A la croisée des chenins

Par Maigremont

l'égide du cercle LPV Haute-Normandie, cette rencontre s'est déroulée chez l'ami Pierre. Le thème était fort simple : le Chenin, sous toutes versions (bulles, sec, 1/2 sec et moelleux). En avant toute, il y avait quelques bouteilles qui se profilaient...

Une mise en bouche afin que les derniers arrivent. Beaucoup de caillou dans ce vin à la minéralité affirmée. Je pars facilement (et je ne suis pas le seul) aux alentours de Sancerre. C'est nerveux à souhait, ça se boit très bien et au final, on est heureux de se trouver face à un Muscadet 2008 "la Totale" de Serge Batard.

On entre dans le vif du sujet : les vins sont souvent servis pas paire et accompagnés de bonnes petites choses à grignoter ;-)

1 Montlouis 2005 Méthode Traditionnelle « Perles Rares » Les Loges de la Folies : bulles bien calibrées sur un ensemble tendu et citronné. Jolie finale sur la frangipane, tout en finesse. Pas mal.
2 VDT de Loire "90C" Domaine Saurigny : le fumé l'emporte avec des notes d'amande et de poire (+) avec la sensation d'un vin qui fait la part belle aux nouvelles technologies ;-) Original, mais pas ma tasse de thé, sorry.

Quelques huitres entrent en jeu : Marc voulait tester l'accord avec le Chenin. Verdict plus tard...

3 Vouvray sec 2001 Domaine de Vodanis : vin sur le fumé et l'encens avec une dominante rocailleuse. Peut-être un brin austère, mais au final un magnifique breuvage ! 
4 Touraine Azay le Rideau "le Mobile" 2004 Guillaume Descroix : d'habitude ce vin se goûte quasi sec. Là, il apparaît sous une forme demi-sec !? Notes d'anis et d'herbes coupées, il laisse la bouche fraîche et propre. Assez bien. Aucunes nouvelles de Guillaume Descroix, qui semble avoir disparu de la circulation du monde du vin ? Si quelqu'un en possède, ça m'intéresse !

5 Anjou blanc 2006 "Haut de la Garde" Château Pierre Bise : boisé appuyé, lourd et déséquilibré sur l'alcool. Je n'aime pas du tout !
6 Savennières 2006 "La Croix Picot" Jo Pithon : tout l'inverse : de la personnalité, typé et iodé avec un fond boisé presque indécelable et une minéralisé sous-jacente. J'adore, comme beaucoup autour de la table d'ailleurs.
7 Anjou blanc 2005 "Haut de la Garde" Château Pierre Bise : d'accord, c'est jeune mais décidément, les jeunes "Pierre Bise" semblent marqués par le bois. On y distingue cependant quelques notes miellées et de fruits jaunes. Bof +
8 Anjou blanc 2005 "le Clos des Rouliers" Richard Leroy : il affirme un caractère minéral allié à des saveurs coing et de fruits blancs. Aérien comme pas deux, c'est certainement le vin le plus pur et le plus claquant depuis le début de la dégustation. Très bien et encore mieux dans les années à venir...

Arrivée en fanfare des saumons pochés... (Pierre)

9 Savennières 2005 "Roches aux Moines" Domaine aux Moines : servi seul, pour précéder les OVNI qui vont suivre, il fait la part belle aux agrumes et notamment au Riesling que j'aurai certainement cité si le thème de cette journée n'avait pas été "Chenin". Le vin est dans une phase de transition et semble se refermer. La matière est pourtant belle, doté d'une minéralité évidente : c'est un peu une habitude avec les Savennières. Bien

Résultat des courses concernant les accords avec les huitres : plutôt pas bon, certainement à cause du boisé. Pourtant, celui qui s'en sort le mieux est le Savennières de Jo Pithon.

Il fallait bien une blanquette de poule préparée par Vincent pour rassasier définitivement l'assemblée.

