Les méthodes de l'Arche de Zoé ne cessent de surprendre

Publié le 04 novembre 2007 par Fanette

Cette dramatique histoire déffraie la chronique et je me suis bien marrée à écouter France Inter et les Grandes gueules sur RTL à ce sujet pendant ces vacances ;-)
No comment.

Vu et lu sur La Croix.fr

Les révélations sur les dessous de l'opération sèment le trouble y compris chez des familles françaises qui ont porté ou vont porter plainte

Les responsables de l’association l’Arche de Zoé ont-ils sciemment trompé des familles tchadiennes pour leur soustraire leurs enfants et dans quel but ont-ils essayé de les faire venir en France ? Telles sont les deux principales interrogations au cœur d’une affaire dont les zones d’ombre s’épaississent de jour en jour.

La chaîne de télévision M6 devait diffuser samedi 3 novembre au soir un reportage du journaliste de l’agence Capa, Marc Garmirian, qui vient d’être libéré, sur les préparatifs de cette opération. Selon le président de l’agence Capa, les séquences montrent que l’illégalité de l’opération était « parfaitement assumée » par les membres de l’Arche de Zoé.

Ce document confirmerait ainsi les propos que le premier ministre François Fillon tenait dès le début de la semaine dernière à l’Assemblée nationale. « Les autorités françaises sur place et, semble-t-il, les autorités tchadiennes, ont été abusées par une association qui s’est dissimulée sous une fausse identité », expliquait le chef du gouvernement français.

Mais, plus troublant encore, il semble que les militants associatifs aient également trompé les familles tchadiennes. D’après les premiers éléments d’une enquête menée sur place par trois organismes internationaux dont le Comité international de la Croix-Rouge, 91 enfants sur les 103 « orphelins du Darfour » que l’Arche de Zoé voulait emmener en France ont « au moins une personne adulte qu’ils considèrent comme un parent ».

Fillon charge Kouchner et Morin d'une enquête

La majorité de ces enfants vivaient dans des villages tchadiens proches de la frontière soudanaise. Selon de premiers témoignages recueillis par la presse, les familles de ces villages auraient accepté de confier ces enfants dans le cadre d’un programme éducatif qui devait être conduit sur le territoire tchadien par l’association.

Samedi, François Fillon a chargé les ministres des affaires étrangères Bernard Kouchner et de la défense, Hervé Morin, d’enquêter sur les circonstances qui ont permis à l’Arche de Zoé de dissimuler « son identité et ses agissements » aux personnels de l’État, notamment ceux de l’ambassade de France au Tchad. Le lendemain, le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a pour sa part demandé une « mission d’information » parlementaire pour faire la lumière sur ce dossier.

La succession de ces révélations a provoqué des réactions très contrastées au sein des familles proches de l’association en France. Il y a d’abord ceux qui refusent d’accabler les responsables et continuent de leur manifester leur soutien. Ainsi, en Lorraine, huit familles ont improvisé un collectif de soutien.

Un couple des Pyrénées-Orientales a porté plainte

« L’Arche, ce sont des pompiers, des médecins, des psychologues : nous n’avons pas la moindre interrogation sur leur intégrité », affirment ces familles dans un entretien publié hier par L’Est républicain. Dans un esprit plus prosaïque, 500 à 600 habitants de Castellane (Alpes-de-Haute-Provence) sont descendus dans les rues du village, samedi 3 novembre, pour réclamer le retour de leur médecin, Philippe Van Winkelberg, qui fait partie des six militants de l’association encore détenus au Tchad.

En sens inverse, d’autres voix se font entendre pour dénoncer l’opération. Un couple des Pyrénées-Orientales a porté plainte pour escroquerie contre l’Arche de Zoé. Le parquet de Perpignan a transmis le dossier au parquet de Paris qui centralise toutes les plaintes relatives à cette affaire. Le couple qui a souhaité conserver l’anonymat aurait versé 2 400 € à l’association pour accueillir un enfant avant d’apprendre qu’il n’avait finalement pas été retenu.

En Loire-Atlantique, un autre couple qui s’apprêtait à accueillir un enfant affirme avoir reçu des menaces s’il parlait à la presse et envisage à son tour de porter plainte pour abus de confiance. Dans les deux cas, les familles expliquent avoir été convaincues, dans un premier temps, par le projet de l’association. Puis elles ont éprouvé des doutes en se rendant à des réunions qui prenaient la forme de « meetings », au cours desquelles s’affirmait le charisme du président de l’association, Éric Breteau.

Bernard GORCE
Dessin d'ERBY