William Hogarth est un peintre anglais du XVIIIe siècle. Un féroce. Qui, loin de se contenter de peindre la trombine des grands du Monde de son temps, va en plus croquer les moeurs de son époque. Entre deux portraits d’un prince qui s’emmerde assis dans un fauteuil trop grand au milieu d’un salon rococo, il s’attaque à des thématiques de société. Le mariage et ses codes trop serrés pour être sincères, la politique et ses travers, la prostitution… Il s’en prend à tout et à tout le monde avec un classicisme formel qui, de loin, fait passer ses oeuvres pour des croûtes chiantes à en crever. De près, elle sont savoureuses à souhait.
Le gars Billy Hogarth cartonne. Ses portraits de têtards blindés de fric et ses fresques de bourgeois mal fagotés se vendent comme des iPods. Putes, coke, liqueurs en tout genre… William se gave.
En 1753, Siècle des Lumières oblige, il publie Analyse de la beauté, un traité en 17 chapitres dédié à la composition picturale.
Un an plus tard, il en rajoute une petite couche : il publie une gravure sur cuivre intitulée False Perspective.
Whoever makes a DESIGN without the knowledge of PERSPECTIVE will be liable to such absurdities as are shewn in this Frontispiece.
Il montre simplement aux dessinateurs de son époque ce qu’il ne faut pas faire. Sauf s’ils tiennent vraiment à passer pour des quiches devant les gonzesses.
D’une certaine façon, en voulant une fois de plus moucher ses contemporains, Hogarth pond ce qui peut être considéré comme l’ancêtre des figures impossibles - représentations graphiques d’objets contraires aux lois physiques connues de la nature. La scène toute entière est une figure impossible. A y regarder de plus près, bien sûr. De loin, ça n’est qu’une croûte grattée de plus.
En 1764, William Hogarth décède. Les anglais sont tristes mais la Terre s’en fout et continue à tourner.