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138ème semaine de Sarkofrance : Le Noël épineux de Sarkozy

Publié le 26 décembre 2009 par Juan

138ème semaine de Sarkofrance : Le Noël épineux de Sarkozy
Nicolas Sarkozy s'est envolé pour Marrakech avec Carla. Cette dernière semaine, la 138ème depuis son élection, a été agitée. Il fallait gérer la déception de Copenhague, l'incompétence d'Eric Besson, une polémique sur la Burqa et des candidats régionaux UMP démoralisés...
L'échec de Copenhague
Samedi dernier, Nicolas Sarkozy est rentré bredouille à Paris. Le sommet de Copenhague, dans lequel il avait placé tant d'espoirs personnels fut un fiasco. La "mesquinerie des Etats occidentaux" fut manifeste. On attendait un accord contraignant, fixant des objectifs, des engagements, et une aide financière pour les pays les plus pauvres. On hérita d'un accord "politique" minimaliste qui reconnaissait les dangers du réchauffement climatique, mais sans fixer de moyens ni de calendrier d'actions. Pire, les Etats européens furent totalement écartés de sa rédaction dans les dernières heures du sommet. Sarkozy, si aggressif, si offensif, fut grillé par Barack Obama dans la dernière ligne droite.
De l'Elysée à l'UMP, on a essayé de convaincre les médias français que c'était la faute à l'Europe et à l'ONU. Pourtant, la réalité est tout autre. Nicolas Sarkozy a joué sa carte personnelle, court-circuitant l'Union Européenne au profit de la position française. Le monarque a besoin de se placer en permanence au premier rang. Son narcissisme est son problème. Il fait échouer ses initiatives internationales, brusque ses partenaires, ruine les démarches multilatérales. Relisez donc ce commentaire de l'envoyé spécial du Monde à Pékin, qui suivait le déplacement de François Fillon en Chine: "nul doute que pour les Chinois, la personnalité de ce dernier "passe" mieux que celle de M. Sarkozy, dont le caractère imprévisible, prompt à la familiarité, lui a valu la méfiance durable des maîtres de la Chine." Imprévisible et familier, voici l'image que Nicolas Sarkozy traine jusqu'en Chine !
Mardi, Nicolas Sarkozy a tenté de reprendre la main. Il a promis à des ONG environnementales qu'il organiserait fin janvier un sommet sur la déforestation, puis qu'il créerait un "groupe Copenhague" rassemblant les 28 Etats signataires de l'accord, exception faite de la Chine et de l'Arabie Saoudite. Qui l'entendra ?
Les silences français en Chine
Le premier ministre a clos l'année par un déplacement remarqué, mais express, en Chine. Depuis son élection en 2007, Nicolas Sarkozy avait largement oeuvré au rapprochement avec la Chine, au risque de passer sous silence les exactions du régime en matière de droits de l'homme. La venue du Daïla Lama en France, fin juillet 2008, avait été l'occasion de frictions avec la Chine, sur fonds de malentendus. Sarkozy fut l'un des rares chefs d'Etat européens à se rendre à l'inauguration honteuse des Jeux Olympiques de Pékin, le 8 août 2008. Mais les dirigeants chinois lui en voulaient toujours d'avoir tenté de ménager la chèvre et le chou. Depuis, la Sarkofrance n'a pas ménagé ses efforts d'apaisement. La Chine est le premier pays du monde, un vaste marché pour les enreprises françaises et, surtout, le premier créancier des Etats occidentaux surendettés. En octobre dernier, l'UMP signait un protocole d'accord avec le Parti Communiste Chinois. Xavier Bertrand faisait mine d'oublier quelques instants les droits de l'homme. Fillon est venu cette semaine parachever la réconciliation. En Sarkofrance, le commerce définit l'amitié, et François Fillon a bien "vendu": sur place, il a officialisé la création d'une coentreprise créée par EDF et le chinois CGNPC pour construire et exploiter deux réacteurs nucléaires de technologie EPR à Taishan. Les deux seuls EPR en construction (en France et en Finlande), sont deux gouffres financiers, dont la sécurité a été critiquée par les autorités de sureté nucléaire française et finlandaise. Qu'importe ! Fillon veut aider la Chine à "décarboner son économie".
A peine le premier ministre français était reparti que Liu Xiaobo, un intellectuel chinois et opposant au régime, pouvait être jugé ce mercredi 23 décembre. Il encourt quinze ans de prison pour "subversion du pouvoir de l'Etat". Son crime ? Avoir signé une charte réclamant le respect des droits fondamentaux. Fillon n'a pas abordé son cas, lors de son déplacement. Qu'en pense Xavier Bertrand ?
L'épineux débat identitaire
Après l'environnement, le débat identitaire fut la seconde plaie à panser. Eric Besson avait confié, à demi-mot, ses blessures devant les attaques "ad nominem" dont il a fait l'objet. A force de défier en permanence ses anciens "camarades" et de s'afficher comme le plus sarkozyste des ministres de Sarkofrance, le ministre de l'identité nationale est devenu, en quelques mois, l'icône la plus détestée du régime. Depuis septembre, Eric Besson a multiplié les provocations: salves contre les "mariages gris", expulsions controversées d'Afghans sans-papiers vers leur pays en guerre, déclarations douteuses sur sa "hiérarchie des appartenances", et, last but not least, organisation d'un débat qui tourne au cauchemar pour la majorité présidentielle. Ces derniers jours, les socialistes Cambadélis et Huchon ont tour à tour comparé Besson aux collabos Pierre Laval et Marcel Déat. Qu'il est dur d'être provocateur ! Pire, le Monde révélait cette semaine que le pauvre ministre n'est qu'un "faux dur": plus de 20 000 sans-papiers ont été régularisés cette année. Cruelle déception ! Eric Besson ne serait-il qu'un tartuffe maladroit et inefficace ?
