Pour une fois, je vais écrire au sujet de notre Président sans forcément en dire du mal (ni du bien : il ne faudrait tout de même pas abuser).
Ainsi, dans notre grande série “disséquons ensemble les médias”, j’avais envie de me pencher sur cette fameuse émission de CBS intitulée “60 minutes” et consacrée, il y a quelques semaines, à Nicolas Sarkozy. Un portrait sans concession, pour un traitement de l’info “à l’américaine” : privilégiant la forme sur le fond... sauf lorsqu’il s’agit d’un fond de scandale ou de polémique.
Vous vous en doutiez : je suis allé chercher sur le Web la vidéo de l’intégralité de cette émission, afin de pouvoir me faire ma propre opinion sur le sujet.
La voici : une fois de plus, beaucoup de bruit pour rien !
On y voit d’abord un petit historique qui ne nous apprend pas grand chose, mais devrait par contre se révéler fort instructif pour le téléspectateur américain moyen, qui situe à peu près aussi précisément la France que l’Afrique du Sud sur un globe terrestre.
On nous précise ensuite que l’homme est un hyperactif - qui en doutait ? - avec un sens certain de la répartie : ainsi, lorsque la journaliste reproche à Sarko une certaine “surmédiatisation”, ce dernier à beau jeu de répliquer que “60 minutes” a sollicité cette interview et qu’en l’occurrence, ils sont les premiers responsables de cette surexposition médiatique ! “Touché !” réplique la journaliste. “Coulé !” conclut notre Président. Toujours efficace dans l’anecdotique. Comme sa politique.
Pourtant, les choses dégénèrent lorsque l’interview aborde - ou plutôt déborde sur la vie privée, évoquant le récent divorce d’avec Cécilia.
“What’s going on ?”
“Eh bien ça ne vous regarde pas ! Et si j’avais une déclaration officielle à faire, ça ne serait certainement pas dans cette émission.”
Clarté et dignité, on ne saurait que s’en féliciter... si le même Nicolas Sarkozy n’avait pas auparavant utilisé les médias à outrance, tant dans l’affaire des infirmières bulgares que lors du petit défilé familial qui a suivi son élection...
On ne peut pas jouer impunément avec les journalistes, les nourrir en infos lorsqu’on a besoin d’eux, puis les jeter comme des malpropres lorsque les questions deviennent embarrassantes.
Admettons que cette interview frisait allègrement avec le racolage people le plus abject.
Acceptons que notre Président, stressé par un emploi du temps plus que surchargé, ait estimé, à juste titre, qu’il n’avait pas à perdre davantage son temps.
Comprenons qu’il soit encore personnellement affecté par cette séparation et ne souhaite pas l’évoquer publiquement.
Et, au corps défendant de la télévision américaine, rappelons que la tradition de “première dame” est beaucoup plus forte aux states que chez nous.
Après tout, nos “first ladies” précédentes, de Tante Yvonne à Anne Aymone en passant par Tatie Danielle ou Bernadette, étaient loin de posséder le sex appeal d’une Cécilia.
Mais la France a élu un homme, pas un couple présidentiel.
Et quoi qu’on pense de cet homme et de sa politique, il a choisi de bosser et de le faire savoir... pas forcément de dévoiler ouvertement ses faiblesses ou sa pudeur.
Cela mérite le respect.