Un rêve s’est réalisé : après des années à rigoler sur le sujet, j’ai enfin mis un pied rue des rosiers à Paris. Alors avant de se jeter dans le vif du sujet re-situons : dimanche après midi, lendemain de cuite, mon pote me sort : « ça te dit d’aller dans un foutraque de salon de thé trop hype, on raque nada, j’ai des potes qui bossent là-bas ! ». Moi, bouffe gratuite rime avec érection, j’opine du chef et nous voila parti en ce dernier week-end du mois d’août à essayer de trouver une place en plein Paris. Amateurs d’aventures, la suite est faite pour vous (par Quentin H. Charnolé).
-« Putain, le monde… il marche ton Blackberry ? y’a moyen de trouver une place ? Ou au moins la bonne rue ? C’est pas loin de Rivoli mais après là… on est paumés putain ! »
-« Pfff, attends ! Continue… Prends à droite là…. Mate ! P***** le cul… C’est pas loin du Marais ton truc m’alors la meuf… !
-« Non non gros con, on est en plein quartier feuj’ ! C’est la rue de rosiers là-bas ! »
-« On vide le cendrier par terre ? »
-« prrrffff… t’es con ! Trouve une place plutôt ! »
Après une demi-heure de blabla et de reluquage, on trouve un place pour la « 2-5 » du poto. Loin de notre destination, on marche et on se perd entre les (au choix) : rues, appareils photos, couples gays qui reluquent, femmes sémites brunes qui te matent pas mais toi vachement beaucoup et les boules de glaces qui tombent par terre parce que oui, Paris, c’est touristique !
« Tiens c’est là » lâche mon guide amateur. Impressionnés par la devanture, on rentre dans un salon de thé au doux nom de Mariage Frères ! (dans ma tête, j’imaginais un truc en rapport avec le mariage, mais non…). En fait, c’est le palais de la touriste bobo diététisée cet endroit. C’est le seul magasin où on peut déguster du liquide avant de l’acheter et où on ne sert pas de saucisson avec. Après avoir imaginé la scène dans ma tête, je me résout à abandonner : impossible de trouver un sauciflard (même avec de l’âne dedans !) dans une rue où il est inscrit sur les devantures : « Rosenberg : Charcuterie kocher ». (d’où l’expression, un porte « cochère », une porte qui ne s’ouvre pas le vendredi !!!)
Pour ceux qui suivent, on était dans un salon de thé hyper hype.
Dans le hall, une file d’attente. Je réalise que je fais parti des gens qui attendent pour boire un bol d’urine, et que ces même gens m’insultent copieusement lorsque mes amis et moi s’enivrons à la mauvaise bière. Chacun son vice, pour moi la koenigs, pour eux, les herbes orientales marinées dans de la flotte tiède. Mon pote, infiltré dans la place, fait un petit signe à ses potes. Les gars sont en costumes blancs, bossent et ne rigolent pas : le boss compte chaque pétale dans les bols, il ne s’agit pas de perdre le moindre centime, c’est la crise ! Pour l’anecdote, je tiens d’une source sûre que les salons de thé parisiens sont une filière de la mafia gay pour recycler le trop plein de gazon coupé durant l’entretien des espaces verts de la mairie de Paris.
Après une demi heure d’attente au milieu de vieilles aux sacs chanelisés, on passe à table. Mon pote trépigne : pourvu qu’on raque pas ! J’atterris une seconde, le earl-grey lidl est à vendre au comptoir pour 16 euros le mug (pardon, tasse !). Drame, palpitation, le poto de mon pote nous fais signe et rassure ma CB : c’est free pour vous, mais scred et pas d’abus !
C’est donc cool, je réveille mon touriste de copain qui bavait devant les boites de thé sur les étagères. Scène dramatique et difficilement soutenable, je lisais dans ses yeux l’envie, le lucre et l’addiction. En effet, amateur d’herbes orientales non marinées, mon pote était persuadé que vu le prix, y’aurait bien une des boites qui seraient aromatisées saveur weed !
Après 3 minute d’attentes (où j’ai pris bien soin de décroter mes springcourts cradoques avec la nappe blanche), on nous sert un tasse de flotte senteur Pampryl, j’apprends le sourcil levé (en vrai c’est les deux, j’arrive pas que un !) que c’est un « extrait d’essence de Pondichéry, relevé à la pêche de l’himalaya sur fond de cendre éternelle des feuilles de thés des alpes ». On se gargarise le gosier avec l’eau-de-mort à 60 degrées (Celsius, malheureusement) en se baffrant d’une pâtisserie à 14 euros la part. C’est hyper bon, je n’en redemande pas parce que Maman a fait son boulot quand j’étais petit, mon pote a la larme à l’œil, il savoure un instant de pute (pur) bonheur en reluquant les seins d’une quadra (MILF pour les youporneurs) accompagnée de ses nièces !
