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(UK) Doctor Who, 2009 Christmas Special : The End of Time, part. 1

Publié le 28 décembre 2009 par Myteleisrich @myteleisrich

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Russell T. Davies ne nous a pas habitué à faire dans la sobriété en écrivant les épisodes de fin de saison. Je m'attendais donc à un condensé explosif et intense, pour ce double épisode signant la sortie du showrunner qui a ressuscité Doctor Who, ainsi que de David Tennant. Autant dire que nous sommes servis, car il s'agit d'un épisode dans le plus typique style de Russell T. Davies, avec ses atouts, mais aussi ses faiblesses structurelles récurrentes. Le plus souvent, face à de tels partis pris, on adhère complètement ou pas du tout. Bref, on aime ou on déteste, sans juste milieu. Mais pour ma part, plus de 48 heures après le visionnage de cette première partie, je suis encore incapable de trancher. Ces quelques lignes ne vont donc constituer qu'une première esquisse du réel bilan que l'on sera à même de tirer une fois la seconde partie de l'épisode visionnée.

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Cette première partie d'épisode témoigne d'un foisonnement d'idées impressionnant, souvent désordonné mais porté par un dynamisme communicatif. Convoqué par des Oods assaillis de cauchemars et de visions d'évènements en marche sur notre planète au XXIe siècle, le Docteur, toujours perturbé par les récents évènements de Mars notamment, met quelques temps à leur répondre. Dans le même temps, sur Terre, tous les habitants font les mêmes cauchemars chaque nuit. Mais tous oublient le lendemain le contenu de leurs nuits agitées. Tous sauf Wilf, le père de Donna, conscient de l'imminence d'une catastrophe et qui sait déjà que seul le docteur pourrait sauver la situation.

Globalement, cette première partie de The End of Time souffre tout d'abord de son format. En effet, il est manifeste que ce double épisode a été écrit pour être visionné d'une traite. La coupure arbitraire et artificielle en deux parties de la BBC n'avait pas été prise en compte dans la construction du scénario, si bien qu'au lieu d'avoir une période d'exposition d'une durée classique de quelques minutes, cette dernière prend bien plus de temps, en somme proportionnelle à la durée totale de The End of Time. En résulte un long début manquant de rythme et traînant quelque peu en longueur ; un épisode absolument pas fait pour être jugé indépendamment de sa suite.

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Le Docteur subit les évènements plus qu'il ne les provoque ou canalise dans cet épisode, arrivant trop tard pour empêcher la résurrection du Master... toujours interprété par John Simm. Les scénaristes ont imaginé une étrange histoire mêlant culte, société secrète et rituel magique, pour permettre au Master de revenir sans regénération. Autant dire que ces premières scènes, décalées même pour l'univers who-esque et qui évoquent au téléspectateur l'épisode de la saison 3 avec Shakespeare qui mettait en scène des "sorcières",  ne figurent pas parmi mes préférées. Elles constituent avant tout un prétexte à vite oublier pour ramener l'ennemi intime du Docteur toujours incarné par un vis-à-vis parfait à David Tennant.

Plus globalement, c'est l'ensemble de ce qui tourne autour du Master qui verse dans une surenchère pas toujours maîtrisée. Dès le départ, les scénaristes choisissent d'accentuer toujours plus la folie du Time Lord. John Simm délivre une excellente prestation dans ce rôle instable de personnage incontrôlable et excessif, marqué par une insanité dérangeante toujours plus profonde. Même si ses "festins" m'ont quelque peu pesé sur l'estomac (sans doute était-ce dû à la coïncidence des repas des fêtes), l'aspect qui m'a paru le plus contestable réside dans les étranges "super-pouvoirs" dont le Master se voit affubler. Sauter à des centaines de mètres de hauteur, lancer des éclairs avec ses mains... sont peut-être des effets de sa résurrection interrompue, mais nous n'avons aucune explication et cela me paraît complètement hors de propos dans l'univers de Doctor Who. Hormis permettre à ceux qui sont en charge des effets spéciaux de s'amuser, je ne trouve pas de justification à cette étrange mise en scène : inutile pour accentuer la dramatisation, elle est surtout perturbante pour le téléspectateur rationnel.
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En dépit de ces éléments, les premières confrontations entre le Docteur et le Master vont offrir une scène sortant du lot, un instant d'étrange compréhension mutuelle, où, pour la première fois, un Docteur effrayé entend le fameux roulement constant qui est la source de la folie du Master. Quatre coups qui se répètent à l'infini, plus intenses que jamais. Peuvent-ils avoir une origine réelle ? Ne pas être simplement une manifestation de la maladie du Time Lord ? "He will knock four times" avait dit le Ood ayant annoncé sa mort prochaine au Docteur

Par ailleurs, on trouve dans cet épisode d'autres scènes particulièrement magistrales, à commencer par celle qui est sans doute une des plus émouvantes et marquantes que nous est offerte la série : celle de l'échange avec Wilf, au café, qui voit la carapace de protection du Docteur brièvement se fissurer sous le regard plus qu'inquiet du père de Donna. David Tennant délivre ici une de ces plus impressionnantes prestations. Pour le téléspectateur également, voir le Docteur craquer et tenter maladroitement de se reprendre occasionne un brusque pincement de coeur et génère une empathie profonde avec ce personnage qui parle déjà si directement de sa mort. Ce passage d'une intensité émotionnelle rare mérite de rester gravé dans les annales de la série.

