Drame musical - 1h40Sortie salles France - 23 décembre 2009avec Negar Shaghaghi, Ashkan Koshanejad, Hamed Behdad, Prix Un certain regard - Cannes 2009
Pour m'enlever l'amertume du film Kinatay vu précédemment, j'avais envie d'une belle séance de cinéma, d'un film qui transporte et qui rend à la fois très heureux(se) d'être ainsi baladé(e). Qui donne le sourire et qui vous serre par moments l'estomac. Ce fut chose faite avec Les chats persans. Quel régal !! L'histoire de la jeune Negar, jeune femme contemporaine qui porte son foulard avec la nonchalance iranienne, et d'Ashkan, est prétexte à une immersion dans les univers des musiques actuelles de l'Iran. Ces musiques (rap, rock, pop, folk), pour avoir la chance de les entendre, il faut descendre dans des studios secrets et très souterrains, sur les armatures de ponts, dans des granges de fermes reculées, dans des barraques insonorisées sur les toits des immeubles... Ils sont obligés de se faire discret, ne pas gêner le voisinage qui alerte facilement la police qui vient rapidement sur les lieux tout confisquer et emprisonner...Téhéran. Negar et Ashkan sont passionés de musique rock-indie. Leur rêve serait de jouer, de monter un groupe, de faire des concerts. Mais en Iran, il faut obtenir des autorisations pour faire un disque ou organiser un concert public. Reste comme autre choix d'émigrer vers des cieux plus démocratiques, encore faut il avoir des passeports et des visas. Ils rencontrent Nader, le roi des bons plans, et surtout le roi de la tchatche, qui une fois convaincu, promet de se décarcasser pour leur faire rencontrer des musiciens clandestins qui pourraient compléter le groupe ou les aider pour un concert underground...
C'est filmé avec brio, on roule comme on peut sur les motos qui se faufilent dans les embouteillages ou les ruelles de la ville. Filmé sur deux roues. Filmé sans autorisation justement. Car les contraintes des musiciens existent évidemment pour les cinéastes. C'est le drame des iraniens qui veulent créer. Ils chantent leur soif de liberté, leur douleur de ne pas l'atteindre. Alors oui ce film a des accents de documentaire, mais il est bien plus que ça car le travail de réalisation, dans les conditions que le film a connu, est d'autant plus méritant. Et puis l'histoire ne tombe jamais dans le cliché mièvre. Pas de romance entre Negal et Ashkan. Pas de pleurs sur son sort. Et puis une fin qui surprend : on porte déjà le deuil, mais non, rien n'est fini, on doit espoir garder.
J'ai adoré découvrir le Téhéran féminin d'aujourd'hui à travers Les pintades à Téhéran de Delphine Minoui. Ici, ce serait "Les passionés de musique" à Téhéran, et c'est vraiment grand grand grand.
Que dire d'Hamed Behdad ? Cet acteur qui joue le rôle de Nader, est juste incroyable, un débit de parole incommensurable qui le fait se dépatouiller de toutes les situations délicates. Un acteur que les réalisateurs doivent forcément s'arracher. Courrez voir ce film vous comprendrez. Et vos oreilles vous remercieront aussi de tant de pépites musicales..
Le site officiel du film - Les chats persans"Filmer le rock à Téhéran" - Les InrocksL'avis de Kilucru - Les Irréductibles