Un article lu sur Business Week (27 déc.), inspire ce billet (et pour cause).
Son auteur - Robert X. Cringely - y évoque l'originalité - ou non - de ce qu'y est publié via le Web, en commençant par une phrase volontairement provocatrice:
Stop me if you've read this one before. Actually, stop me if you've read anything at all original on the Web over the last year. Odds are whatever you did read was copied or repeated from someone else, who took it from someone else, who took it...and so on and so on.
En substance : Arrêtez-moi si vous avez déjà lu ceci auparavant. En fait, arrêtez-moi si vous avez lu quoique se soit d'original sur le Web l'année dernière. Tout ce que vous avez pu lire était copié ou répété, en provenance de quelqu'un, qui le tenait de quelqu'un d'autre, qui le tenait...etc, etc.
Comme il s'agit d'un article publié dans un magazine économique, cette introduction amène à souligner quelques faits marquants en la matière. Comme, par exemple, le fait que Associated Press ai rendu ses sources payantes depuis le mois de Juin dernier (interdiction d'usage sans paiement au mot).
Au-delà, cela pose quand même un certain nombre de questions.
Évidemment, qu'il y a une sorte de "grand bond en avant " vers la recherche d'information, de ressources, à publier, à partager, à commenter. Évidemment, toutes les sources ne sont pas vérifiées. Et, évidemment, lorsque l'on passe du temps en ligne sur des services dits en 'temps réel', on voit passer des cinquantaines de répétitions à nuances.
Mais: petit rappel. Je mets au défit quiconque, qui n'a pas une connaissance d'expert, de pouvoir vérifier y compris la fiabilité des sources de certains journalistes. Sur des sujets pointus (et notamment d'investigation), c'est strictement impossible. Et, il en a toujours été ainsi. Le Web ne change pas ceci. Et il me semble que c'est un 'faut procès'.
Nous avons toujours été soumis à la qualité de l'information délivrée. Certains le font bien, d'autres de façon - totalement - inconséquente.
En travaillant dans le secteur du documentaire (et notamment scientifique, sociétal, géopolitique, d'investigation), il m'est arrivé très souvent de collaborer avec des journalistes. Qui plus est, en documentaire, il s'agit toujours de l'expression d'un regard (in fine).
Alors, imaginez le travail. Entre la nécessité de rendre une information lisible et accessible, de vérifier chaque point, de comprendre ce qui se joue, d'adhérer, ou non, de détenir les bonnes sources, etc... C'est évidement complexe.
L'article que je cite (sic) est bien-sûr en rapport avec les oppositions/débats etc qui se déroulent actuellement entre presse papier et en ligne, statut du métier de journaliste aujourd'hui et demain - et des journalistes, il en existe dans des typologies très différentes, le collectif... - financement d'un secteur, etc.
Mais, au-delà (car je n'ai pas les réponses à ces questions multiples): en terme de société: oui, nous (ceux qui le peuvent) avons accès plus rapidement à de multiples sources; et, oui, certains peuvent les enrichir d'un point de vue, d'une expérience, voir, de faits, ou d'analyse. A chacun de pouvoir en déterminer la pertinence.
Durant l'année passée, j'ai bien-sûr lu des choses originales (pas du copié/collé). L'expression de regards différents, d'approches multiples. J'ai pu les croiser, les confronter, échanger, recevoir des retours, qui m'ont fait réfléchir et permis d'approfondir certaines approches.
Quelques uns m'ont pointé des ressources, plus pointues, plus pertinentes, décalées, et ce en provenance du monde entier (en tout cas, disons, en anglais).
C'est ceci qui change avec le Web. Une confrontation (au bon sens du terme), une remise en question possible, un approfondissement. Mais, là, et comme toujours, tout dépend de la manière dont on l'utilise.
Tiens, si je devais choisir une image - pour l'année! - , se serait peut-être celle du 'précipité': en chimie, cette phase pendant laquelle un mélange se transforme (vers une phase solide, ou pas). Volutes et couleurs, parfois, et transformation, changement d'état.
Alors, oui, l'année s'achève et, oui, j'ai lu les dizaines de "tendances" 2010 dans tous les domaines, et les vingtaines d'analyses de la 'décade', sur tous les aspects Web, Internet, Mobile, réalité augmentée, 'temps réel', Web et TV, meilleurs ceci ou meilleurs cela...
Mais, j'apprécie plus que jamais cette diversité, cette époque de mix - qu'il faudrait mieux définir - qui, génère - parfois - de belles idées ou applications, déclinaisons.
Puisse l'année 2010 savoir conserver ces différences, y compris au milieu des structurations (économiques, de secteur ) - incontournables, et conserver cette ouverture.
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