Impénitent looser, obsédé par la mort de Kennedy, sur laquelle il entretient les théories les plus invérifiables, il n’habite pas seul avec maman dans un très vieil appartement, mais loge dans une mansarde ridiculement petite, avec un matelas posé à même le sol et un bureau pour faire sérieux. Et comme le titre reprend les premières armes du bonhomme, les années 80 au charme politique complètement désuet lui confère un capital sympathie plus vaste encore.
Jack Palmer, il n’inventerait pas l’eau froide, même devant une source naturelle. Et pourtant, quelle vivacité d’esprit, quelle lucidité sur la société… à croire que c’est son créateur, Petillon, qui promène sur elle un miroir qui la déforme au point qu’elle nous apparaisse telle qu’elle est et non telle que l’on voudrait qu’elle soit. (merci à Oscar Wilde et Stendhal de m’avoir inspiré cette phrase…). Jack, il enquête sur tout, filatures, adultères, recels de tableaux de maîtres, cellule de renseignements personnelle, vol d’héritage, ou bien pire encore…
Sur 158 pages, traversant les âges et les époques, avec un trait de dessin qui montre combien le personnage a évolué, les bévues s’enchaînent, comme l’on aimerait l’enchaîner lui à son radiateur, pour l’empêcher de se nuire. Doté d’une voisine corse comme ses saucisses et son maquis, Jack Palmer, également bourreau des cœurs à ses heures perdues, est autant un esprit frappeur qui fait mouche qu’une punaise qui dérange, sur les fesses de miss Monde.
C’est aussi ce qui fait les grands auteurs : on les relit avec parfois vingt ans de recul, sans même attendre leur mort, et voilà qu’ils n’ont rien perdu de leur actualité – ou alors que notre société n’a pas changé tant que cela, ce qu’il ne faudrait pas exclure trop hâtivement. Du pain béni pour les amateurs et autres connaisseurs, un régal pour les curieux et les autres.
Jack, on t’aime, change rien. Surtout pas le chapeau !
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