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Copenhague, échec de l'ONU

Publié le 27 décembre 2009 par Patjol
Copenhague sirène
On allait voir ce qu'on allait voir. Ce sommet, qui arrivait après les conclusions reconnues des experts du GIEC, allait faire entrer le monde dans le 21ème siècle de la gouvernance mondiale, avec des chefs d'États qui prendraient enfin leurs responsabilités. Au final, ce mégasommet a accouché d'un pseudo-accord, a minima, qui n'engage personne sur des objectifs concrets.
Le problème, c'est le multilatéralisme : Les nations unies fonctionnent suivant la règle de l'unanimité. Et pour obtenir l'unanimité, un seul moyen : le consensus. Le problème, c'est que tant qu'il n'y a pas consensus on abaisse le niveau des exigences jusqu'à supprimer carrément la clause qui ne fait pas l'unanimité (on appelle ça un crochet). C’est ce qui explique, à l’arrivée, un texte mou qui ne définit pas de contrainte.
Ces grandes conférences, initiées par les Nations unies dans les années 90 sur des sujets de société comme l'eau, la santé, les droits de l'homme, le désarmement, les droits des femmes, des enfants ou sur la pauvreté, ont progressivement pris la forme de mégasommets impliquant des milliers de participants politiques ou ONG. Mais elles n'aboutissent pas souvent à des résultats concrets.
A Copenhague, le problème venait surtout de l'incapacité des grands États à trouver un terrain d'entente. En effet, dans la pratique on constate que quand il y a consensus entre les grands acteurs, les autres finissent par suivre. Au pire, certains États ne ratifient pas le traité mais ce n'est pas grave.
Un point inquiétant, c'est la faiblesse de l'Union Européenne. Les États européens ont peu pesé, mais l'UE a carrément été absente. Pourtant, elle était la mieux placée pour jouer le rôle moteur qui a manqué à ce sommet. Elle n'a pas attendu Copenhague pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, et pouvait jouer un rôle d'intermédiaire entre les pays développés et les plus pauvres. Le problème, c'est que quand les États-Unis et la Chine ne veulent pas avancer, ils ont la capacité de bloquer tout le processus.

Alors que faire ?

A l'ONU ce qui fonctionne, ce sont les institutions internationales comme le FMI. Elles ne consultent pas 192 pays dans des conférences réunissant des milliers de participants, elles décident dans leur champ de compétence. Elles sont capables d'actions rapides et de réactions urgentes comme face à la crise financière que nous avons traversée. Il faudrait donc une organisation mondiale de l'environnement.
Sur le même sujet, l'Europe a adopté le paquet énergie-climat, très contraignant. Aurait-on réussi un tel objectif par des conférences intergouvernementales ? Je ne le crois pas. L'Europe a réussi à avancer parce qu'elle est sortie du multilatéralisme de ses débuts (ce qui a donné la CECA, Airbus et Ariane) pour entrer dans une phase plus efficace, avec des institutions fonctionnant suivant la règle de la majorité.
Est-ce que le sommet de Mexico, l'an prochain, permettra de sortir de ce marasme ? Rien n'est moins sûr. Espérons qu'Obama aura vraiment mandat pour négocier, après avoir fait voter par le congrès ses objectifs de réduction des GES. Les optimistes parlent d'une prise de conscience mondiale qui aurait émergé à Copenhague, je n'en suis pas convaincu. Je pense que tout le monde est conscient des enjeux, mais que certains préfèrent le suicide collectif, du moment qu'il ne compromet pas leurs intérêts nationaux.

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