selon La Presse Canadienne - De Helen Branswell (CP) -
TORONTO - Une pandémie mondiale provoquée par un virus de la grippe qui, selon les chercheurs, a migré du porc à l'homme a été largement choisie comme la principale histoire de l'année au Canada en 2009. Le virus H1N1 a reçu le vote de 70 pour cent des directeurs de l'information interrogés par La Presse Canadienne dans le cadre de son sondage annuel.
"Il n'y a pas un seul Canadien qui n'a pas été affecté ou qui n'est pas intéressé par le virus et par l'impact qu'il pourrait avoir sur leur famille", a dit Sandy Heimlich-Hall, de la station CFCJ-TV, en Colombie-Britannique. "C'est une histoire que les gens ont suivi avec intérêt peu importe où ils habitaient au Canada", a ajouté Lesley Sheppard, du quotidien Moose Jaw Times-Herald, en Saskatchewan.
La grippe A(H1N1) a facilement devancé la mort tragique de Robert Dziekanski, lors d'une altercation avec des policiers de la Gendarmerie royale du Canada à l'aéroport de Vancouver. Cette histoire n'a recueilli que 9 pour cent des voix, contre 70 pour cent pour le H1N1. Malgré tout, plusieurs croient que la grippe A(H1N1) a reçu plus d'attention qu'elle n'en méritait.
"La crise du H1N1 est presque plus connue pour la manière dont elle a été gérée par les médias que pour la rapidité avec laquelle le virus s'est répandu au pays", a dit Victor Krasowski, de la station de radio CJUK à Thunder Bay, en Ontario.
Mais nul n'aurait pu prédire ce qui nous attendait à la mi-avril, quand les experts de la grippe du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des Etats-Unis ont découvert que deux enfants de la Californie avaient été infectés par le même virus de la grippe porcine. Les deux victimes n'avaient pas eu de contact entre elles ou avec un porc.
Le virus était un hybride de deux virus de la grippe qui circulent parmi les porcs en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Et si le virus semble s'être développé chez le porc, c'est chez l'humain qu'il a tout d'abord été détecté.Le CDC a prévenu l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Pour sa part, le Laboratoire national de microbiologie du Canada a découvert que le virus était responsable d'une maladie respiratoire qui avait fait plusieurs victime au Mexique.
L'OMS a attendu plusieurs semaines avant de déclarer sa première pandémie en 41 ans. Mais le délai était davantage dû à des considérations politiques, puisque le virus s'est rapidement propagé à des dizaines de pays. Malgré les premières informations qui ont circulé, une infection par le virus A(H1N1) s'est révélée être essentiellement bénigne pour la plupart des patients - mais pas pour tous.
Au fur et à mesure que le virus s'est répandu, le nombre d'enfants, d'adolescents et d'adultes hospitalisés parce que leurs poumons avaient été gravement atteints a augmenté. Les gens plus âgés, qui sont habituellement plus vulnérables, n'ont été que peu touchés.
A la fin de l'année, le virus avait fauché au moins 400 vies au Canada et quelque 11 500 à l'échelle mondiale. Le responsable de la santé publique au Canada, le docteur David Butler-Jones, croit que le bilan aurait pu être encore plus lourd. "La principale différence entre les (pandémies des années) 1950 et 1960 et maintenant tient à notre capacité à produire rapidement un vaccin, aux antiviraux et à l'efficacité des soins hospitaliers, a-t-il dit. Dans les années 1950 et 1960, ces jeunes - qui ont survécu aux soins intensifs, au ventilateur, etc. - seraient morts. Ils n'avaient pas ces soins complexes qui ont permis aux gens de survivre à cette pandémie."
La production du vaccin a néanmoins été plus complexe que prévu et, quand un nombre suffisant de doses a finalement été prêt, la peur commençait déjà à s'estomper. L'Agence de santé publique du Canada estime qu'entre 40 et 50 pour cent des Canadiens ont été vaccinés. Il s'agira probablement d'un des taux les plus élevés de la planète, mais il reste nettement inférieur à ce qui était anticipé au début de la campagne. L'OMS estime malgré tout que la menace du H1N1 ne doit pas être prise à la légère. Et ceux qui croient que l'ampleur de la crise a été exagérée se trompe, dit le docteur Keiji Fukuda, un conseiller spécial de l'OMS pour la grippe pandémique.
"Une des questions qu'on peut poser est, en janvier ou en février ou en mars, est-ce qu'une nouvelle vague frappera le continent nord-américain?, a-t-il demandé. Et la réponse est: personne ne sait. Et pendant cette période, est-ce que le virus pourrait changer et devenir plus grave? La réponse est: c'est possible. Est-ce que ça se produira? Personne ne sait. Et c'est aussi vrai maintenant que ce l'était quand tout a commencé en avril."
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