C'est l'heure des bilans, et comme tout le monde, Renvoi aux 22 sacrifie à la tradition. Mais pour changer des habituels "tops et flops" qui émaillent les compte-rendus annuels, on a choisi de "se souvenir des belles choses" et laisser de côté les mauvais moments. Voici donc 15 raisons (évidemment subjectives) de se dire que 2009 fut une belle année rugbystique...
Le 14 juillet avancé d'un mois...
On sait le XV de France attaché aux coups d'éclat. Et celui du 13 juin 2009 ne fut pas le moins brillant. Face à des All Blacks sans doute moins fringants qu'ils ne le furent en novembre dernier et décimés par les blessures (certains médias locaux les présentant d'ailleurs comme "la pire équipe de l'ère professionnelle), les hommes de Marc Lièvremont ont réédité l'exploit du 14 juillet 1979, en l'emportant sur le terrain des hommes en noir sur le score de 27 à 22. Et il s'en fallut de peu qu'il ne refassent le coup des bleus de 1994, en chutant de quatre points seulement une semaine plus tard. On peut vraiment estimer qu'une équipe est née lors de cette tournée...
Retour dans le Botha mondial
Evidemment, les champions du monde en titre étaient fatigués. Evidemment, il s'agissait "seulement" d'un test. Mais les tricolores ont gagné avec la manière, en battant les Springboks de Bakkies Botha et Victor Matfield sur leurs points forts, mêlée et touche, et en offrant aux spectateurs du Stadium de Toulouse une performance accomplie. Au soir de ce match remporté 20 à 13, les coéquipiers de "Capt'ain Dusautoir" ont retrouvé un rang plus en rapport avec leurs ambitions...même s'il leur faudra déchanter quinze jours plus tard face aux Blacks redevenus intouchables...
Respect, Monsieur Pelous
Ce n'est pas un bon souvenir, mais cela restera un grand moment. A la 49ème minute de la demi-finale de Top14 entre Toulouse et Clermont, Fabien Pelous laisse sa place à Romain Millo-Chluski. Comme une forme de passation de témoin, le vaillant capitaine du Stade Toulousain et de l'équipe de France tape dans la main de son coéquipier et se laisse porter par les applaudissements nourris du stade Chaban-Delmas. C'est un grand bonhomme du rugby Français qui arrête sa carrière. Bravo et merci, Monsieur Pelous.
USAP finalment endavant !
Ce fut une belle finale. Comme toujours, ou presque, même si les grincheux auront trouvé à redire sur le peu d'essais ou l'inexorable baisse de régime de l'ASM. La fête fut belle et l'ambiance à l'avenant. Et l'équipe de Perpignan fait un beau vainqueur. Emmenés par un Porical de gala, l'USAP n'a pas laissé passer sa chance, remportant le Brennus plus de cinquante ans après son dernier succès. Le titre de champion récompense un parcourt remarquable et une montée en puissance qui n'a laissé aucune chance à ses adversaires.
Le trèfle a l'Erin solide
2009 fut l'année de l'Irlande. Un grand Chelem dans le Tournoi, un titre en H Cup pour le Leinster et des joueurs au sommet de leur art : on citera Brian O'Driscoll ou Paul O'Connell, aussi remarquables avec leurs provinces qu'en sélection (que ce soit l'Irlande ou les Lions), mais tous leurs coéquipiers ont réalisé une saison presque parfaite. Et quand on voit le jeune Sexton pointer le bout de ses crampons à l'ouverture du XV du trèfle, on se dit que cela n'est pas fini...
Non, le Chardon n'est pas mort !
L'Ecosse est souvent présenté comme l'homme malade du rugby européen, qui n'arrête pas de mourir. Mais, comme toujours, les hommes des hautes terres ont prouvé à plusieurs reprises qu'il faudrait encore compter sur eux : les franchises écossaises font mieux que résister en HCup, et l'équipe nationale est parvenue à faire chuter l'Australie à Murrayfield, lors d'un test remporté de haute lutte en novembre dernier.
L'envol de Mermoz
On le savait talentueux mais on attendait qu'il confirme les espoirs placés en lui. Maxime Mermoz a pris son envol en 2009. Il a largement contribué à la magnifique saison de l'USAP. Au-delà, son talent lui a ouvert les portes du XV de France où il a pu faire apprécier son sens du jeu et sa solidité. On espère que 2010 sera encore plus aboutie pour lui.
Dusautoir, capitaine au long court ?