Je réveille (encore) mon poto, il faut qu’on se tire vu les regards affolés du personnel de service. Traduction automatique : « Qui m’a laissé rentrer ses deux zozos, il me font chuter le ratio ! ». En vérité, on faisait tâche ! Clairement HS, on était avachis sur nos fauteuils Louis XVI en reniflant notre rhume chopé hier en se baladant ivre sur les quais de Seine.
On se casse fissa en serrant deux trois pognes, mamy (qui accompagne ses petits enfants en pantacourts) peut laisser trainer son iPhone, personne ne le lui volera désormais. Saoulé de l’histoire, mon pote excite mes instincts de junk-fooder : « Je te paye un Chat-Ouarma ! »
« Un quoi ? », « Shawarma négro, c’est feuj, hyper bon et pi gratuit vu que je le raque ! »
Deuxième érection de l’après midi, ça ne pouvait que bien finir !
Nous voila donc rue des Rosiers (qui, lorsque je serais président s’appellera « Rue des Géraniums et des non-bancs », parce que pour vous, c’est peut être évident, mais à feuj-land-Paris (Arret Louvre-Rivoli), y’a pas de rosiers mais que des géraniums, et puis surtout pas de quoi s’asseoir !).
J’exulte, je suis content, je voulais y venir depuis un bout de temps parce que j’aime connaître des choses et tout et tout.
On marche peinard, mon pote me décrit le bonheur du Shawarma avec du bœuf etc…et là, un jeune homme au teint halé (oui bon vous avez compris) nous hèle :
« bagueulefalafelchaouarmapaninifritesurplaceouàemporterchef ! »
On fonce devant l’échoppe cachère sans entrer par la porte (cochère de surcroît). Ici, tout se passe dans la rue sans-banc mais avec une kipa !
Mon pote commande l’objet tant vanté, mon estomac rempli d’eau non-sucrée (dans un truc luxe, le sucre dans le thé c’est comme le sperme dans les gencives : im-po-ssible !) exulte de joie.
« …ouais…ouais… mais sans le truc rouge là non ! ouais ça je veux, complet quoi, sans choux rouge ! Merci chef ». Le poto raque et on attaque ce qui ressemble à un grec avec de l’aubergine.
Pendant de très nombreuses années je respectais les gens qui se brossaient les dents chaque jour de manière consciencieuse : désormais, ils entrent dans la catégorie des tocards ! Un ingrédient secret que seul une diaspora aussi intense a pu mettre au point accompagne ce chat-ouarma : il s’agit de la tomate concassée marinée dans de l’acide de batterie coupée au bris de verre parce que ça fait plus joli. Je pleure mes amygdales dès la première bouchée, ce truc arrache grave la gueule et en plus c’est chiant à manger parce que ça coule. La petite fourchette Anglaise (vu la dimension, ce ne peut être qu’Anglais) se brise et se ronge au contact de la sauce. Je pleure et toussote en public, pas un banc à l’horizon et j’ai les deux mains prises par le sandwich. Mon pote se marre, le fumier n’a plus de dents de toutes façons alors, perdre son sourire il s’en branle, moi vierge de cette culture gastronomique, je comprends enfin la dure signification des « passages à la cuisine » dans les prisons de Tel-Aviv. Franchement, je passe un sale quart d’heure.
Trépignant et maudissant Yahvé, j’esquisse un sourire en passant sous la fenêtre de la boulangerie ou Henri Guibet applaudissait la venue du rabbin De Funès escorté de prêt par Poppeck. Quelle journée ! Un salon de thé où on se fait enculer en souriant parce que ce thé permet au lamasserie Tibétaines d’imprimer des cartes postales sur papier glacé (alors qu’ils croulent sous la neige neuf mois sur dix) et une escapade dans le centre culturel de la communauté sémite parisienne où mon estomac, retourné de la veille, saborde les restes de mon ulcère en chantant sur des violons incendiaires allumés par une spécialité internationale que seul le bavarois irradié à la bière pourrait engloutir en haussant de ses épaules lardées des cuirs de ses bretelles ! Merci Salomon, je sais que tu fus un grand roi, mais moi, je reste à mon pain de mie/budweiser, je cultive trop ma leucémie pour me faire avoir par un cacher colo-rectal !