Décidément l'avenir de la lecture au centre des débats. Pierre Assouline revient sur l'émission Répliques consacrée à ce sujet, animée par Alain Finkelkraut sur France-Culture hier. Comme il le dit justement, la présence d'autres interlocuteurs aurait été souhaitable. Il cite Thierry Baccino, professeur de
psychologie cognitive et ergonomique à l’université de Nice-Sophia
Antipolis et directeur scientifique au Lutin (Laboratoire des usages en
technologies d’information numérique):"Non,
il n’y a pas de différence entre lecture papier et lecture écran d’un
point de vue neurologique, ce sont les mêmes zones cérébrales qui sont
activées; oui, l’encre électronique des ebooks permet un meilleur
confort visuel que l’écran d’ordinateur dont le rétroéclairage diffuse
une luminosité qui donne des migraines; oui, la navigation sur écran
perturbe la mémoire spatiale et ne permet pas de se souvenir de la
place d’un mot ou d’une phrase non seulement dans une page mais dans un
support d’information; l’hypertexte enrichit considérablement la
lecture mais présente le danger de faire oublier son objectif de départ,
son but se perdant souvent de dérives en digressions, au risque de
menacer toute lecture vraiment profonde; l’hypertexte est donc très
efficace pour les experts mais dangereux pour les novices; les progrès
technologiques les plus attendus sur le plan ergonomique se feront
principalement dans la qualité du blanc et dans le changement de page,
quand les ebooks seront devenus de simples feuilles que l’on pourra
rouler; les gens s’adapteront, comme ils se sont adaptés en passant du
cinéma muet au cinéma parlant; il y aura deux marchés, celui du livre
fonctionnel (encyclopédies, dictionnaires, manuels scolaires, guides de
voyage…) et celui du livre plaisir qui sera alors considéré peu ou prou
comme un luxe."