Après un capitanat provisoire et magnifiquement assumé lors de la tournée d'été, Thierry Dusautoir a été intronisé officiellement avant les tests de l'automne dernier. Le flanker toulousain a réussi à s'imposer naturellement dans ces fonctions délicates. On lui souhaitera peut-être de s'affirmer un peu plus dans ses relations au corps arbitral. En tout cas, la décision de Marc Lièvremont de lui confier les clés du camion bleu est sans doute la moins contestable qu'il ait pu prendre. Si Thierry Dusautoir poursuit sur sa lancée, nul doute qu'il conduira les bleus à la conquête du Monde en 2011...
Le rugby de retour aux JO
On attendait la décision, elle est arrivée : près de 100 ans après avoir quitté le giron olympique, le rugby y fera son retour en 2016. Même si ce come-back se fera sous la forme du jeu à VII, et si cela peut constituer assez paradoxalement un risque de remise en cause du jeu à XV à plus long terme (on y reviendra...), il y a quelque chose de réjouissant à voir le rugby invité à la plus grande fête sportive mondiale. En espérant que la FFR fera quelque chose pour que le VII tricolore y fasse autre chose que de la figuration.
Cardiff / Leicester, sommet ovale
Alors que Leicester menait de 14 points à dix minutes du coup de sifflet final, les Blues de Cardiff ont opéré un retour inespéré, égalisant à 26 partout au terme du temps réglementaire. Lors de la prolongation, haletante, où le sort de la rencontre aurait pu basculer dans un sens comme dans l'autre, les deux équipes ne sont pas parvenues à se départager. Il a fallu s'en remettre à une incroyable épreuve de tirs aux buts, conclue victorieusement par le troisième ligne anglais Jordan Crane, après que l'expérimenté et emblématique capitaine des Blues, Martyn Williams, eut raté son coup de pied. Un match vraiment hors norme qui consacre, s'il en était besoin, la H Cup comme compétition majeure du rugby mondial.
Le retour des derbys parisiens
Les derbys sont aux rugby ce que le sel est à la cuisine : on peut s'en passer, mais c'est tout de suite plus fade. En 2009, le goût du Top14 est un peu plus relevé grâce au retour dans l'élite d'un monument du rugby français : le racing métro 92. L'héritier du RCF a remporté haut la main le championnat de Prod2 2008/2009, retrouvant le droit de croiser le fer avec son frère ennemi du Stade Français. Le recrutement du président Lorenzetti a permis à l'un des doyens du rugby tricolore de se mêler aux premiers rôles dès la première saison dans l'élite. En attendant, qui sait, un derby au Stade de France ?
La JIFF, une mesure qui peut faire la différence
La Ligue nationale de rugby a sans doute pris l'une de ses meilleures décisions depuis longtemps. Même si cela fait tousser certains dirigeants dont le recrutement se fait surtout à l'international et qui ont peur d'être obligés de former des joueurs plutôt que de les acheter pas chers, la décision de la LNR d'obliger les clubs professionnels à compter dans leurs rangs un pourcentage de joueurs issus de filières de formations française (JIFF) est de nature à préserver la qualité du rugby tricolore et à assurer des débouchés aux jeunes les plus talentueux. A partir de la saison 2012/2013, 60% des effectifs professionnels devront être des "JIFF". N'en déplaise aux accrocs aux filières sud-africaines ou des îles du Pacifique...
Le Japon, enfin !
Cela commençait à faire désordre, cette manie de constamment confier l'organisation de la Coupe du Monde aux mêmes "grandes nations". L'IRB a enfin décidé d'ouvrir le club à une nation importante de ce sport, le Japon. Importante pour l'avenir du rugby mondial, qui doit absolument continuer à se développer vers l'est pour devenir vraiment une discipline planétaire et pas uniquement un passe-temps pour anglo-saxons ouvert à quelques pays hors du commonwealth...
D'où reviens-tu, Jonny ?
Un coup de maître, que celui réalisé par Mourad Boudjellal, avec le recrutement de Jonny Wilkinson. Le demi d'ouverture Anglais a retrouvé à Toulon une santé et une efficacité qu'on pensait définitivement rangées au rayon des souvenirs. Le numéro 10 du RCT est d'ailleurs redevenu celui du XV d'Angleterre. En attendant un mano a mano avec le jeune Danny Cipriani, qui revient de blessure, Jonny régale les supporters de la Rade avec sa science du jeu et sa réussite au pied.
Le Top14 des promesses
Une affluence en hausse, un championnat indécis, des phases finales qui s'annoncent très intéressantes, avec six équipes et non plus quatre en position de remporter le Brennus, le Top14 2009/2010 affiche de belles promesses. Et ce malgré l'éternel débat sur le calendrier qui génère des doublons et des rencontres en milieu de semaines. On aimerait que tout soit parfait. Cela n'est évidemment pas le cas. Mais ne boudons pas le plaisir que nous avons éprouvé à suivre la première partie du championnat. Et souhaitons que 2010 confirme ce sentiment.