En milieu de semaine, les esprits se sont encore échauffés: une secrétaire d'Etat s'est affrontée à un député UMP, et Jean-François Copé a profité du débat identitaire pour promettre une loi contre la Burqa. Mercredi 23 décembre, Nicolas Sarkozy a voulu, une "nouvelle fois", recadrer le débat. Sa tribune dans le quotidien Le Monde, il y a 15 jours, n'a pas suffit. Mercredi, le président a reçu le Conseil du Culte Musulman, pour rassurer la communauté musulmane, heurtée par un débat qui vire à l'islamophobie. Sarkozy a demandé à son ministre de faire preuve de davantage de "pédagogie".
Diversions contre diversions
A peine de retour à Paris, Nicolas Sarkozy s'est saisi d'un sujet comme il les affectionne : les difficultés techniques de l'Eurostar, dont quelques trains ont été bloqués puis annulés pour cause de "rupture de température". Depuis 15 jours, les franciliens souffrent d'un mouvement de grève du RER A, l'une des lignes les plus fréquentées d'Europe... mais le Monarque préfère convoquer le patron de la SNCF à l'Elysée pour le tancer sur les pannes d'Eurostar... Cette indignation "bling bling" et médiatisée permet au gouvernement de faire oublier l'un de ses premiers échecs: le controversé "service minimum" n'existe qu'à l'Elysée. Sarkozy excelle dans le rôle du maître d'école et donneur de leçon. Il se murmure qu'il a ainsi sur-réagi car son ami Dominique Baudis s'est retrouvé coincé dans l'un des Eurostars en panne dans le tunnel sous la Manche.
Sarkozy a assumé son rôle de monarque "proche du peuple" jusqu'au bout de la semaine : un coup de fil à Clotilde Reiss, une visite, avec Carla, d'un hôpital d'enfants malades, des voeux sur Facebook, une décoration des 4 conducteurs du RER C qui dérailla dimanche soir, et une vaccination médiatisée contre la grippe A. A peine 7% de la population a été (tardivement) vaccinée. Le gouvernement a encore quelques 89 millions de doses à écouler d'ici quelques mois.
Le Monarque souhaitait peut-être oublier la constitution prochaine d'une commission d’enquête parlementaire sur les dépenses de sondages engagées par le gouvernement. Il y a 10 jours déjà, le Parisien relevait qu'en 2009, "plus de 7,5 millions d’euros d’argent public ont été déboursés pour valoriser la seule image de Sarkozy." Pourquoi ces dépenses ont elles été payées sur fonds publics ?
Le moral en berne de l'UMP
Autre confusion des genres, mardi 22 décembre. Nicolas Sarkozy recevait les têtes de liste de l'UMP à l'Elysée, pour un cocktail déjeunatoire aux frais des contribuables. Il leur a demandé d'assumer le bilan national du gouvernement, notamment en matière de lutte contre la crise. Il a aussi élargi les thèmes de campagne à « l'emploi, la sécurité dans les transports, la vidéoprotection, la réforme territoriale ».
Certains candidats UMP aimeraient que le Monarque ne se mêle pas trop de leur campagne. "On ne m'enfermera pas" a-t-il répondu. A l'issue de cette réunion, un ministre-candidat a confié qu'il préférerait que Sarkozy reste discret. Il craint "le mauvais buzz". Il faut dire que le bilan du gouvernement est difficile à défendre. La France serait-elle mieux lotie que ses voisins européens ? Pas vraiment, elle a moins de marges de manoeuvres budgétaires, et davantage endettée, et son chômage dépasse la moyenne de la zone euro. Jeudi, le gouvernement a d'ailleurs discrètement annoncé, à quelques heures du réveillon, que le chômage n'avait que "faiblement" augmenté en novembre. C'est le seizième mois consécutif de hausse pour la catégorie A, celle des demandeurs sans aucun emploi. Surtout, le chômage de longue durée continue de grimper...
En matière de lutte contre l'insécurité, les candidats UMP devront parler de "video-protection", un sujet qui rassurera leur socle électoral. Faute de policiers, Sarko veut déployer des caméras. La réduction - idéologique - du nombre de fonctionnaires frappe aussi les effectifs de police et de gendarmerie. Brice Hortefeux a beau dénoncer les braquages à répétition cette semaine dans le Val de Marne, il a dû mal à masquer la réalité : les fameuses "UTEQ" (Unités Territoriales de Quartier) ne seront que 35, au lieu des 100 annoncées en grande pompe il y a 18 mois à peine.
Pour cette fin d'année, Nicolas et Carla se reposent donc au Maroc, invités par le roi Mohamed VI. Le Monarque français a de la chance. Pour chacune de ses vacances, il se déniche une destination prestigieuse... et gratuite. Les Français se consoleront sans lui. Le SMIC augmentera de 0,5% le 1er janvier prochain, soit 6 euros bruts par mois, "un gain net de pouvoir d'achat de + 1,3 %" précise, sans rire, le ministère du travail.
"Ensemble, tout est possible".


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