Le troisième millénaire serait-il celui du retour de la barbarie ?
Le troisième millénaire serait-il celui du retour de la barbarie ?
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’occident s’est efforcé de se tenir éloigné de tout conflit armé, privilégiant les solutions diplomatiques et négociées à l’usage d’une force dont les conséquences sont trop bien connues de nos aînés. Certes, il y eût les différentes guerres de décolonisation et les affrontements de la Guerre froide par Etats interposés, mais jamais une guerre d’invasion, ou dite « préventive » – quelle drôle d’expression ! – n’avait été menée depuis par une quelconque puissance se réclament du monde libre. Quel paradoxe, en réalité !
La démocratie est la voix du peuple. Elle ne peut s’imposer que par le consensus du plus grand nombre. C’est sa nature. Or que font les Etats-Unis ?
Nourri d’un mélange de patriotisme, de visées messianique et d’émotivité religieuse, cette grande puissance veut justement imposer la démocratie à un Etat souverain et, lui aussi, profondément religieux, qui n’a ni la maturité, ni la culture pour accueillir un tel régime.
D’ailleurs, considérant les conditions de la réélection du Président Georges W. Bush, peut-on encore réellement parler de Démocratie dans ce grand pays ?
Ce n’est pas la religiosité qui mène directement à la guerre, mais la religion mêlée à la sphère publique est le meilleur outil de rassemblement pour y mener une population. Dès lors, nous quittons le monde rationnel pour celui, bien plus chaotique et pulsionnel, des affects. C’est l’émergence de la « pulsion de mort » qui, transposée à grande échelle, nous mène à la guerre.
Cependant, cette composante naturelle de la nature humaine n’est pas une fatalité. Nous pouvons lui opposer la « pulsion de vie » qui, elle, se matérialise dans les créations et les échanges les plus divers :
littéraires, artistiques, philosophiques, commerciaux, etc. « S’affronter, c’est être front à front, c'est-à-dire intelligence à intelligence, et non force contre force » écrivait Albert Jacquard, dans son ouvrage Cinq milliards d’hommes dans un vaisseau.
Cette doctrine est à des années lumière du pacifisme. Car loin de refuser l’affrontement qui est naturel et nécessaire, elle le canalise et lui donne une forme aimable et civilisée. Face aux agressions, extérieures ou intérieures, surenchérir de violence ne mènera qu’à davantage de violence.
Tandis que le chemin de la paix passe toujours par celui des idées. La révolte est une nécessité, mais avant tout la révolte des intelligences, les pierres de l’esprit, l’Intifada des idées.
Pour éviter à tout prix que le troisième millénaire ne redevienne celui de la barbarie et des pulsions de mort, nourries de relents de religiosité moyenâgeuse, à nous, vieux Européens jaloux de nos libertés individuelles et de notre laïcité publique, d’encourager la révolte contre toute hégémonie quelle qu’elle soit, et contre tout concession sur les acquis de traditions centenaires et millénaires qui font ce que nous sommes aujourd’hui : des hommes libres de penser, de critiquer et de lancer les pierres de l’Intifada des idées au visage de ceux qui voudraient nous aliéner nos libertés.
Puissent nos descendants d’Amérique prendre le même chemin, et nos aïeux d’Orient nous imiter.
Sam Byhel
24 Décembre 2009 / Alterinfo