Le Monde n'est jamais le dernier pour donner des leçons de morale et de rigueur à la terre entière. Aussi, quand on y lit ceci : "l'immigration, qui affecte
gravement les équilibres économiques, sociaux et identitaires de notre pays", sous la plume de Marine le Pen, à qui une longue tribune est offerte le 21 décembre dernier, on est en droit
d'être indigné.
Certes, la tribune est modérée et polie, et en dehors de ce rappel des positions de fond du FN (tous nos maux viennent de l'immigration), on est bien en peine de trouver une idée choquante. La dame
y défend l'égalité républicaine et la méritocratie, comme n'importe quel élu républicain pourrait le faire.
Le Monde n'entoure cependant cette tribune d'aucune précaution, personne n'y répond point par point. Personne notamment pour défendre l'idée que l'immigration ne ruine pas la France. L'idée général
de Marine est validée par le Monde. Le journal participe ainsi de l'entreprise de recentrage du Front National impulsée par Marine le Pen.
Le Monde contribue ainsi à préparer des politiques dures envers les immigrés, bouc-émissaires faciles de tous nos abandons. Si rien ne marche, c'est la faute aux immigrés. Voilà le message que font
passer, en cette fin d'année, Eric Besson, Marine le Pen et la rédaction du journal le Monde.
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Je n'ai pas de mots assez polis pour dire le mépris infini que j'éprouve envers la rédaction de ce journal, à tout le moins envers ceux qui ont décidé de passer ce papier.
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Pourquoi le Monde se fait-il ainsi complice de futures lois scélérates qui seront prises pour désigner l'immigré comme la source de nos malheurs ? Mon idée est
qu'avant la crise, l'explication de nos maux économiques, et principalement du chômage, pouvait venir d'une insuffisante allégeance à la modernité économique. Ladite modernité économique ayant
récemment montré ses limites, il faudrait désigner maintenant le réel coupable des difficultés européennes : l'Union européenne elle-même, ce carcan inutile qui nous asservit à un libre-échangisme
stupide.
Le Monde préfère sacrifier quelques basanés plutôt que d'exercer un point de vue critique sur cet idéal de cathos de gauche bien pensants qu'est l'Europe. Il préfère donc s'allier à un FN recentré
plutôt qu'à un pôle front de gauche par exemple.
Où l'on voit que qui veut faire l'ange fait la bête, assez rapidement. Les défenseurs de l'Europe qui-nous-a-donné-la-paix vont bientôt sortir le gros bâton pour purifier notre si bel espace
vital.