer les autres plus que soi-même,
d’être mesuré, respectueux, d’avoir du discernement, de la bonne humeur. Le livre finit par ces mots : « Il est donc certain que l’usage pourra polir, abolir & changer peut-être une partie des règles que nous donnons ; mais néanmoins comme la civilité
vient essentiellement de la modestie, & la modestie de l’humilité, qui est le souverain degré de la charité, & qui comme les autres est appuyée sur des principes inébranlables : c’est une
vérité constante, que quand même l’usage changerait, la civilité ne changerait pas dans le fond ; & que l’on sera toujours civil,
quand on sera modeste, quand on sera humble ; & toujours humble,
quand on aura la charité chrétienne, qui nous porte à obliger tous ceux que nous pouvons, même contre nos propres intérêts. » Pour finir voici une définition de la civilité que j'apprécie tout particulièrement et qui est tirée du même ouvrage : « d’après les anciens »,
la civilité est « une science qui enseigne à placer en son véritable lieu ce que nous avons à faire ou à dire ».
Photographie 4 : Gravure n°2 tirée de Manières et Modes, avec
pour légende : « Turcaret du Jour prenant une leçon de tournure. » C'est en 1709 qu'Alain-René Lesage (1668-1747) publie la pièce de théâtre intitulée Turcaret. Cette
satire des milieux financiers fait scandale à sa parution. Elle dépeint notamment le personnage de 'Turcaret', financier parvenu dépourvu d'éducation. L'image ici date de la toute fin du XVIIIe
siècle ou du début du XIXe, et présente un de ces financiers cherchant à acquérir du style. Les deux personnages représentés sont à la mode à cette époque, mais la tenue d'incroyable du petit
Turcaret accentue son ridicule.
Photographie 5 : Dans La Comédie de notre temps (1874-1876),
Bertall (1820-1882) occupe tout un chapitre sur « La civilité » qui commence par cette vignette.