L'épisode entier est d'ailleurs placé sous une importante symbolique, regorgeant de références et de petits détails qui ne font que souligner plus avant l'importance et la portée quasi-mythique de l'histoire qui nous est contée. Ce ton est d'ailleurs parfaitement illustré dès la première scène de Wilf entrant dans une église, avec le Tardis du Docteur représenté sur un vitrail.

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Parallèlement, sur le fond, Russel T. Davies décide de repousser toujours plus loin les limites du concept de la série, versant dans une surenchère qui s'auto-nourrit. La brève introduction peu travaillée d'un riche père de famille et sa fille, tellement clichés qu'ils prêteraient probablement à sourire à un deuxième ou troisième degré de lecture, sert de prétexte pour replacer le Master en position de force. Ces deux pseudos "méchants", avant tout inconscients, ont récupéré une machine capable de guérir l'ensemble des êtres vivants sur des planètes entières. Leur motivation n'est pas originale : ils sont en quête d'immortalité. Ils réussissent à mettre la main sur le Master et lui font réparer et reprogrammer la machine... Double inconscience qui va être fatale non seulement à eux, mais surtout à la race humaine dans son intégralité : le Time Lord a modifié la machine de façon à "guérir" les humains en les changeant... en Masters. L'épisode se termine ainsi sur la transformation de l'ensemble des habitants de la Terre en milliards de Masters. La race humaine n'est plus ; et le Docteur se retrouve confronté à un ennemi démultiplié. Ce développement peut être perçu comme un nouveau palier franchi dans la folie du Master, manifestation concrète d'une schizophrénie étourdissante.

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Mais cela ne constitue pas encore le point culminant de la conclusion de l'épisode, où se poursuit une escalade des cliffhangers, offrant des dernières minutes à couper le souffle. Tandis que Donna, qui ne s'est pas transformée en Master, tout comme son grand-père, doit faire face à ses souvenirs qui reviennent brusquement, l'heure se termine sur l'introduction de celui dont la voix nous narrait l'histoire depuis le début : un Timothy Dalton, dont la présence rayonne de charisme, qui se tient devant l'assemblée d'une civilisation oubliée que l'on croyait perdue, les Time Lords. Des Seigneurs du Temps qui ne sont manifestement pas animés d'intentions pacifiques et dont le téléspectateur ne sait trop quoi penser, trop occupé à fixer interdit son petit écran, en jubilant intérieurement devant les possibilités et les ramifications incroyables qui s'ouvrent soudain devant lui face à une telle nouvelle. Nous n'avons pour l'instant aucune explication sur leur retour et son origine (est-ce lié à ce que vient de faire le Master ?). Mais la question effleure à peine le téléspectateur qui, pour le moment savoure, encore sous le coup de l'effet d'annonce, reste juste bluffé et trépignant d'impatience en songeant qu'il va falloir patienter une semaine pour avoir la suite.

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And so it came to pass, on Christmas Day, that the human race did cease to exist. But even then, the Master had no concept of his greater role in events for this was far more than humanity's end. This day was the day upon which the whole of creation would change forever. This was the day the Time Lords returned. For Gallifrey ! For victory ! For the end of time itself !

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Bilan : Cette première partie laisse donc une impression mitigée, avec des instants absolument jubilatoires, et d'autres trop excessifs pour être réellement appréciés. Face à cet ensemble foisonnant d'idées désordonnées, mêlant intuitions originales, réelles bonnes idées et scènes qui laissent perplexes, je reste sur la réserve. Dans tous ses excès, l'épisode s'inscrit pleinement dans le style caractéristique de Russell T. Davies, sorte de respect final rendu par le showrunner à la série qu'il a ressuscitée. On ressent à chaque instant, à travers la symbolique extrême sur-utilisée, le fait que nous nous situons à la fin d'un cycle ; Doctor Who tel que nous l'avons connu va se terminer. C'est un autre chapitre, avec des protagonistes entièrement nouveaux, qui va s'ouvrir avec 2010.

Il faut attendre la seconde partie pour savoir si la sortie de David Tennant sera à la hauteur de ce qu'il a apporté à la série au cours des dernières années ; car ce premier épisode servait avant tout de mise en bouche. Il a posé l'ambiance et les enjeux de cette dernière histoire, il reste à espérer que la suite lui permettra de prendre toute sa dimension.


NOTE : En attente de la seconde partie.


La bande-annonce de la seconde partie :

(Diffusion le 1er janvier 2010 sur BBC1)


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