10 Coulée de Serrant 2001 Nicolas Joly VS 11 Coulée de Serrant 1995 Nicolas Joly : inutile que nous dire que avons passé beaucoup de temps sur ce duo, pendant la dégustation et surtout après, une fois le voile levé. Les deux robes sont splendides, proches de vieux Armagnacs avec un ton plus soutenu pour le 2001. 2001, que dire ?  Nez de sparadrap, huile de foie de morue, tilleul mélangé à du varech, bref rien de très joyeux. En bouche, c'est moins violent avec des notes de tilleul et de caramel, mais un côté fléchissant pas tout à fait stimulant. 1995, que dire ? Sur un tout autre équilibre car doté d'un sucre résiduel notable. Plus complexe et plus avenant surtout tantôt sur des notes de patine d'antiquaire, d'eau de vie (sans alcool !). Longue finale sur la noix de cajou. Bien. Maintenant si nous parlons du prix (autour de 50 €), pas un de ces millésimes ne les vaut, affaire de goût !
12 Saumur 2006 "Clos Brézé" Domaine Guiberteau : il devait être opposé à un un Saumur 2007 blanc l'Insolite de Thierry Germain (domaine des Roches Neuves) qui n'est finalement pas venu, c'est dommage. Du bel élevage, finement fumé, bouche à la texture élancée, fine et très pure, sur des notes de poivre blanc, de citron, de fleur et de nougat. L'équilibre est magnifique. Un vin tranchant, certes jeune, mais ô combien vibratoire ! Excellent et pour quelques années encore.

Nous changeons de registre, avec la dégustation des vins qui contiennent quelques grammes de sucre résiduel.

Insertion des fromages (comme d'hab, impeccable, merci Marie et Franck) et nous goûtons de nouveau les premiers vins

13 Montlouis 1/2 sec 2008 "Trait d'Union" Domaine Bertrand  et Lise Jousset : des similitudes avec un Jurançon, fruits jaunes (pêche, ananas) acidité tranchante avec une jolie finale saline. J'ai beaucoup aimé ce vin à l'allure franche et sincère. Bien +
14 Saumur 1/2 sec 2005 Domaine de la Paleine : assez discret, peu de caractère. En phase de fermeture ? A revoir
15 Anjou blanc 2005 "les Rogeries" domaine Richou : pâte de coing et cocktail de fruits exotique porté par une acidité mordante. Caractère longiligne et simple, mais agréable. Bien
16 Vouvray 2006 "le Clos" Vincent Careme : on sent au nez des notes de poivre blanc et une pointe d'acidité. La bouche est énergique, domptée par une matière riche, minérale et très plaisante. Un très beau vin.
Avec ces 2 derniers vins, nous venons de passer dans le monde des sucres. Pour les accompagner, un douillon au pommes
17 Vouvray moelleux 1997 "le Haut Lieu" Domaine Huet : gros débat sur la sensation qu'il s'agit d'un échantillon défectueux ou bien d'arômes naturels de vieillissement d'un Vouvray racé. Bouchon ou champignon ? Pour ma part, c'est bouchon. Avec le temps, le sucre s'est intégré et la sensation de celui-ci s'est estompée.
18 Vouvray moelleux 1997 Clos Naudin :très jolie robe, assez foncée. Notes simples sur l'abricot. Le vin manque d'amplitude et de charisme. Il paraît recroquevillé sur lui même.
Un match sur le papier qui pouvait faire rêver, mais qui au final n'a pas vraiment eu lieu : dommage !

19 Vouvray moelleux 2008 "Le Haut Lieu" Domaine Huet : sa jeunesse lui apporte beaucoup d'expression au nez avec des notes de caramel au beurre salé. En bouche, tout y est, dans une juste proportion : acidité, sucrosité, amertume, fruité, minéralité. Un très beau vin, dont les heureux propriétaires pourront se frotter les mains dans quelques années. Bravo
20 Vouvray moelleux 2002 "Clos du Bourg 1ère Trie" Domaine Huet : attention, y a du lourd dans le verre ! Le seul qui pourrait présenter des notes de botrytis avec des saveurs de pommes au four et une finale minérale et saline. Un jeunot qu'il est impératif d'attendre pour profiter de son potentiel assez impressionnant.
21 Coteaux de l'Aubance 2005 "Tradition" Domaine des Rochelles : qu'il est difficile de passer après toutes ces stars. Ce vin à l'ossature de fruits confits et à la richesse due à sa relative jeunesse mériterait d'être pris seul. Assez bien

22 Bonnezeaux 1990 du Château de Fesles : Rest In Peace my friend !

Au final, peu de vin s'en sortent avec les honneurs. Pas mal de millésimes récents, qui méritent qu'on leur accorde du temps. Les plus récents (2008) s'en sorte bien, encore facilement buvable.
Il faut aussi retenir que le Chenin ne s'accorde pas très bien avec les huitres, mais bien mieux avec le saumon poché et la blanquette de poule. Enfin, les pommes aiment le Chenin version susucre !

Mon petit pronostique qui vaut ce qu'il peut (dans l'ordre) : le Saumur Brézé 2006 de Guiberteau, le Haut-Lieu 2008 de Huet, le Vouvray 2006 de Vincent Careme, l'Anjou blanc 2005 de Richard Leroy et enfin le Montlouis 1/2 sec 2008 du Domaine Bertrand et Lise Jousset.

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