Chers amis, pour célébrer dignement les fêtes de fin d’année, j’ai décidé d’aborder aujourd’hui un sujet léger, guilleret et original : les conséquences philosophiques de l’utilisation de l’arme nucléaire à Hiroshima.
Le 6 août 1945 n’a pas été perçu comme un évènement marquant par les contemporains. Sinon, les gens ont accueilli avec soulagement une nouvelle qui annonçait une victoire définitive. L’utilisation d’une arme nucléaire sur des population civile n’a pas vraiment bouleversé l’opinion publique. D’une part, les gens ignoraient totalement les conséquences réelles de cette arme de destruction. D’autre part, les souffrances infligées à la population japonaise (ou allemande) était perçue comme une vengeance légitime. La haine est fille de la guerre. J’ai demandé à ma grand-mère comment elle avait ressenti ce bouleversement des paradigmes philosophico-politiques, elle m’a répondu qu’elle s’en foutait comme de l’an 40. (Sachant qu’elle avait 11 ans en 1940, cela voulait dire qu’elle s’en foutait…)
Les pilotes d’avion américains qui ont participé au lancement des deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki ont été accueilli comme des héros à leur retour aux États-Unis. Pour la plus part, ils ont bien accepté ces honneurs avec le sentiment du devoir accompli. Un homme parmi eux a développé un sentiment de culpabilité : Caude Eatherly. C’était le pilote de l’avion de reconnaissance qui a confirmé les conditions météorologiques avant le largage. Quand il a pris conscience des conséquences énormes de ce geste, son équilibre psychologique en a été ébranlé. il s’est lancé dans une série de braquage d’où il repartait sans argent avant de recevoir une punition symbolique de la société. Il a ensuite été interné dans un hôpital militaire. C’est pendant cette période qu’il a commencé une correspondance avec Günther Anders, philosphe et essayiste, élève d’Husserl et époux d’Hannah Arendt. La publication de leurs entretiens donne une matière à réflexion sur les conséquences pour l’humanité de déclencher un holocauste atomique.
En ce début de siècle, la menace nucléaire n’a sans doute jamais été aussi présente. Le relatif statu quo qui existait entre l’URSS et les États-Unis a volé en éclat avec l’apparition de nouvelles puissances nucléaires : l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord, officieusement Israël et peut-être l’Iran dans les mois ou les années à venir. Pour autant, personnellement, je ne redoute pas vraiment une guerre nucléaire. Bien souvent la perspective la terreur nucléaire a tendance à pousser au dialogue des gens qui auraient été assez enclin à recourir à la force. Le développement de l’arme atomique par l’Inde et le Pakistan a conduit à une certaine reprise du dialogue. La Corée du Nord et l’Iran utilise également la question nucléaire comme un enjeu de négociation ou une garantie de sa sécurité. Les derniers arrivés dans le “club nucléaire” sont assez préoccupant car ces pays et parfois leurs dirigeants ne sont pas très stables. Pour autant, ils ne font peser qu’une menace régionale, car aucun d’eux ne possède des moyens d’action à longue portée et le nombre d’ogives actives qu’ils possèdent et assez limité. (Environ 50 têtes nucléaires pour l’Inde et le Pakistan, moins d’une dizaine pour la Corée du Nord). (Source).
Plus que l’arme nucléaire, plus de 60 ans après Hiroshima, je pense que nous nous dirigeons vers un holocauste plus lent, plus insidieux, à travers la destruction de notre environnement et des conditions de vie. La pollution tue chaque année bien plus que les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki. Elle le font en revanche de manière plus diffuse et les causes sont bien plus dures à identifier et à corriger.
Pour en savoir plus sur les entretiens entre Claude Eatherly et Günther Anders, vous pouvez suivre ce lien. Si vous voulez en savoir moins, voici une vidéo synthétique et parfaitement inutile pour réfléchir aux conséquences vestimentaires de l’utilisation des armes nucléaires.