À la fin de la séance, deux références me sont venues à l’esprit: Unforgiven, chef d’œuvre de Clint Eastwood, et aussi Cormac McCarthy pour la tonalité de l’histoire.
Pas étonnant donc que John Hillcoat se soit vu confier la réalisation de La route après avoir réussi en 2005 une mise en scène aussi convaincante de The proposition, dont le scénario fut signé par son compère Nick Cave qui en composa également la musique…
La violence est bien sûr au cœur du sujet, mais à la différence des films de Tarentino ou Audiard encensés par le crétinisme journalistique, la violence de The proposition ne se présente pas comme une violence gratuite, esthétisante, destinée à conforter la jouissance morbide et distanciée du consommateur cynique postmoderne interpassif et narcissisé, la violence de The proposition est celle des fondements mythiques de notre société elle-même. Dont l’histoire se déroule fin du XIXe siècle en Australie pour le coup…
Après les précautions documentaires d’usage attestant de la dimension historique du récit, la scène inaugurale plonge immédiatement le spectateur in media res, en plein chaos, une violence mythique originelle et aveugle, les balles pleuvent de l’extérieur et semblent rebondir en tout sens… avant qu’un certain calme enfin se fasse et que La proposition puisse avoir lieu. Dans une ambiance d’hébétude et d’instabilité : le capitaine Stanley arrivé sur place pour mener à bien sa mission de civilisation, éclate à coup de crosse le visage de l’adolescent Mickey Burns avant de proposer à son frère Charlie Burns, dûment entravé, qu’il descende lui-même son propre frère aîné Arthur Burns avant neuf jours, au terme de quoi le puîné des Burns sera pendu en place publique le jour-même de Noël…(la suite à venir… peut-être!)