Athènes 2008, quartier de Plaka, photo perso Magda
J’ai trois amours : mon pays, Berlin, et la Grèce.
Le pays de l’Olympe m’a accueillie bras ouverts lorsque ma sœur épousa un Grec, me donnant ainsi la clef d’un monde familial entièrement nouveau, chaleureux et heureux. Connaître un Grec, c’est en connaître trente ; un Grec ne va jamais seul. C’est le pays de la fratrie, de la cuisine abondante et gorgée d’amour faite pour quinze personnes, le pays de l’exagération heureuse. Chaotique, Athènes m’a fait rire et m’a émue plus d’une fois, avec ses chats errants, ses conducteurs fous, et ses vestiges d’élégance triste.
Mon amie grecque Yulie m’a offert Dinner with Persephone, un merveilleux journal de voyage écrit sur un an, par la poétesse américaine Patricia Storace en 1996. Bien que le livre ait plus de dix ans, on y retrouve bien la Grèce contemporaine. Certes, l’absence de transports en commun relatée par Storace a trouvé une solution depuis la construction du métro, et Athènes a rencontré la modernité depuis les Jeux Olympiques de 2004. Mais le coeur des Grecs n’a pas changé. Toujours porté par une double vision des choses, à la fois le verre à moitié vide et à moitié plein, champion de la joie douloureuse ou de la douleur heureuse.
Patricia Storace connaît très bien son sujet ; elle parle la langue couramment et maîtrise l’histoire du pays et sa littérature mieux qu’un Grec lui-même. Érudite mais jamais pédante, elle émaille son journal de bord de passages savants sur la vie de Penelope Delta (célèbre auteur pour enfants du XIXe siècle) ou sur la récupération des mythes de l’Antiquité polythéiste par l’Église Orthodoxe.
Elle a le talent d’une conteuse moderne, presque… d’une blogueuse hors-pair. Dinner with Persephone est un délicieux feuilleton, dans lequel la jeune écrivain américaine pose un regard amusé sur la culture hellène. On a le sentiment de voyager avec sa meilleure amie, une fille toujours prête à découvrir une nouvelle île, à essayer une bouteille de raki, à discuter avec le peintre d’icônes ou le vieux paysan des montagnes. Une copine, aussi, qui se fait beaucoup draguer par les incorrigibles Apollons locaux. Toute fille qui est allée un jour en Grèce a senti se poser sur elle ces regards insistants assortis, parfois, de demandes en mariage.
Passionnant, érudit, drôle, Dinner with Persephone n’est malheureusement pas traduit en français. Pour les anglophones, le livre est disponible sur les sites de vente en ligne. Cela vous permettra de goûter toute la saveur de la plume de Patricia Storace ! Un livre à recommander, avant tout voyage vers la patrie d’Aphrodite et des moines à longue barbe noire…
PS : je me suis aperçue qu’une de mes blogueuses préférées (qui a cessé depuis longtemps d’opérer sur la toile, la méchante!) avait lu ce bouquin deux ans avant moi déjà… voir son exquis petit article ici.