Le public demande à longueur de sondages que la télévision puisse relever de nouveaux challenges, savoir innover, proposer du nouveau et de l’inédit. Et pourtant, à l’occasion de cette fin d’année, alors que les bêtisiers réinvestissent les écrans, il est intéressant de se pencher sur les scores réalisés par les deux premières émissions diffusées ces jours derniers.
> Dimanche 20 décembre, France 3, 20h35 : “Le grand bêtisier 2009” présenté par Cyril Hanouna. Score d’audience : 4.9 millions de téléspectateurs et 16.8 % du public présent devant sa télévision.
> Lundi 21 décembre, M6, 20h40 : “Le grand bêtisier 2009″ présenté par Sandrine Corman et Alex Goude. Score d’audience : 4.7 millions de téléspectateurs et 18 % du public présent devant sa télévision.
Le bêtisier demeure donc à cet égard une institution télévisuelle, qui a ses inconditionnels et qui réussit à perdurer au delà des époques. Peu de programmes peuvent se vanter d’une longévité comme celle-ci, il y en a bien un pourtant…
Alors, si l’on cherche à comprendre de quel modèle originel télévisé le bêtisier est issu, il s’agit de dénombrer tout d’abord quelques points de spécifications. Un bêtisier se fonde la plus généralement du temps sur la mise en exergue de micro événements qui n’ont d’incidence que dans leur lieu d’expression réel. Seulement, ils sont récupérés comme faisant partie d’un bêtisier puisque leur déroulement s’est avéré ne pas rentrer dans la norme généralement établie (exemple le plus commun : quelqu’un marche dans la rue puis rentre de plein fouet dans un poteau). C’est cette dissonance qui donne l’accréditation bêtisier à une scène somme toute banale.
Avec cet exemple, je me permettrais un parallèle avec l’univers journalistique via lequel le bêtisier puise, selon moi, l’un de ses fondements originel. Plus précisément, je m’attacherais à scruter ce qu’est et ce que représente un fait divers pour un journal télévisé. Un fait divers est à son origine un micro événement qui n’a d’incidence que sur son environnement proche puisqu’il concerne en majorité que des actants issus d’univers proches. Ce qui le met à la une de l’actualité est bien son caractère inatendu dans le déroulement classique des choses. (meurtre, braquage, évasion, etc.) Avec ces conditions réunies, le local devient national avec une portée souvent impensable.
Le bêtisier n’en demeurera qu’au stade de la rigolade de l’instant ne portant à aucune conséquence postérieure, simplement il est intéressant de constater comment divertissement et information se fabriquent en partie de manière analogue. Troublant n’est ce pas ?
Références : Bêtisier, Journal, Réflexion Réactions de lecteurs